Mardi 26 février 2002

  Liquide

Super!

Il pleut. Quand c’est fini ça recommence, génial, de l’eau partout. Je rigole. Enfin, non, je ne rigole pas. En gros ça me fait même un peu… c’est pas drôle, quoi. Ici, la Moselle est à sa source, mais « plus bas », ça doit commencer à faire mal. C’est terrible, l’eau, les inondations, tout ça. Question conne: « Vous préférez quoi, l’eau ou le feu? » Réponse conne (mais néanmoins…) : « Le feu, au moins, on peut l’éteindre avec l’eau ». (« Tandis que l’inverse, hein »… ajoute le petit malin de service qui croit que vous êtes trop plat de l’encéphale pour avoir compris… ) Le petit malin de service est un personnage ahurissant, que vous risquez de rencontrer à la moindre occasion, et qui vous pourrira la vie en deux temps trois mouvements…

Sinon, il pleut.

Cette après-midi, Cosette est venue faire une pause pratiquement sur mon clavier, ce qui fait que je n’ai pu travailler pendant une heure au moins. Ah zut alors!

Dimanche 3 mars 2002 

Nostalgie

Revu il y a deux jours, au hasard d’un zapping, Rio Bravo, de Hawks. Une fois de plus ( la quinze millionième?), la magie opère aussi sec. Grandiose. Et pourtant, il y a John Wayne… Ne parlons que du comédien (laissons-nous aller à employer le mot), pas de l’homme, qui était ce qu’il était et sans doute pas quelqu’un à qui j’aurais eu envie de taper sur le ventre. Comédien donc, quand même, plutôt … monolithique, avec deux expressions au catalogue, trois les jours de grand vent, une allure de bœuf, et plutôt mode que vivant en plus, un sex appeal de fer à repasser… Là-dessus, en plus de ce vieux John, rien de plausible dans la narration, rien d’historiquement référenciable, du vrai made in Hollywood, depuis la caricature des personnages en présence jusqu’au collant noir de Angie Dickinson… Et vlan! On se prend tout ça dans la figure et on en reste coi, et moi ça ne loupe pas, à la chanson dans la prison entonnée par Dean Martin, Ricky Nelson à la guitare et ce vieux Stampy à l’harmonica, je fonds, larme à l’œil et tout. Et puis le reste. Les jambes collantées de noir d’Angie Dickinson, précisément… C’est sûr que l’Ouest sauvage n’en a jamais vu une comme ça, d’Angie, même de loin, pas plus qu’il n’a vu la coiffure gominée de Ricky, ni d’ivrognes à la Dean Martin, de tireurs aussi costauds que ces allumeurs de dynamite (et je ne suis pas certain qu’un bâton de dynamite s’explose selon cette méthode…). Mais qu’est-ce qu’on s’en fout, dites-moi! Qu’est-ce que c’est bien! Qu’est-ce que c’est du chouette cinéma, ça! Et on ne s’étonnera pas que ces films-là m’aient donné, quand je les ai vus, tout petit, l’envie de raconter des histoires… L’Homme qui tua Liberty ValanceLa Captive aux yeux clairsLa Rivière sans retour… C’est quand même rudement bien, le western… La plupart étant tirés de romans formidables, qui plus est (cf L’Homme des Vallées Perdues réédité par Michel LeBris chez Phébus)…

Du coup, cet aprés-midi (on dit un ou une après-midi?), j’en ai regardé un autre, de western, au lieu de travailler: Wyatt Earp, avec Kevin Cosner. C’est autre chose. Mais néanmoins…

Et puis les Clint Eastwood, dont Impitoyable – chef d’œuvre crépusculaire, selon l’expression. Et puis cet autre chef d’œuvre, dans le genre, ou au bord du genre: La Horde Sauvage. Je suis un inconditionnel de Sam Peckinpah. Peckinpah tournait sur sa piste comme un Cormac McCarty sur la sienne. Voilà qui est dit. 

