Lundi 14 janvier 2002

 Avant-goût

Je ne sais pas si je l’ai dit ici mais j’étais sûr qu’un jour on serait le 14 janvier 2002. « On » c’est relatif (et le dire est paradoxal, dans le genre trope), mais en tous cas moi. Toujours ça de pris.

Il fait bon. Froid, soleil, tout ce qui est bien, en somme.Vous avez vu? C’est comme ça depuis quinze jours. 

Anecdote

Un ami d’Épinal, ville brumeuse, prénommé Michel, l’ami, pas la ville (« Michel Épinal », où avez-vous la tête?), passionné de vieilles voitures, lecteur de Spirou, admirateur de Franquin et d’Eddy Mitchel, un brave homme donc, me fait part de cette aventure:

Aujourd’hui, je vais à la poste acheter 50 timbres à 3,00 F soit 150 F que j’avais dans ma poche sous la forme d’un billet de 50 F et de 5 pièces de 20 F. La postière :

– Monsieur, y manque 87 centimes de francs

– Ah !!!!!

– Oui, biscotte 50 timbres à 0.46 , ça fait 23 euros et 23 euros, ça fait 150,87 donc y manque 87 centimes

– Ah, c’est embêtant car j’ai rien d’autre, sauf des petits euros, donc, je peux vous donner le solde de ce que je vous dois en centimes d’euros, ça fait combien ?

– Monsieur, ma machine n’est pas programmée pour faire ça, je ne peux pas.

– Hum, comment qu’on fait alors ?

– Monsieur, je suis obligée d’annuler toute l’opération. Jje vous échange vos 150 F contre des euros, ça fait 22,87 euros…

Euros qu’elle me donne gentiment et je lui repaie mes timbres avec.

– Monsieur, vous devez encore 13 centimes d’euros, car 50 timbres ça fait 23 euros et vous me donnez seulement 22,87 euros

– Exact, tenez madame, voilà 13 centimes d’euros

Et, enfin, j’ai pu partir avec mes timbres pour coller sur mes yméle en papier…

 Fin de citation.

Je sais pas vous, mais moi ça me ravit. Sont ben, mes copains, non?

Info du jour

Bush (Georges W.), el présidente del más grande paìs del mondo, s’est étranglé avec un bretzel en regardant la télé. Je n’invente rien. C’est l’info du jour, avec, aussi, le jeté d’éponge du juge Halphen. Je n’invente rien, je vous dis.

On se demande, concernant Bush, si Ben Laden ne s’est pas réfugié en Alsace, où il contrôlerait un certain nombre de pâtisseries, et parmi elles, l’enquête dira si d’aucunes n’exporteraient pas leurs produits aux US… Le bretzel kamikaze téléguidé contre le pauvre grand Américain. Ta ta tsan!

Le monde de l’information est tout simplement génial — pensez, imaginez, ne serait-ce que trois secondes, le nombre de gens sur cette terre qui ont des petits malheurs en ce moment, disons une minute. Une minute de malheurs — de la griffure du chat au cancer en stade final en passant par le pet de travers gênant, un ongle incarné, des calculs dans un rein, hein? Et je ne parle même pas des manifestations, par exemple, de l’absolute vulgarity propre sur elle de la Rostchild, ni de celles (des manifestations) de l’insondable profondeur de bêtise steevinienne, imaginez… Eh bien non! Hop, les médias du monde entier: le grand con s’étrangle avec une bretzel.

Des fois, c’est à hurler.

Quant au juge Halphen. Triste jour. C’est pas qu’à priori je porte dans mon cœur cette profession… c’est pas que. Mais néanmoins. J’ai fait un jour un bout de voyage en train à côté du juge en question. De retour du Festival Étonnants Voyageurs de St Malo. N’ai pas osé lui parler, ni le déranger dans le livre qu’il lisait. J’aurais voulu, pourtant —lui parler. Encore maintenant, d’ailleurs. J’ai entendu, parmi les commentateurs de l’affaire, Devedjian conchier la carrière du juge écœuré, gueule en biais et bons mots à la Devedjian. Je crois bien que parmi toutes les sales tronches qui composent la classe politique françoise, celui-là, je le déteste vraiment. Et puis j’imagine les sourires satisfaits de vieux rats et rates à l’haleine fétide du mensonge… Si je ne me retenais pas, je ne me retiendrais pas, tiens.

Allons, calmons-nous.

Ils ne vous ont quand même pas eu, monsieur le juge.

Conneries en vrac

J’ai un autre pote qui s’appelle Manu. C’est un diminutif. Il m’envoie un extrait de ce que le centre de documentation et d’information de l’assurance publie, comme chaque année: les brèves les plus amusantes trouvées dans le courrier des assurances. L’orthographe, le vocabulaire et la grammaire sont d’origine …

(Je suis certain que ce texte évidemment se balade sur le Net et qu’une tonne de gens en ont pris connaissance. Au cas où non, en voici quand même une ou deux qui m’ont perso ben secoué la couenne — si je puis dire):

En avancant, j’ai cassé le feu ariere de la voiture qui meprécédait. J’ai donc reculé, mais en reculant j’ai cabosse le pare-chocs de la voiture qui me suivait. C’est alors que je suis sorti pour remplir les constats, mais en sortant j’ai renverse un cycliste avec ma portière. C’est tout ce que j’ai a déclarer aujourd’hui.

