Jeudi 9 août 2001

Ouvrir l’œil

On se lève et on se dit: Est-ce qu’il fait beau? Si on ne se le dit pas on y pense, machinalement, ça fait partie, dirait mon Mac, des préférences à l’allumage. C’est le premier souci. Je suis en train de me demander si cette interrogation primale (je pense qu’elle l’a été) me tarabuste beaucoup, au fond. Je n’en ai pas conscience. Tout cela est du domaine de l’in-, j’imagine. Encore que. Encore que tout dépend de ce par quoi on a décidé de commencer sa journée. Par exemple aujourd’hui je m’étais dit que peut-être une petite promenade d’une heure ou deux… Et puis je me suis réveillé trop tard, vers 7h30. La grasse matinée, en somme. A une époque, je me couchais à cette heure-là. Je ne supportais pas cette heure-là, même si c’était une ou deux heures plus tard ou plus tôt, je veux dire: le commencement du jour. Le premier chant des oiseaux: quelle horreur!!! J’ai passé mon existence en mauvaise intelligence avec le matin. Et puis voilà — comme quoi tout peut radicalement changer. C’était la pensée profonde du jour. Et en plus il fait beau — mais trop tard pour la balade matinale, donc je vais passer à autre chose: le décapage d’un vieux meuble qui pourrait bien me faire office de bibliothèque dans l’entrée. On va voir ça.

Vrac du jour:

J’ai dû écrire une page ou deux — deux — hier. Manu and family sont repartis dans leurs espaces. A un moment donné, il y avait un criquet dans les bottes de Lili. la preuve:

Je n’avance pas, ou plutôt peu. Pas vite. A une époque aussi, j‘écrivais un chapitre par jour facile, au pas de charge, les doigts dans le nez. Il me semble que c’était un rythme normal. Il me semble aussi qu’il y avait de la jeunesse là-dedans. Et puis, donc, la maturité aidant… Quoi la maturité? Je connais très bien le fin mot de l’histoire et ce n’est rien d’autre que le souci de faire au mieux, tout simplement. Passer au-delà des accoutumances, plus loin. Plus fort, sans doute. Ce n’est pas une histoire de fatigue ni de vieillesse ni ce genre de conneries, excusez-moi, c’est le turlupinage du travail bien fait. Un point c’est tout. Un point virgule, soyons prudent.

Gorge déployée

J’ai entendu un jour Cavanna se donner bien du mal à en dire beaucoup sur ce subtil point-virgule. Il promotionnait (ça se dit, ça?) un bouquin sien, consacré à la langue, je crois. Le français. Cavanna a pris en grippe le point-virgule, pour une raison floue que je n’ai pas bien saisie, et en plus je n’ai pas lu le livre. Cavanna nous fait bien rire, parfois. C’est con quand ça lui tombe dessus à la télé ou dans un livre. Mais bon.

Souris

Ma souris a des ratés.

FIG

Au courrier, un bulletin d’inscription pour le FIG. Le FIG est une manifestation du livre, un festival dit géographique (Festival International de Géographie) qui se déroule où? à St-Dié, dans les Vosges, quand? à la porte entrebâillée de l’automne sur l’hiver. Et c’est en général rudement bien. Tous mes camarades écrivains et vaines, éditeurs et trices, qui n’y sont jamais allés et à qui je demande si éventuellement ça leur dirait de tenter l’expérience me répondent « certes, mais qu’ai-je à voir avec la géographie, moi? » . Et qui c’est qui doit se taper l’explication une fois de plus et raconter que oui mais ce n’est pas un festival que de géographes mais aussi littéraire, et international, et qu’il y a ENORMEMENT de monde, et que c’est super sympa, et toutes ces sortes de choses. En plus, je ne mens pas. Ceci étant, il y a quand même quelque chose à faire, je crois, sur la com’ de cet événement. Pour balayer les à-priori une fois pour toutes, informer, en somme, et pour qu’on cesse de me dire que « oui mais moi je n’ai rien à voir avec la géographie » et que je me cogne le boulot à chaque fois. Le bulletin d’infos de cette année, il faut bien l’avouer, ne me semble guère engager au rire. Vous me direz c’est pas fait pour. C’est quoi le thème? J’ai oublié, tiens — il faudrait que je franchisse quelques mètres et descende un étage pour consulter le document. En tous cas, pas attractif des masses non plus, le thème.

Pays invité: la Pologne.

Olé!

J’ai lu dans un magazine la pub suivante pour un miracle:


Comment gagner de l’argent sans vous fatiguer?

Et pour quelques francs on avait droit à un mode d’emploi.
Je suis en mesure aujourd’hui, quant à moi même en personne,
de vous proposer le mode d’emploi suivant:

 Comment vous fatiguer sans gagner un rond?

Vous m’adressez un chèque de 100 frs
et vous recevrez par retour la réponse (sic).
Vous pouvez perdre très facilement 100 frs et même beaucoup plus.
C’est génial.

