Dimanche 20 avril 2003

  
Prin temps de l’été
Un dimanche, genre 20 avril 2003. Les gens ne croient plus à rien.Il a fait beau et il a fait moins beau, et même qu’il a plu. Et même aussi qu’il a neigé. Il y a une dizaine de jours, il a neigé, oui madame. D’aucuns que je ne citerai pas ne m’ont pas cru quand je le leur ai annoncé, alors je leur ai envoyé une photo et il me fut répondu que c’était une photo de l’année dernière. Des fois le genre humain me navre.


Télénervante

C’est comme en Irak. Par exemple. En Amérique aussi, d’ailleurs – plus exactement aux USA et plus exactement à Washington et parfois au Texas et dans ces coins-là. Ou sur les plateaux de télé quand des espèces de Dantec y viennent faire leur numéro. Mais il y a aussi des sortes de Romain Goupil. Des gens dont le principal souci est apparemment de s’écouter parler (voire vociférer) tout en restant sourds et apparemment mithridatisés fort efficacement contre la teneur en connerie de ce qu’ils racontent (avec une posture d’ironique condescendance pour les uns, une grande capacité à braillerie mensongère tenant lieu d’argument pour d’autres). S’écouter sans s’entendre. Ou alors… Ils sont ainsi quelques-uns. Je trouve de plus en plus, avec le temps qui passe. C’est donc peut-être une histoire d’âge, de saison.

Télétonnante

Par ailleurs et toujours à propos de télé, j’ai écouté et regardé hier, dimanche pascal (car nous voici lundi au détour d’une phrase), une émission politique sur la 5 animée par Serge Moati. Qui s’appelle Ripostes. Une discussion politique donc réunissant Séguin Philippe, Bayrou François, Chevénement Jean-Pierre et Glavany Jean. Première fois que j’entends une discussion sensée, courtoise, et hautement agréable entre des hommes politiques qui n’ont rien à vendre dans l’instant. Je n’en suis pas revenu. Tout à coup des gens intelligents qui palabrent, s’écoutent, se respectent. En la parole de qui nous vient l’envie de faire confiance! Étonnant. Et on en est surpris de se dire que la politique peut effectivement être quelque chose de positif et de crédible, digne d’intérêt. J’en suis pas encore revenu, là.

En petit

Sinon en gros ça va.
Pourquoi dit-on  » en gros « ? On devrait dire  » en petit « , plutôt, je trouve.
En petit ça va. J’ai donc fini d’écrire ce roman. Maintenant c’est la période trouille qui commence. Il sortira dans l’arène (le roman) en septembre. Avec les fauves. Mais bon, je ne vais casser les oreilles des gens avec mes angoisses.
Alors quoi de neuf?

Révélations

Je pue des pieds. Me semble que c’était pas si féroce il y a quelques années. Bon. On ne va pas non plus faire un sujet avec ça. Mais n’empêche que les vieilles pompes dans lesquelles on est si bien, c’est pas le rêve, question puerie. Les vieilles tennis. On dit  » vieux  » ou  » vieilles « , pour les tennis? Alors voilà: vous faites les marioles, mais vous ne m’êtes d’aucun secours, au fond.

Gésine

Mon prochain bouquin me tracasse. Me gratouille. Ça fait plusieurs années déjà que c’est là et que ça gigote. Mais ça se retenait, tant qu’il y avait l’autre en marche, le précédent. Maintenant, plus de retenue. Ça démange.
Sais pas encore pour qui (je veux dire: quel éditeur) mais en tous cas, ça va être étrange, j’ai l’impression. Titre de travail qui risque d’être le bon, à demeure: Les Bordels de Dieu. Je n’en dirai pas plus.

Vrac et courrier

On reçoit plein d’inepties, dans les boîtes. Un jour c’était un type qui voulait me vendre une recette de régime alimentaire pour perdre 7 kilos en deux semaines, quelque chose dans ce goût-là, contre quelques euros. Sept kilos! Et puis quoi encore?
Un autre jour, un connard (ou une connarde), anonyme, me fait part d’appréciations que personne ne lui a demandées, comme si son avis comptait et le fait qu’il fût donné davantage encore, du style: Si vos bouquins sont aussi à chier que vos peintures ça promet rien de bon. No coment.

