Jeudi 15 avril 2004

Dimanche en février

Dimanche en février (je sais, je sais, nous sommes en avril désormais) *

Encore un putain de dimanche qui passe…

Donc c’est dimanche ainsi que février, un dimanche de février, en somme, avec de la neige qui fond tout doucettement vu que le temps n’est pas à la neige mais quasiment au printemps, tout fout le camp.

Où en est-on? On en est là: à de la neige qui ne tient pas, du froid qui se carapate, des Juppé qui ont la larme à l’œil à la télé, tout barre en couille, on dirait bien, un Sarko qui transforme la France en un roman de SF comme j’en écrivais dans les années 70, ça me troue, ça me désole un peu, en fait ça me navre. Je suis navré. On ne peut pas appeler ça de l’escroquerie, j’imagine, sans risquer de courir des risques. On appelle ça une conscience politique. Comment s’appelle un type qui au nom de son parti, au nom d’une idéologie donc, détourne des fonds, pose des bombes, fait des trucs divers, n’importe quoi, mais pas pour lui, non non non, pas pour ses besoins persos, non non non, au nom de son idéal politique, de ses convictions et pour servir lesdits – comment cela s’appelle-t-il? Je demande. Ça s’appelle en certains cas un terroriste, un activiste, en d’autres cas un escroc, en d’autres cas encore un homme politique de premier ordre, voire un honnête homme remarquable et admirable, que disent ses souteneurs potes tremblant dans leur culotte, bien entendu, que la plaisanterie leur soit retournée. Ça dépend donc des cas. Et s’il se fait piquer ou non. Par qui. Et quand. Et comment. La manière. Mais sur le fond, c’est du kif.

Mais bon. C’est pas pire que la grande java qui s’annonce aux USA, chez les maîtres du monde.

J’ai vu le gars Debouzze l’autre fois à la télé, je ne sais plus dans quelle émission. A une époque le gamin me faisait marrer, vraiment et beaucoup. Avant qu’il ne se construise essentiellement sur des tics et des attendus et qu’il fasse de sa vie racontée en direct son spectacle. Là c’est devenu moyen. Quand je riais, c’était aussi avant qu’il ne loupe pas une occase de proclamer sa foi musulmane au détour de la conversation, d’une déclaration ou d’une expression colorée. Là, excusez, ça commence à me gonflotter. C’est comme le judoka médaillé olympique qui n’en loupe pas une, lui aussi, d’occase. L’Islam m’emmerde profondément, et me navre, encore un truc qui me navre, décidément, et ses porte-parole idem, surtout, bavards et prêcheurs. Mais qu’on se rassure: n’y a pas que l’islam: le judaïsme et sa bifurcation chrétienne désormais papale idem. Et leurs bateleurs navrants. Tous ces gens, mes frères, qui ne peuvent plus faire un pas sans brandir leur carte d’identité religieuse comme une bannière, moins pour s’affirmer et se distinguer qu’écarter qui n’est pas des leurs, donc moi, et le rejeter dans les rangs des pouilleux ennemis, jusqu’à ce que bien entendu et d’aventure je rejoigne pour mon salut leurs rangs. Ça se vit comme ça aussi. J’ai pas envie de les rejoindre, vos rangs. Je ne les trouve pas accueillants, pas généreux, bigoti bigota, désespérants de (j’allais dire connerie) naïveté et d’ignares convictions, vos rangs d’une soldatesque raflant à tours de bras dans toutes les directions, au nom de dieu encore, chacun le vôtre, chacun vos légendes en bandoulières et sa fameuse parole, la parole de dieu qui hurle et vous obstrue les oreilles et vous couillonne et vous déshumanises, sujets, fidèles, soumis, ainsi vous nommez-vous vous-mêmes, la réflexion en berne. L’intelligence en sommeil.
Ouf.

Samedi 13 mars 2004

Avez-vous vu comme le temps passe, amis?

Je viens de relire ci-dessus. Eh bien, bigre! Dites-donc, j’étais en colère, en février, un dimanche. Si ça s’appelle de la colère. C’est sans doute autre chose. De l’énervement, certes, mais aussi pas mal de désappointement, un sentiment de … oui désappointement. J’ai fini d’être navré, me voilà désappointé. Je suis désappointé, tiens, d’autant que c’est une épithète peu couramment utilisée, je trouve. J’en reviens, en somme. A une époque j’y allais, maintenant j’en reviens. On va dire ça comme ça.

Mais je crois que malgré tout il y a de la colère quand même. Quand même un peu.

