Lundi 8 octobre 2001

22h 10. Quasiment mardi, en somme.

Les ricains bombardent les talibans qui talibanent, à la télé Ardisson consacre une partie de son émission Voici Gala à la vie d’une grande cruche blonde qui a écrit (ha ha) un livre, et moi j’ai ramassé un nouveau rhume au FIG à St-Dié, et si avec tout ça vous ne trouvez pas que le monde est désespérant, eh bien, merde alors, qu’est-ce qu’il vous faut?

Ça fait du bien d’être grossier, tiens, entre deux reniflements.

Bien. Où en étais-je?

Or donc, je suis rentré de St-Dié et du FIG, et c’était très bien parce que j’ai revu des amis et rencontré des gens très sympathiques et en plus plein de talent, comme François Place qui crée des mondes et les dessine de façon absolument formidable, et comme aussi Manolo (Emmanuel) Lezy qui a reçu le Prix Ptolémée pour son livre Guyane, Guyanes (Belin) (et cet hombre-là je vous en reparlerai souvent, sans aucun doute!) et puis encore Michel Quint qui a écrit Effroyables Jardins (Ed. J Losfeld), que je n’avais pas lu, que j’ai acheté sur place et dévoré net, et c’est remarquable de beauté, d’émotion, de je ne sais pas comment dire mais en tous cas merci pour ce livre — et du coup ça me remet vraiment en rogne verte quand je vois et entend toutes ces conneries, ces vraies merdes grand teint, médiatisées à outrance, signées Notomb ou Beigbeder (par exemple) et autres qui nous bouffent le temps et l’attention et l’espace au détriment de tant de vrai talent et de vrais écrivains et de vrais grands et beaux romans — quand j’entends comme l’autre fois encore un pauvre petit bavard riquiqui branché des Inrock affirmer sans rire que Houellbecq est sans nul doute « le plus grand romancier de France », toutes ces hallucinantes déclarations péremptoires balancées à tours de bras dans leurs chroniques et qui pètent, mes enfant, à ce point plus haut que leur cul que la véritable chronique, dans tout ça, est surtout le qualificatif d’une infection irrémédiable et définitive, j’en ai peur, des sinus. Je suis en colère, tiens. Pour ce que ça changera, je sais! mais vous n’allez pas, en plus, m’empêcher d’être en colère, non?

Effroyables Jardins, de Michel Quint, est un putain de grand roman de 63 pages et qui ne coûte que 35 balles, une misère, en plus.

Bon.

Est-ce que je vous ai déjà parlé de Cormac MacCarthy? Il faudra, un jour.

Inspirons: ƒƒƒƒƒƒƒƒ

Je vous présente mon cousoir

Et une presse à main.

Je suis en train de bricoler la presse à lisser. C’est pas que ça calme, mais ça ne m’énerve pas.

Expirons: FFFFFFFFFF

J’avance mal dans ce nom de Dieu de roman (j’ai déjà dit que la grossièreté calmait!). J’angoisse, je dérape, je suis en retard, je ne finirai pas dans les délais, j’ai la trouille, je ne sais plus où je vais, tout se liquéfie, m’échappe, me coule entre les doigts et les pores, me traumatise, me file la rage et le blues et des envies de pleurer dans un coin. Voilà.

J’attends un signe de mon éditeur.

J’attends ceci et j’attends cela. Et cela aussi, tiens (je n’y pensais plus)

Respirons profondément… FFFFFFFFƒƒƒƒƒƒƒƒƒ

A St-Dié, pour fidir, il y a eu un rebas avec l’éguipe orgadisadrice, j’étais assis devant la fedêdre du restau, on b’a debandé si c’était gêdant qu’on l’ouvre (la fenêtre) j’ai dit que don, grand seigneur, et paf dans le courant d’air, c’est là que j’ai rabassé bon rhube. De cerveau.

C’est balin.

Bon. Je vais aller voir si la grande cruche s’est cassée de l’écran.

Hasta luego