Mardi 12 février 2002

Un ami mien me livre ces lignes, ci-dessous, dont je partage entièrement la teneur avec laquelle je suis parfaitement d’accord. Autrement dit, le doigt me semble être mis en ces termes sur le nœud du problème. Il serait bon que la France en fût informée, estimè-je, et c’est pourquoi je vous invite à parcourir ces propos (musique!) :

« Ca y est : Il l’a dit. Presque comme devant un juge : après avoir longtemps retenu le morceau, il a tout lâché. Et toute la France s’en fout : 62 % des sondés se moquent du tiers comme du quart des prochaines élections présidentielles (infos du 11 février), pensant sans doute que « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se case »… Tout de même, ça ferait 38 % d’électeurs ? Calculons… Sur 60 millions de Français dont 1 sur 2 en gros en âge ou en mesure de voter, cela fait 11 400 000 votes : on pourrait être élu Président des Français avec 5 700 001 voix ? Moins de 10 % de la population ? Ca me fout le bourdon.

Il y a cependant une autre question qui me gêne… Évidemment, c’est une question qu’aucun journaliste de la radio ou de la télé ne pose, occupés qu’ils sont tous à se demander quand plutôt que pourquoi… D’accord, quand on est président, on ne peut pas répondre de ses actes devant un juge, on revient pas là-dessus : les faits ont été mis au jour pendant le mandat, pas vu avant donc pas pris, on attend que ça se passe, on fait avec le « pseudo présumé » constitutionnel… Mais quand le même veut à nouveau jouer à être président ? Alors là, on fait toujours comme si on ne savait pas ? Ca me choque un tantinet… Pas vous ?

Peut-on confier les plus hautes responsabilités de l’État à quelqu’un qui a failli et qui est dans le collimateur de la justice ?

Peut-on briguer la Présidence de la République française en foulant aux pieds toute légalité et en s’abritant derrière un pagne de 500 signatures ? Il n’y a pas d’extrait de casier judiciaire dans le dossier d’inscription ? Aucune enquête de moralité ? Le simple fait qu’un homme comme Pasqua puisse prétendre à haute voix s’inscrire officiellement dans ce débat – et que des micros et des caméras avides se tendent vers lui – montre à quel point notre honneur républicain est tombé bas…

Il faut se faire une raison. Contrairement à toutes les idées reçues, le discours politique actuel n’est destiné ni à convaincre ni à rallier des partisans parmi les indécis. Il n’a qu’un but : créer un sentiment de dégoût pour lui-même.

Tout son art, si le mot convient encore, consiste à réduire toujours plus le nombre des électeurs potentiels. En démocratie, le nombre dérange.

Ca y est : Il l’a dit. Et c’est comme si c’était fait. Fin d’un suspens de sept ans : c’est vrai, non, qu’on se demandait depuis le premier jour s’il allait toujours avoir envie de s’occuper de nous ? Il l’a dit avant l’Autre. Et c’est – de toute la campagne – ce qui était le plus important. »

Bernard le Canard.

Dimanche 24 février 2002

Depuis, nous avons vécu une autre fin de suspense.

Je rêve d’un jour où ce genre d’événement prendra l’allure de quelque chose de nouveau, d’alléchant, de jouissif. Le jour où pour ces raisons susdites nous entendrons des propos frais, sincères, porteurs d’enthousiasmes. Je rêve d’un jour où les pauvres Bayrou, par la force des choses, ne seront même plus concevables, non pas tant dans leur essence que dans leur possibilité d’être après avoir signalé leur présence et tenté de la justifier. Je rêve d’un jour où… En fait, non, même pas. Je ne rêve plus bien, en ce moment. J’ai du mal à rester éveillé.

Il n’empêche que je viens de terminer à l’instant, 19 heures 25, le scénario du second tome de H.A.N.D. Pas mécontent. Non pas d’avoir terminé, mais de l’avoir fait et d’entrevoir d’ores et déjà la suite et les perspectives que cette histoire ouvre. Et la vision n’est pas vilaine. Il fut un temps où je me serais dépêché de traiter ce sujet en roman, un bon gros roman épais et dodu de SF (c’est de la Science Fiction), et avec délectation. Eh bien là, non. Le milieu de la littérature de SF ne me semble plus être ma maison, si tant est qu’il fut jamais réellement autrement que dans mon illusion. Mais c’est peut-être une fausse impression. Je me sens de plus en plus attiré par l’outil de la BD, pour raconter ce genre d’histoire. Donc…

Et à propos de BD, je ne saurais trop conseiller au monde entier de se procurer séance tenante cet album entièrement dessiné à la main, qui n’est pas un album de BD d’ailleurs, mais de dessins — ce qui tombe bien, puisque dessiné à la main —, signé Lefred Thouron. Extrait :

Personnellement, à chaque page, je me marre. (Gros inconvénient pourtant de l’ouvrage, son format qui ne m’a pas permis de scanner la couv. Rien n’est, décidément, parfait.) C’est chez Glénat.

A re-propos de BD, le titre de la mienne (tome 2) ne sera donc pas Les Bordels de Dieu. D’une part, mon sympathique éditeur (que je salue ici) a réagi comme je le pensais (et, soyons franc, fort judicieusement). D’autre part, on ne peut guère dire que les autres réactions espérées de soutien, à l’énoncé de ce projet de titre dans nos précédentes publications, ont été délirantes. Autrement dit: tout le monde s’en tape, merci. Je me débrouillerai donc tout seul, une fois de plus, et sans doute jusqu’à la fin des temps. M’en fous pas mal. Je déconne.

A propos de BD (ter), voici le dernier CD de CharlElie. Ça n’a rien à voir avec la BD, je sais, mais je n’ai pas de rubrique « musique ». Et c’est très bien. Ce que fait CharlElie est très bien. En peinture aussi — je suis fan total de la peinture de CharlElie et je me demande bien pourquoi, par exemple, si peu de gens savent que CharlElie est un sacré peintre, alors que tellement (de gens ) peuvent être informés, par exemple aussi, jusqu’à plus soif, que Steevie est un con.

Ça s’appelle 109 . Je parle du CD.

Les Canadiens viennent de remporter la médaille d’or des JO devant les Ricains. Wouhaaaa!

Sinon quoi? Il fait froid, il pleut, il neige, hier c’était comme ça par ma fenêtre, aujourd’hui c’est pas regardable.

Je n’avance pas vite dans ma presse à rogner. Il faut que je trouve une pièce de métal pour faire le sabot qui portera les couteaux. Si vous croyez que c’est facile.

Demain je vais écrire une préface pour le prochain bouquin de photos de Joël Couchouron.

Demain est donc un autre jour.

Il faudrait décidément que la météo se calme afin de me rendre possible le tournage de la suite des aventures de Jeanne d’Arc. Je vois dans cette manigance climatique le doigt vengeur et mal embouché de dieu. Dieu nous les brise.

Plus de nouvelles de Benladen, au fait, tiens, depuis un moment. De Bush, si. C’est le monde tel qu’on nous le propose.

Hasta luego