(publicité)

Au revoir pour ce jour d’hui

Je vous quitte. Je vais voir comment décaper ce machin.

En somme, une belle journée s’annonce.

Hasta luego

mercredi 8 août 2001

météo globale:

Il pleut comme jamais (ou presque). Imaginons tous les cris et les râles de ceux qui se sont levés, en vacances, et qui ont vu s’abattre le déluge. Le désespoir. L’invitation au voyage vers les USA où, je viens de le voir à la TV, la canicule caniculise. Au suicide. Caramba. Les vacances sont évidement inconcevables sans soleil, hors de l’image qui nous en est proposée.

En ce qui me concerne, en vacances, je ne suis pas. Quand il m’arrive de proférer cette intéressante remarque, je m’entends répondre une fois sur deux, sinon davantage, depuis une éternité: « Oui mais toi tu y es toujours, en vacances ». Bon. J’ai cessé de rétorquer à qui me rétorque de la sorte. Je suis de moins en moins rétorqueur, en fait. Je remarque ça. Donc je ne suis pas en vacances et il va me falloir écrire 5 à 6 pages au bas mot, ce jour d’hui. Donc, la pluie extérieure ne me gêne guère, en vérité — je suis derrière les mots au 17eme siècle et en mai et il fait beau, là-bas. 5 ou 6 pages, certes. Sinon, je ne m’en sortirai jamais à temps. Me demande où j’en serai arrivé en fin d’année.

Manu and family:

Manu est là. Manu est un pote de mon fils qui est devenu mon pote aussi. Manu est un as de l’ordinateur et un fidèle du Mac. Il a fait le ménage sur ma machine hier soir. Parfait. Un nouveau virus se balade par les ondes, j’apprends ça ce matin — Red quelque chose. Jamais ramassé de ces sales bêtes jusqu’à présent. Je touche du bois. Manu est ici jusqu’à ce soir avec sa family, Olivia sa compagne et Lili — Lili a dessiné ça:

C’est une fée.

limaces and cie:

La pluie m’empêche d’aller me promener. C’est le seul inconvénient. Encore que, je pourrais tout à fait me promener quand même, si je le voulais vraiment. Mais bon. La pluie fait aussi proliférer les limaces. Jamais vu autant de limaces de ma vie, à ne plus savoir où poser les pieds. Encore heureux qu’elles soient silencieuses. Si les limaces chantaient, ou sifflaient, par exemple, en se baladant. Ce serait intenable, en ce moment. Pire que la carrière de mon ami Sylvain à deux cents mètres de chez moi, quand il s’y met avec ses bull. et ses tracteurs et ses pelleteuses et son concasseur. Il semblerait que la pluie a eu raison de Sylvain aujourd’hui également.

Je supporte de moins en moins le bruit.

projets:

Coup de fil hier d’un pote de L’est Républicain qui me branche sur un boulot pour un magazine. Un papier sur les Vosges. Je ne suis certes pas un spécialiste des Vosges, mais bon, je vais essayer de pondre un feuillet. C’est un boulot bienvenu.

Hier aussi, reprise de contact avec un éditeur pour un petit texte sur la préhistoire. Nous allons voir ça, et ce que je peux faire, dans quelques semaines. Bienvenu aussi, ce travail, mais j’ai du mal à quitter mon roman.

facteur:

Il est 9h30, le facteur (ou la factrice, cela dépend) n’est pas encore passé. La pluie pour me moment s’est arrêtée de tomber et « il fait moite ».

voisin divers:

J’ai un autre voisin, « en bas de chez moi », un ami aussi, un menuisier-ébéniste qui a racheté il y a peu un hangar proche, le hangar d’une maison encore plus proche et à vendre. Il est en train de s’installer et de tronçonner des arbres à tour de bras dans l’alentours Pour faire net et propre. Sans doute. Me voilà avec des craintes…

Cosette story:

Tout-va-bien.

Météo perso:

J’ai l’impression qu’il faut que je fasse un million de choses sous peu. Et que je n’y arriverai jamais.

Hasta luego

06 Août 2001

Pierre Pelot

The Retour

Il est de retour ! De retour de où ? De retour de quoi ?
De retour d’ailleurs, pourrons-nous dire, sans que ce soit ni ailleurs ni loin et les deux à la fois.
Bien. Todo bien.

Quelques mois se sont donc passés depuis la dernière mise à jour de ce site. Quelques mois pendant lesquels, ponctuellement, j’ai reçu un certain nombre de mail me faisant remarquer que ledit site, dommage, n’était pas mis à jour depuis un certain temps. Damned je le savais, mais il n’empêche que j’étais fort aise qu’on me le fît remarquer, me prouvant par ce souci-là qu’on pouvait donc avoir envie de jeter un coup d’œil dans cette lucarne. Donc voilà. Tout est de nouveau en marche, en action, et je l’espère régulièrement et pour longtemps.

