Jeudi 6 septembre 2001

C’est la rentrée

Il me semble avoir déjà entendu ça. Depuis quelques temps il ne se passe pas une semaine sans que ce soit la rentrée — me dit-on comme si c’était la première de mes préoccupations. La rentrée de ceci et la rentrée de cela. D’une certaine catégorie d’écoliers, d’une autre, de certains zommes politiques, d’autres, littéraire, télévisuelle, radiophonique, des carpes dans les étangs, des couturiers, théâtrale, dans les murs, les arbres, et que sais-je encore. Aujourd’hui, voilà que c’est une nouvelle rentrée des classes, donc, pour quelques-millions-de-jeunes-enfants, et au journal de 13h nous aurons droit à des images sélectionnant quatre de ces quelques millions en train de pleurer au seuil de leur vie de citoyen. Ça va être une belle journée, je sens ça. Pour le moment il est 8h 27, rien de grave dans mes environs, c’est déjà ça de pris.

Rubrique étrangetés

(Si je saucissonne ce bavardage en rubriques c’est pour que ce soit plus lisible et aéré, vous savez tout.)

J’ai reçu ça hier par mail:

Cher(e)s tou(te)s,

Pour un prochain numéro de x*, nous recherchons les personnes intéressées par un questionnaire sur Harry Potter de J.K. Rowling (Gallimard jeunesse). Nous avons déjà contacté les anglo-saxons. Voilà les questions :

Selon vous :

Est-ce que JK Rowling a apporté ou non quelque chose au fantastique jeunesse avec Harry Potter ?

Comment analysez-vous ce phénomène littéraire et la pottermania des jeunes lecteurs (est-ce bon ou non) ?

Pensez-vous que ces lecteurs sont bien plus destinés à devenir des lecteurs de fantastique que les lecteurs de R.L. Stine (Chair de poule) ?

Enviez-vous ce succès ?

Les réponses doivent nous parvenir pour le 15 octobre. Merci de vous mobiliser pour que nous ayons autant de témoignages francophones qu’anglo-saxons.

*Par soucis de je ne sais quoi, d’instinct, je ne cite pas la source, mais cela dit je le pourrais, c’est une revue axée fantastique que dirigent des petits jeunes sympas, qui commencent d’ailleurs à ne plus l’être tant que ça, jeunes, hé hé hé, et voilà que tout ce qu’ils trouvent pour se donner l’air de le rester, jeunes et sympas, c’est ce questionnaire sur lequel je ne ferai AUCUN commentaire.

Le soleil vient de se lever, c’est une belle journée qui s’annonce, bis.

Rubrique intérêt national :

(voir précédente)

Rubrique sans commentaire

(j’ai dit que je n’en faisais AUCUN)

Rubrique « J’adore la question »

J’adore la question : Enviez-vous ce succès?

Rubrique magazines

Connaissez-vous Ténèbres? C’est un magazine que dirigent d’une main de fer enthousiaste des petits jeunes sympas et qui parle (qui écrit, plutôt, le magazine) de fantastique, et qui en fait le tour dans tous les sens, c’est plein d’interviews fondamentalement incontournables, d’articles de fond (NON! pas le ski ! n’allez pas leur écrire pour acheter des lattes ou une paire de pompes, c’est malin…), de trucs et de critiques et de machins, tout, en un mot. J’entends dire de partout que c’est bien. En général, « partout », ce sont des personnes tout à fait fiables, je leur fais donc confiance, quant à moi il y a lurette que je n’achète plus de magazine ni de veau aux hormones et lurette idem qu’on ne m’en adresse plus à je ne sais quel titre — de veau aux hormones non plus, d’ailleurs. Les temps changent.

Voilà que j’entends Sylvain-mon-pote-de-la-carrière-d’en-bas qui vient de mettre en marche son tracto. Ça va être une belle journée, ne manque plus que l’ami qui? Ri-co-ré !!!!

Nostalblues

Quand j’étais petit, mais déjà plus tant, j’avais sainte horreur de cette période de l’année. Pourquoi dit-on « sainte » avant « horreur »? Existe-t-il en contrepoint une damnée horreur? Sans aucun doute. Une sainte horreur donc de cette période de rentrée. Pas tant à cause de ce qui m’attendait que de ce que je laissais derrière… les vacances, le soleil, l’odeur du foin coupé, les jours qui se lèvent sur un rai de soleil traversé de poussière dorée par l’interstice du volet, les jeux avec mes camarades — on jouait aux « Diables de Guadalcanal » dans les arbres, c’étaient nos avions on sautait en parachute quand il étaient touchés par les Japs, un carré de tissu accroché par quatre ficelles aux épaules, des fois ça se mettait en torche, on tombait de 1000 pieds et on s’écrasait comme des merdes dans la rivière, un jour Claude s’est cassé le poignet —, des lectures de Spirou chaque jeudi étalé sur une couverture au bord de la rivière qui était encore une rivière honnête. Etc. Soupirs. Et voilà bing que c’était le temps revenu des brumes matinales fraîches des feuilles fritées qui commencent à tomber une à une, de l’odeur de vase sur la rivière. Trois fois que je parle de la rivière en quelques minutes. La rivière était notre monde, un univers à elle seule. Un jour je tenterai de le raconter. Un jour que je mangerai une bonne, une très bonne madeleine.

On jouait aussi aux Indiens. Aux cow-boys et aux Indiens. C’est de là sans nul doute que date mon intérêt pour le western et au-delà pour la vraie histoire derrière le mythe. La preuve que ça me turlupinait sec cet univers, tout petit déjà…

Certes, c’était pas Harry Potter.

J’avais dit: no coment!

