Vendredi 28 septembre 2001

Donc, voilà qui est fait.

Deux jours d’hôpital pour un contrôle des tuyauteries myocardiennes, et de retour en casa quasi flambant neuf. Le séjour m’a permis de me rendre compte que quand on n’a que six chaînes de télé sous la main c’est franchement pas terrible… Sinon c’était sympa.

Arrivé mardi à 15h30 véhiculé sur place par une épouse (la mienne) légèrement inquiète que je rassure avec une rare efficacité — tout dans la dentelle. A la vérité, j’ai horreur de la maladie et de cet état dans lequel elle vous met, non seulement vis à vis de soi-même mais des autres. Cette anormalité. Le monde de l’hôpital est un monde d’anormaux, nous en sommes convenu avec un des cardios en compagnie de qui je réintégrais ma chambre, dans l’ascenseur. Un monde à part. Anormaux les clients-malades, anormaux les soignants qui ne sont en rapport qu’avec des anormaux-malades. Univers clos, frontières temporairement fermées. J’étais la chambre 1218, deuxième étage, « voyez le bureau de l’infirmière tout droit en sortant de l’ascenseur ». Merci madame. Mon épouse, donc, ainsi que mon fils, résidant dans cette bonne ville de Nancy et qui avait justement des choses à faire dans le coin, m’accompagnaient. A peine partis, la chambre prise en possession, les bottes retirées, vous voilà devenu autre chose, cette entité anormale dont je parlais plus haut: un malade. Papiers à remplir – dont une sorte de décharge dans laquelle on reconnaît savoir que la coronarographie comporte certains risques, et qu’on ira pas se plaindre après si ça arrive… Bon. Visite de l’anesthésiste — qui se souvenait m’avoir réceptionné le jour du drame quasiment deux ans plus tôt, le 30 décembre 1999 et avec détails à l’appui! Chapeau. J’ai promis de lui adresser un bouquin — je le lui avais déjà promis la première fois, il s’en souvenait aussi, moi pas… damned. Parlote amicale sur le service, en plus des questions-réponses de routine. C’est vrai que je suis grandement admiratif et reconnaissant aussi à l’endroit du personnel soignant de cette polyclinique d’Essey. Nous évoquons aussi ce mini-scandale dont elle a fait les frais il y a quelques temps (la polyclinique), subissant les accusations d’un (à mon avis) parano grandiose. De quoi hurler de rire tant tout ceci était ridicule et puait les intentions douteuses du plaignant et qui fut largement pris en relais par la presse régionale qui ne fouettait guère, à l’époque, d’autres chats. Bref. Embarqué pour une radio et une écho vers 18h en compagnie de deux autres patients — la réflexion d’un des deux, tandis que nous attendons devant les cabines, est que nous allons « louper la soupe »… Et ça a l’air de vraiment le perturber. Donc, radio. Ensuite, écho. Mon échographie est nickel: plus de traces aucunes du cataclysme. De retour dans la chambre vers 19h. Plateau repas sur la petite table. C’est vrai que la soupe est froide. Première nuit — j’essaie de travailler un peu, je crobarde le plan de ma presse à relier, je tente de jeter les grandes lignes de ce que j’écrirai à mon retour. Difficile. Alors télé. Et puis dodo — plus ou moins.

Et hop, nous voilà le lendemain. Descente prévue à 9h30. C’est à 10 qu’elle s’effectue. Le brancardier a des problèmes. Je me souviens de ma précédente visite: le brancardier (un autre) avait des problèmes, c’était le nouvel an, il était tout seul pour faire le boulot de 27 000 à l’entendre. Celui d’aujourd’hui, c‘est autre chose. Un ascenseur est en panne, ce qui l’oblige à faire un long détour par je ne sais trop où. Dans le civil, Il fait du kayak…

Et hop, au bloc. C’est parti. J’ai toujours trouvé fascinant ce genre d’intervention (la coronaro, l’angioplastie). Vous êtes là, conscient, on vous troue une artère, on vous balance une caméra au bout d’une sorte de fil dans le cœur, vous suivez le trajet de l’appareil et visionnez la chose sur un écran, vous ne souffrez pas, ça dure 10 minutes et quand c’est fini vous êtes sauvé. C’est pas beau?

Donc, cette fois, c’est un contrôle. Et je m’en sors avec les félicitations du jury. En direct. Du docteur qui opère, d’un autre qui passe par-là et qui m’avait opéré la première fois, je suis ravi — c’est la première fois de ma vie que je fais un tel tabac. Salle de réveil ensuite, où une ceinture compressive est posée sur le point d’insertion de la cam. Plus qu’à attendre… C’est bondé et ça bouchonne — ce problème des brancardiers et de l’ascenseur… On cause. On somnole. « Ça va Monsieur? » — « Ça roule… »

Le film des événements:

Avant l’ouverture du rideau et l’entrée en scène des principaux acteurs.

Préparation de l’outil…

Deuxième acte: c’est parti!

Premier travelling – le geste

oups

En salle de réveil (où je ne me réveille pas, n’ayant pas été endormi…)

Ambiance de la salle de réveil: mes camarades de jeu

Une des deux infirmières de l’endroit — qui ne rigole pas, à cet instant précis, mais c’est pour rire

Mon cardio est venu me voir — en compagnie de l’infirmière qui ne rigolait pas il y a un instant mais qui, là, rigole, et ça lui va drôlement bien, je trouve. Non? A mon cardio aussi.

Mystère

Le docteur d’Hotel est le docteur qui m’a opéré. C‘est lui, aussi, qui a pris les photos que je ne pouvais pas prendre en personne. Il faut que nous décidions d’une date pour manger une choucroute hongroise au poulet et paprika. Je dois l’appeler.

Cela dit, la photo numéro cinq est un mystère… Ou une erreur? En tous cas, ça me laisse perplexe.

Les hôpitaux sont des mondes étranges. A part.

Après l’opération

Le plus pénible, c’est finalement les heures suivantes, encore qu’il ne faille rien exagérer et que tout est relatif. Les heures d’immobilité sous compression de la ceinture et la nuit qui suit, avec interdiction de se lever et de plier la jambe. Bon. Pas bien dormi. Surtout à cause d’une saloperie de rhino pharyngite ramassée je ne sais où avant mon entrée en jeu et qui a pris des proportions. L’infirmière de nuit à qui je signale avoir mal au crâne me regarde comme si je lui avais parlé en pakistanais, et puis c’est tout. Les hôpitaux sont des endroits étranges, pas foncièrement désagréables, étranges…

Home sweet home

De retour le lendemain, plein de fièvre et de bonne humeur et de bonnes nouvelles. Dés demain, je me remets au boulot… avec peut-être une petite promenade pour attaquer la journée, tiens. IL fait un temps superbe. Je le savais que l’automne serait chouette. On me dit que le brame du cerf est commencé du côté de Cornimont.

Hasta luego