Bah

Et puis ça continue, depuis février. L’épisode Dieudonné. J’ai vu son spectacle et j’ai vu son skouetch dans l’émission de l’hargneux, qui a tout déclenché… Franchement… Ça aussi ça me navre, me désappointe, me hurlupe le poil, tiens. (Bon, j’admets n’avoir point lu ses soi-disant déclarations diverses dans les journaux). Desproges et Coluche en faisaient des tonnes en plus dans le genre – réécoutez. On ne déclenchait pas une guerre pour autant. Il a fait quoi, Dieudonné? il a tapé sur le fanatisme religieux. Il tape sur la religiosité, toutes confondues. Eh bien c’est absolument la chose à ne pas faire en ces temps. Et moi aussi ça me gonfle (voir plus haut) Les religions, toutes les religions, sont du poison en perfusion, de la dope hard, et leur emploi avant l’âge limite est honteusement pratiqué. A quand bon dieu un concile des athées et des agnostiques? A quand un vrai discours intelligent et compréhensible et édifiant, un vrai enseignement, sur le sujet?

J’ai vu des bêtes

Il y a un bout de temps, je suis tombé nez à nez avec cinq cerfs dans la forêt. Je l’ai raconté à tout le monde et partout. Même ici, tiens. je ne sais pas pourquoi mais je trouve ce genre de rencontre imprévue sacrément plus revigorante et plaisante qu’un dîner de con au ministère de la culture. Tu vois?

Blaireaux

Et puis aussi j’ai des blaireaux dans mon jardin (air connu). Un couple. Monsieur et Madame, je suppose. Je présume. Je les ai vus plusieurs fois. Je leur ai même adressé la parole, à un des deux – qui ne m’a pas répondu et s’est contenté de me regarder avec surprise une seconde avant de poursuivre son chemin. Ils retournent le gazon comme des vraies charrues, à la recherche de leur pitance. Ça, c’est sûr, un jardinier n’apprécierait pas. Mais moi je ne suis pas jardinier. Les blaireaux sont mes potes.

Espagne sous bombes

Attentat en Espagne, donc.

Les terroristes sont des malades mentaux, des obsédés, certainement, des pervers et des débiles qui se cachent et se supportent psychiquement sous des prétextes politiques et idéologiques et religieux – il faut bien des habits décents pour accepter de ne pas se voir dans son horreur nue insupportable. Toutes les motivations idéologiques sont bancales et hypocrites. Prétendre comme le monstre dans sa prison qu’il n’y a pas de victimes innocentes (par exemple) pour justifier une manie criminelle morbide et une jouissance à donner la mort est un symptôme de grave psychopathie, me semble-t-il.
Me semble-t-il.

Sinon, bing : mardi 13 avril 2004

Ça fait un choc. Ce temps qui passe et jamais ne trépasse. Enfin, jamais…
Alors voilà: tandis que du silence coulait à vos oreilles détournées, je recommençais. D’abord je ne savais plus très bien des tas de choses. Je pataugeais. Je me demandais à combien se montera ma retraite de scribouilleur. Et puis j’ai recommencé. C’est reparti… Ça recommence, ça continue, que sais-je?

Bref.

Un roman, un nouveau. Un autre. J’ai bien cru que je ne recommencerais jamais. Le précèdent trop lourd à porter, sans doute. Et puis après… après. Bon, or donc c’est reparti, et ça s’appelle  » Méchamment Dimanche  » et, attention, ça va faire mal… Sans doute pas pour mon éditeur d’aujourd’hui. Parce que… parce que. Pour qui? je ne sais pas encore. Pour le moment je l’écris. Et ça roule cool – une idée imprévue qui m’est tombée dessus. On verra plus tard. N’empêche que c’est du huit à neuf heures par jour, mes gaillards… Pas de la rigolade, hein?Ça ne rîme à rien de dire ça, je le sais, on ne devrait pas. Et puis je l’ai dit. Tant pis. Ça ne regarde personne mais pourtant c’est comme ça.

Quant à Pipo

Le brave Pipo que je néglige depuis qu’il est allé installer sa maison là où elle sera définitivement…

PipoÉtageRez de chaussée
DehorsArrièreBalcon

Ces photos-là datent de… houlà! j’ose même plus y songer. Depuis, il a posé fenêtres et portes. Je vais aller le voir bientôt. Avant, c’était facile, sur le chantier de construction, c’était quasi sous ma fenêtre… Maintenant il est à au moins huit cent mètres à vol d’oiseau. Le bout du monde – et je suis pas un oiseau.

A la fenêtre

Ce soir dans le coin de la fenêtre de la cuisine, à l’extérieur, il y avait une chauve-souris recroquevillée.

Je trouve que c’est très important.

Hasta luego