 Je vous demanderais de ne tenir aucun compte du constat amiable. Vous comprendrez en effet que je fus brusquement pris d’une émotion subite : arrière défoncé, présence de la police, choc psychologique, tout concourrait a ce que je mette des croix au hasard.

 Vous savez que mon taxi est transformé en corbillard et que je n’y transporte que des morts. Mes clients ne risquant plus rien, est-il bien nécessaire que vous me fassiez payer une prime pour le cas ou ils seraient victimes d’un accident.

 C’est pas beau? On dit: merci Manu!

Mémoire

Il me semblait que j’avais des choses très importantes à dire. Ça m’arrive souvent. La plupart du temps, je pense ailleurs ou je me tais ou j’oublie. Surtout j’oublie. C’est terrible. Ou je confuse. C‘est terrible aussi — là par exemple je voulais parler d’Alzeimer et j’ai failli écrire Alca Seltzer. A quoi c’est dû? Je le crains. Vous rigolez, mais c’est vrai.

J’ai vu un film formidable: LES AUTRES. Avec une Nicole Kidman très remarquable. Un film fantastique aux deux sens du terme.

J’écoute

J’écoute Souchon. J’aime bien Souchon. Parfois, j’aimerais dire à des gens « je vous aime bien, vous ». Parce que c’est vrai. Juste ça. Mais on ne le fait pas. On ne fait jamais les choses nécessaires et après c’est trop tard, on se mord à longueur de mort les doigts, on dit que c’est la vie, on dit vraiment n’importe quoi à un poil près de ce qu’on devrait.

Je me demande

Je me demande si ça vaut le coup que je re-diffuse l’annonce concernant les dictionnaires. En fait, tout le monde s’en fout. Mais si. (Si vraiment vous voulez, vous allez voir le précédent number).J’ai dit

J’ai dit à un copain que j’avais vu des sangliers en me baladant, que je les avais dérangés et qu’ils s’étaient enfuis à une dizaine de mètres de moi — c’est la seconde fois que ça m’arrive. Je me demande s’il m’a cru. J’ai l’impression qu’il a un doute, et qu’il puisse avoir ce doute, qu’il puisse croire que j’ai raconté ça pour… pour je ne sais quoi, d’ailleurs… ça me turlupine. Je vous jure. Je ne m’arrange pas. Mais je ne suis pas tout seul. En fait rien ne s’arrange.

Le baiser

« Le baiser », de Souchon, tiens. Un petit grand moment. Un bonheur.C’est vrai qu’en blondes j’ai des lacunes…En blondes j’ai des lacunes…Si tout est moyenSi la vie est un film de rien`Ce passage-là était vraiment bienCe passage-là était bien…

Et puis d’autres, plein.

Depuis une quinzaine, les nuits sont comme l’envers exact du soleil le jour. Au fait

Ah dites-donc, dans si peu de temps que c’est ce ouiquende, même, c’est Fantasticarts à Gérardmer. Je suis en train de me demander si ce n’est pas en train de devenir un peu ringardos… Non? Ah bon. Bon d’accord. En tous cas j’y vais pas, on ne me l’a pas demandé, et puis j’ai plein d’amis qui viennent à la maison (sic).

Hasta luego

PS: Quand je serai grand, je serai Emiliano Zapata. J’ai déjà un pote qu’on appelle Pancho. Et c’est même vrai.

Mardi 15 janvier 2002 Aventure

Hier soir j’ai eu une aventure.

Alimentaire.

Première choucroute de l’année — celle que je fais, hé! Très bonne, merci, sauf que j’ai avalé une bouchée trop chaude par mégarde. Beaucoup trop chaude. Mais une fois que je m’en suis rendu compte, pas moyen de faire marche arrière. Du coup je me suis brûlé le fond de la gorge – c’est quoi, là? l’œsophage, c’est ça. Eh bien ça fait rudement mal, beaucoup mieux que mes aventures de pouce and marteau. En fait j’ai passé une nuit détestable. Ça va un peu mieux, mais c’est pas encore ça. Je n’aurais jamais cru, dis donc. Merci la choucroute.

Il en reste, je vais aller déjeuner. Réchauffée, elle est encore meilleure.

Pour la route

Encore un extrait de lettre aux assurance pour bien commencer la journée:

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Vous me dites que Mlle X reclame des dommages-interets sous pretexte qu’elle été légerement défiguree apres l’accident. Sans etre mauvaise langue, il faut bien avouer que meme avant l’accident, cette malheureuse n’avait jamais éveillé la jalousie de ses concitoyennes.

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Malgres ma fracture au poignet, j’ai pris mon courage a deux mains.

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Je ne suis pas responsable du refus de priorite puisque je n’avais pas vu venir la voiture, vous pensez bien que si je l’avais vue je me serais arreté.

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Olé!