Avant tout je me dois (et me fais un plaisir) de signaler ici que ce site, sa mise en forme, son aspect toutes ces sortes de choses qui lui vont avec, ce site est l’œuvre de Bernard Visse, un ami mien à qui je dois, vous n’imaginez pas, un grand nombre de remerciements. C’est lui qui a tout fait. C’est lui qui le premier et depuis belle lurette me pousse à remettre la machine en marche, me suggère des choses à faire, etc. Il n’est donc pas en cause, ö combien non, dans le silence et l’immobilité de ces pages (des pages peuvent-elles être silencieuses? Oui Immobiles? Oui). Je remercie mon camarade, et bien sincèrement.

Comment, donc, animer et faire bouger ce paysage à la fenêtre? (Non, ce n’est pas une tentative de réponse et un mode d’emploi à quelque processus d’animation 3D… ne commençons pas à jouer sur les mots… ou plutôt si, justement, jouons…) Je voulais dire, donc: comment vivre agréablement à l’intérieur de ce site ? La seule réponse que j’aie trouvée jusqu’à présent est celle-ci: c’est peut-être le meilleur support pour ce que je voulais faire depuis un moment déjà: une sorte de journal, de chronique régulière, sur tout et sur rien. C‘est à dire ce qui retient mon attention au fil des jours, quand elle (mon attention) l’est (retenue). Un truc comme ça. J’eusse aimé bricoler la chose dans les pages de quelque journal, ou magazine, que sais-je… eh puis, eh bien et puis je ne me suis guère secoué pour proposer la chose ici ou là et à droite ou à gauche ,pas plus ici que là ni à droite ni à gauche, et personne (je pense à des magazines et journaux) ne me l’a proposé non lus. Donc… Donc, pourquoi pas rendez-vous ici?

J’y parlerai de mes journées, de leurs quotidiennes importances, importances toutes subjectives s’entend, il ne manquerait plus que ça. A la différence que par le biais du courrier nous pourrions aussi éventuellement converser, mais je ne promets rien — voyez comme je suis. On me dira: il faut être singulièrement prétentieux pour s’imaginer d’importance à publier ses pensées du jour, à donner ses avis en pâtures sur telle ou telles chose. C’est exact. Mais après tout Beigbeder (dont je ne serai jamais certain de l’orthographe patronymique) le fait bien et à quel titre, je vous le demande, et combien sont-ils dans son genre, je vous le redemande, à me donner ce mauvais exemple? Il suffit qu’on me donne un mauvais exemple…

Donc voilà.

Ça s’appelle: Bavardage. Soliloque serait plus juste. Mais c’est Bavardage, et ça le restera jusqu’à ce que je trouve mieux. Ce qui ne saurait tarder. Ce sera décousu, je me connais. Souvent n’importe quoi, au fil … au fil de quoi? Au fil. Je me connais, vous dis-je, pas très bien certes mais quand même un peu.

Ce sera du style:

Aujourd’hui samedi 4 août, 9h25, il pleut. Il fait moite. C‘est vert par la fenêtre de mon bureau. On se croirait en Louisiane où je ne suis jamais allé en chairs et en chairs (j’étais enveloppé à cette époque où je rêvais de voyages – c’était avant que je m’en aille un peu). Il est 9h27, donc, et des orages s’abattent sur la France et ses vacanciers, ce dont u fond je me fous un peu beaucoup – les orages épargneraient-ils la France des gens au travail?) Ici, la maison est calme, ses occupants ne sont pas encore levés, bravo. Mon épouse et mon fils (ici pour quelques semaines) et des amis venus respirer l’air pur, les voilà gâtés, pour quelques jours. Tout ce monde dort. Et Cosette aussi, dans le fauteuil, derrière moi. Cosette est une chatte sdf trouvée il y a quelques mois, qui a bien eu des malheurs récemment: sitôt ici dans les verdures: fiancés, enceinte, et récemment accouchement difficile: un petit né normalement puis 24 h plus tard un autre mort, et 24h plus tard césarienne, stérilisation – et un autre bébé VIVANT! Voilà le tableau:

Sinon il va falloir que je me mette au travail, comme on dit. J’écris, voyez-vous. Chaque jour un peu, une couche, quelques pas vers le final lointain au bout d’un horizon bien flou. L’histoire s’appelle « C’est ainsi que les hommes vivent », c’est un très gros roman qui court sur quatre siècles dans cet coin perdu de la Lorraine et des Vosges qui est « ma » vallée, où je suis né et où je vis encore. C’est pas rien — pas d’être né ici, encore que, mais d’écrire cette histoire. Je serai en retard.

Je vais aller y faire un tour, le ciel s’assombrit, c’est une nouvelle averse qui se prépare à s’abattre sur les vacanciers de France et sur moi aussi sous mon toit fort heureusement.

Hasta luego.

Je vous avais prévenus – ça ressemblera à ça.

Bavardage, donc…