Une bonne chose de faite

J’ai écrit la préface du prochain livre de Joël Couchouron — La Mémoire de la Terre.
Ensuite, la Petite Petite, une des deux « filles » de Cosette (l’autre c’est la Grande Petite) est venue s’asseoir sur les épreuves de Si Loin de Caïn que je dois relire pour Rivages, ce qui fait que je n’ai pas pu travailler une bonne heure encore, parce qu’après s’être assise elle s’est couchée et elle a dormi. Ah! re-zut, alors! (J’ai pris une photo quand elle était assise, parce que quand elle dormait le flash aurait pu la réveiller):
Ensuite j’ai regardé le jour tomber par la fenêtre et c’est comme ça que j’ai surpris la plongée dans le soir d’un curieux vaisseau extra-terrestre, à n’en pas douter.

Où est passé le Capitaine?

Sinon c’est infernal, j’ai de moins en moins d’ordre, je voulais parler d’un album de BD intitulé Le Capitaine Écarlate de Guibert et David B. chez Dupuis, dans la collection Aire Libre, parce que c’est un chef d’œuvre, tout simplement, que par exemple Angoulême aurait pu en son temps remarquer, par exemple, si Angoulême n’était devenu une institution à l’exemple de beaucoup d’autres, un peu monumentale et la couv de façade prioritairement consacrée aux reconnaissances sans risques et autres institutions confraternelles, mais seulement voilà, quand je vous disais que je n’ai plus de tête: je ne suis plus fichu de retrouver cet album. J’ai retourné quinze fois toute la maison. Soit on me l’a piqué, soit je l’ai prêté et on ne me le rendra jamais — sais plus. Le Capitaine Écarlate. Bon. En attendant de le retrouver, il y a bien La Lecture des Ruines, du même David B., même collection, même éditeur, même silence d’Angoulême cette année, même originale création inclassable, même plaisir de lecteur÷spectateur.

Mais qu’est-ce que j’ai bien pu foutre du Capitaine?

Attention attention !

Attention attention, disais-je, bientôt très bientôt la suite et fin des aventures palpitantes de Jehanne d’Arc, en Bocals (enfin!!!) Les conditions climatiques ayant enfin permis la reprise des hostilités du tournage… (et mes corbeilles à papiers suffisamment pleines pour alimenter les effets spéciaux.)

Vrac

Me suis remis hier à mon roman. Non sans mal. Un million de signes, derrière. Ce n’est pas ça qui fatigue et secoue: c’est ce qui reste à parcourir, devant. Dans le brouillard absolu et entre deux coups de téléphones lointains d’un éditeur étrangement évanescent qui me parait s’inquiéter surtout de savoir si j’irai jusqu’au bout et quand j’en aurai terminé. Ne me suis jamais senti aussi seul que dans cette histoire-là.

Je n’irai pas, sans aucun doute, au Salon du Livre — personne (je veux dire aucun de mes éditeurs) ne semble y souhaiter ma présence jusqu’à présent. Et c’est sans doute aussi bien comme ça.

Je n’irai pas non plus à Nancy (Été du Livre) ni à Metz (Livre sur la Place). Sans doute pas davantage à Saint Malo (Étonnants Voyageurs), ni à St-Dié (FIG) — pour les mêmes raisons, et puis d’autres.

J’achève de relire les épreuves de réédition de Si loin de Caïn pour Rivages. Décidément, ce roman ferait un sacré film, me dis-je en relisant. Une fois de plus.

A propos de film (encore) vu l’autre fois à la télé Les Rivières Pourpres. Remarquables réalisation et interprétation pour une histoire de merde grave. Comment peut-on? Je veux dire écrire çà ?

Mystère.

Un projet en cours me fait TRES peur: l’adaptation de Blueberry au cinéma.

La petite phrase qui tue:

Ne soyez pas agressifs, tendez la main (Chirac Jacques).

Hasta luego

N’empêche: je voudrais quand même bien savoir ce que j’ai fait du Capitaine