Et cet aprem, ça:

Salut , c’est céline …
J’ai encore fait des photos coquine ce week-end avec une amie.
Je viens juste de les mettre en ligne.
Tu peut venir voir ca dans la partie gratuite de mon site !
Je te donne l’adresse :
http://zeubx.free.fr/celine/
Bisous …

Sacrée Céline – à qui je me garde bien d’aller rendre visite, cela va sans dire. Rien que deux fautes d’orthographe, en cinq phrases. On a connu pire.
Un nombre incalculable de trucs qui filent à la poubelle direct. C’est comme les pubes de Aldi ou EuroMarché ou ne je sais quoi dans la boîte aux lettres.

Pas la frite

Pas la frite parce que voilà:
Jacques Chambon est mort, il y a quelques jours, pas beaucoup, deux ou trois. Crise cardiaque. Jacques Chambon était éditeur et savait rudement bien parler d’une littérature qu’il aimait: la science-fiction. Jacques était un ami. Je crois pouvoir le dire. Moi en tous cas j’en avais décidé. Je me disais volontiers qu’il était là. Nous avons travaillé ensemble et ce fut un vrai plaisir. J’étais certain de faire mes bagages avant lui, et précisément pour ces contrées-là qu’il traverse à cette heure. Certain. Je ne sais pas pourquoi. On me demande d’écrire quelque chose, dans le cadre d’un hommage. Je ne sais pas si j’ai envie – non pas de lui rendre hommage mais de participer à ce qui peut si vite tourner au numéro. Jacques Chambon était un type bien et il avait le talent de lire et de donner naissance à de bels et beaux livres qu’il nous donnait à manger comme il nous aurait invité à faire jolie frigousse. Une belle ripaille entre gens vivants. La preuve: les livres demeurent, vous pouvez à loisir en reprendre le menu. C’est lui qui vous invite encore et toujours. Jacques Chambon m’a été amputé de ce qui rassure, au fond de nos têtes, ce qu’on sait là, présent, de notre nature.
Hasta siempre.

LA MAISON DE PIPO

Le 10 avril.
Une heure après avoir pris les photos ci-après, il neigeait, comme je le disais plus avant. Certes, deux jours après, c’était fini, fondu. Ça n’a pas empêché Pipo de bosser. Un tremblement de terre n’empêcherait pas Pipo de travailler. Il a prévu que la maison serait debout pour le mois d’août. Ensuite, il la démonte (c’est le principe du jeu de construction) et il la remonte sur le terrain de son emplacement définitif. Il faut qu’elle soit couverte pour l’hiver.

ImplantationImplantation bis
Pipo au boulotLa matière


Le 20 avril
Dix jours plus tard. Ça  » prend de la gueule  » On peut d’ores et déjà avoir une idée de ce que ça donnera, au final. On peut aussi ne pas s’en rendre compte – il n’y a pas d’obligation. Mais ça va quand même être grand.
(Ce lundi de Pâques après-midi, Pipo ne travaille pas. Une honte.)
Je mijote un plan avec Philippe Feuille-Bois (vous ne pouvez pas comprendre) pour prendre des photos aériennes du chantier. Mon épouse, à qui j’ai eu l’imprudence de confier le projet, craignant pour ma santé, pour le moment, s’y oppose…
Ce qui m’impressionne le plus sont les assemblages des troncs découpés à la tronçonneuse.

3eme rang 13eme rang 2
AssemblageAssemblage (détail)


Jardinage et bricolages

J’ai repiqué des groseilliers que Jojo Gaidot m’a donné. Un jour, il faudra que je vous parle de Jojo Gaidot.
J’ai remaçonné aussi un muret dans lequel est incrustée ma boîte aux lettres, et qui s’était mis à pencher dangereusement (le muret), menaçant à tout instant de s’écrouler sur un mouvement un peu violent de la factrice déposant délicatement une lettre dans la boîte. Qui ne mériterait pas ça, la brave (la factrice, pas la boîte). Le terrain s’affaissait, ou je ne sais quoi.

Édition au quotidien

Au mois de novembre, début, les éditions Verticales en la personne de BW décident de rééditer un roman que je lui avait proposé (à BW) et qui s’intitule  » Elle qui ne sait pas dire je  » – et qui serait d’après BW une des meilleures choses que j’aie publié, il y a bien longtemps, aux Éditions Plon. Je reçois une proposition de contrat. Qui propose un montant d’à-valoir sur droits parfaitement … dérisoire. Je demande donc davantage. Depuis cette date – novembre 2002 – il parait que le grand décideur n’est pas joignable …  » Je te rappelle  » est devenu une sorte de gimmick.
 » Elle qui ne sait pas dire je  » ne sera donc pas réédité aux Éditions Verticales. Mais ailleurs.
Où ça? Où ça?

Hasta luego