Samedi 11 août 2001

Frayeur

Hier matin (oui c’était hier) j’ai eu une frayeur.

Je me réveille, et rien. Mais alors rien. Nada. A la limite du moins que rien.

Aussi sec, me voilà mal à l’aise. Une angoisse qui vous prend par la pointe des pieds et qui monte et qui s’arrête au ventre pour tordre un peu et qui continue coté cœur et coté souffle, aïe aïe, ça va pas remettre ça, et qui monte encore et vous prend à la gorge. Je dis « vous » mais c’est moi. Ça s’installe. Ça vous envahit, au vrai sens du mot, connaissez-vous le vrai sens du mot envahir, le vrai sens des mots a de l’importance. C‘est comme le mot « serein », on ne dirait pas, à première vue, mais le sens du mot serein n’est pas du tout ce qu’on croit, on croit que c’est tranquille ça évoque le calme, l’apaisement, et puis voilà que c’est une vapeur froide qui retombe au coucher du soleil, il faut quand même le savoir, l’angoisse comme un serein, vous envahit — c’est à dire moi. Pétrifié dans votre lit. Pas bouger. Impossible de bouger, ne serait-ce qu’un cil, un orteil, rien. Dans votre lit comme une bûche, et sans aucun doute quelque chose derrière moi était en train de me surveiller de prés, je ne sais pas quoi. Mais derrière vous, c’est à dire moi. Il y avait quelque chose dans la chambre alors que le jour montait et qui me surveillait. D’invisible? non, même pas, je ne dirais pas ça. Mais caché. Derrière moi. Saloperie. Quelque chose qui avait ce pouvoir de me pétrifier. Alors un bruit. Alors voilà qu’un bruit. Un petit bruit de rien —c’est le cas de le dire — au bord de mon oreille. Un petit bruissement intérieur, un bruit à petit bruit, qui est une expression qui dit bien ce qu’elle veut dire, pour une fois. Un staccato. Non, pas un staccato. Pas une saccade non plus, qu’allez-vous donc chercher? Un bruit scandeur, plutôt. Scandeur, je dis bien. Tou-toum, tou-toum, tou-toum. Un bruit d’outre-part, pour ne pas dire d’outre-ailleurs — j’ai pas dit « tombe », je l’ai pas dit! Et j’ai compris que c’était mon cœur, mon brave petit cœur, qui résonnait jusque dans le oreilles. Tou-toum, tou-tou-toum… Ce qui me rappela immanquablement une histoire lue un jour, une histoire de Poe, l’histoire d’un type qui comme ça entend un cœur qui bat dans sa tête et qui en devient dingue. Pareil. Sauf que moi je ne suis pas fou. Et que je n’avais pas lu cette histoire avant de m’endormir qu’est-ce que j’avais lu? j’avais lu la définition de « reliure » (et le mode d’emploi) dans le Larousse Ménager de 1926. Pas de quoi cauchemarder. C’est très bien le Larousse Ménager de 1926. Et puis ça s’est arrêté de battre dans mes oreilles. C’était donc pas ça. Et toujours rien. Et les oiseaux se sont mis à chanter, ah les oiseaux! J’aurai passé une bonne partie de ma vie à détester ce moment-là de la journée, quand ça se met en branle — à l’époque épique où j’allais me coucher à cette heure-là. Mais alors, ces oiseaux!… pourquoi pas des poules et des coqs pendant que nous y sommes?

Et puis c’est revenu… enfin! Vous me croirez si vous voulez, je n’ai jamais su pourquoi.

pp

Vert comme un oeuf

Alors j’ai eu envie de manger des oeufs brouillés, je suis allé cueillir des orties, ce n’est pas difficile, ça pique juste un peu si on ne fait pas attention, il n’y a donc qu’à faire attention, le contenu d’une petite bassine, plus exactement une passoire, et je les hache grossièrement après les avoir lavées, hop! cuisson rapide à la poêle adhésive, trois ou quatre minutes dans trois gouttes d’eau, ensuite on verse les oeufs battus, sel poivre, on mélange, on tournique à la cuiller en bois, on casse, on fragmente, c’est cuit, on saupoudre de paprika, du paprika j’en mettrais dans tout. Parfait.

Cosette vue d’avion

La réflexion du jour

Jean-Marc (un copain) ce matin avant de partir en balade, vers les 7h45, sirotant son café en regardant un Tom & Jerry à la télé, pensif: « C’est marrant, plus ça vient, plus j’aime bien Casper ».

Attention! Bientôt sur cet écran:

LES BOCALS

tranche de vie!!!

(Premier épisode: Jean-Jo.)

Projets rapprochés:

Lire l’article « cartonnage » dans le Larousse Ménager 1926. Ce soir sans doute.

Écrire quelques pages de « C’est ainsi… »*. Tout de suite.

Hasta luego.