PÉPÉ MALIN

( L’intégrale )

Editions fluide Glacial

Dieu quel bel ouvrage, point d’exclamation !

Ah il est malin, Pépé ! ah il est malin, Hugot !

Hugot, c’est le papa de pépé, ce qui peut vous donner une idée de son âge, mais je vous arrête tout de suite : la valeur n’attend pas le nombre des ans. Car si c’était le cas, nous n’aurions pas à nous mettre sous la dent de nos yeux ce magnifique objet de culture, à la fois graphique et socialo-érotico-psycho-philosophique, pour le moins. Car Pépé a vécu des années, un bon paquet, et il a vécu tout au long, bien vécu. Une vie bien remplie. Ça arrive à tout le monde, je pense. Oui mais non. Je vous arrête une fois de plus et tout de suite. Tout le monde ne remplit pas sa vie de cette façon-là, cette manière-là, à la mode Pépé. Ne pas confondre avec la mode P.P., je vous r’arrête tout de suite. La Pépé touch, c’est unique. Personne ne remplit sa vie comme Pépé l’a remplie. Sa vie.

Son truc à lui ça a été de tripoter les filles. C’était gentil, pas invasif, ça ne faisait de mal à personne, même pas aux filles tripotées qui, leur candide naïveté en avant, ne demandaient au fond que cela. Pépé était, fut, sa vie durant un philanthrope du tripotage, un bienfaiteur humaniste, donc de l’humanité. Il tripota à main que veux-tu, depuis toujours. De sa puberté, je suppose, à son lit de grabataire. Hardi petit ! ( ce serait intéressant d’ailleurs qu’il nous pousse le souvenir de ses exploits dans le domaine de jeune homme, je ne dirai pas de garçon pour ne pas avoir d’ennuis avec la censure mal pensante : nous vivons une époque de soumission à tout, à la religion, à la bienséance, à la pudibonderie, mais je m’égare. Du Nord, évidemment.) Pépé est un véritable anarchiste individuel. Ce qui pour lui n’a qu’un sens, ou plutôt plusieurs : les siens propres. De nos jours, « au jour d’aujourd’hui » dirait le pléonasmatique pédant, il agirait dans un gymnase, sur un court de tennis, dans les vestiaires d’une équipe de foot féminin,, sur un plateau de télé ou de cinéma, dans un cabinet d’avocat, dans l’hémicycle de l’assemblée nationale, sur une étape du tour de France féminin, crac ! tout une volée d’envolées crieraient au viol, intenteraient des procès à  la pelle comme à l’appel, et Pépé n’aurait de salut que dans la castration manuelle. Fort heureusement pour lui, comme pour nous, impénitents que nous sommes sous des airs bien nés, ce sont ici des souvenirs. SOUVENIRS ! Prescription il y a.

A longueur de jours, Pépé osa ce que les braves gens n’osent pas.  Il tripota à doigts, paumes, paluches rabattus. Il tripota sous toutes les coutures, qu’Hugot, son maître étalon rapporteur, dessine avec grand talent. Les seins d’Hugot, son admirables, dirais-je volontiers, et on me comprendras – tout comme le lointain Philippe Clay chantant en son temps Les Fesses d’Irma, et qui semblait savoir de quoi il causait, et moi aussi qui en sait quelque chose. Hugot est un superbe dessinateur. Un fou remarquable. Un inventeur et scénariste de grand talent, un homme à la mémoire gravée dans le marbre, il n’en fallait pas moins pour se souvenir de tous les subtils et tortueux tours et détours dont use pépé pour parvenir à ses fins – au minimum une patte de velours glissée dans la culotte, si la dame ne l’a pas retirée. La culotte.  En preuve de ce que j’avance, dans ce beau volume de dessins à offrir en cadeau à Noël*) à vos enfants, cerise sur le gâteau une interview du maestro dirigée par le non moins Viry-Babel ( Gérard ).

*) Je le sais que Noël est passé, mais il y en aura un autre en 2020, non ? Et puis d’abord pourquoi attendre Noël ? Je vous jure…