Ha la la…

A cette heure, c’est donc la rentrée, des milliers de gens, voire davantage, se ruent à leur travail dans les métros et les trains et sur les routes. Et même à vélo. Je cherche un peu désespérément l’ami Ricoré dans la foule.

Il y a bel et bien des brumes matinales. Frisquet. Je vais aller m’y mouiller un peu les pieds, couper du bois pour la chaudière.

Hasta luego.

Jeudi 30 août 2001

On se lève et pof: la pluie. Une petite pluie, pas des cataractes, pas même une vraie averse. Si nous n’étions pas le 30 août, je dirais une pluie de printemps. A 8h, sous le ciel vaguement modelé en gris, avec un souligné de la ligne de remous des nuages, la lumière est claire et irisée.

Or donc, c’est la rentrée.

Il y a peu, un mois durant au bas mot, journaux, magazines, télévision et radio nous ont prévenus: les vacances allaient arriver. Et ce fut effectivement les vacances. Il y a un mois au bas mot again, ces mêmes voix commençaient de nous annoncer la rentrée. C’est la rentrée. On va bientôt nous parler des vacances de la Toussaint et de Halloween. « On », ce sont précisément ces voix écrites ou parlées citées plus haut, les voix qui nous disent comment est, va, respire, se porte, bref à quoi ressemble le monde. Parce qu’il ne nous suffit plus de regarder autour de nous, ce monde-là est riquiqui. Le plus proche qu’il soit, le plus vrai, comment dire? le plus ancré dans votre/notre réalité, non, celui-là n’est que roupie. De sansonnet, cela va sans sonner bien sûr. Le vrai, de monde, celui qui n’est jamais vu de nos yeux vu, jamais senti de nos narines senti, touché de nos mains touché, ce monde-là donc est un monde de rentrée, et il va falloir vous y faire et vous y adapter, à la rentrée.

Tant pis pour vous qui n’êtes pas sortis. Le diapason, ça s’appelle.

Dans ce monde-là que les voix sus-citées mises en causes nous décrivent et nous formatent, il existe plusieurs sortes de rentrées: des classes, politique. ET la rentrée littéraire.

Grand combat, la rentrée littéraire… Pfff…

( La rentrée littéraire, part 1)

Nous allons en subir les éclats jusqu’aux Prix — les Prix sont en gros un avatar de la rentrée. Le « monde littéraire » va s’agiter, brasser de l’air, du bruit, des textes imprimés et des paroles. A la pelle. Les romans attendus ( par qui?) seront donc soit des merdes soit des chef-d’œuvre, Houellebecq aura dû avoir à une voix près le Goncourt qui est comme chacun sait mon vieux le scandale mérité attendu que nous connaissons tous, ding! la caisse enregistreuse, deux ou trois autres feront les pitres, la plupart des véritablement bons romans sortis dans la masse passeront inaperçus puisque, mon pauvre chéri, les journalistes habilités à en parler n’auront eu ni place ni temps ni antenne pour le faire après avoir donné tout ce qu’ils savaient, leurs tripes, coco, à ce bon vieux Houell’ et quelques autres échappés, sans oublier celui qu’on n’attendait pas au détour d’un petit coup de, disons, scandale — pas plus simple à vous bâtir qu’un bon p’tit scandale, pseudonyme de n’importe quoi — , Beigbeider fera son malin partout où il faut, Lumbroso ressortira pour nous son meilleur regard à la Droopy, Durand Guillaume sera attendu au tournant… trois petits tours, roulements de tambours, et paf, que vous disais-je, ce sera Noël! C’était bien la peine de s’énerver.

Il y a bien longtemps que je n’ai pas donné de nouvelles des chats, me fait-on remarquer. Ha ha! les deux petits (toujours en quête de noms pour le moment et se contentant de provisoires « Pic » et « Poc ») désormais circulent. Flageolants, certes, mais circulent, courent, vont et viennent.. Ils ont quitté le bureau pour la chambre d’ami, sur une couette au sol, d’où ils lancent des explorations. Ils disent mi et miu et Cosette leur cause de son bruit de mandrin de perceuse. ¡La vida !

Mystère en forêt

Donc, comme je vous le signalais précédemment, je me promenais tranquille et voilà que mon œil est attiré par une tache blanche, au pied d’une souche.

Ce truc-là:

Je vais voir ça de plus près: un cube, une sorte de cube, blanc, en espèce de matière plastique compacte, lourde, la matière, d’environ 30X30X40cm, le cube — donc pas un cube, un parallélépipède, oui, bon.

Enfin, donc, voilà.

Avec un trou au centre, et puis sur une face des espèces de crénelures.

En pleine forêt. J’ai pas touché …

Je ne suis pas retourné là-haut depuis, je ne sais donc pas si ce machin est toujours là. Je vais m’en assurer.

Fait divers

J’ai ramassé, ce qui est une façon de parler, une tique. Je suis très tiques. Une histoire de sueur j’imagine. (Intéressant, merci.) Premier cas de figure: Vous prenez quinze honnêtes personnes normalement constituées, dont moi, vous les lâchez en forêt. Une tique passe. Une seule. C’est pour ma pomme. Second cas de figure: Les quinze mêmes, et voilà qu’un troupeau de tiques passent. Tout le troupeau pour ma pomme. C’est ainsi. Il existe des « arrache-tiques » qui sont des petits appareils très efficaces — quand on s’en sert. J’ai voulu arracher cette tique infâme sans l’appareil, à la sportive, et crac, résultat je lui ai laissé les crocs et les pattes, c’est pareil, dans ma viande. Je vais donc devoir aller visiter un camarade médecin qui saura. Ha la la.

Infos

J’ai décidé de mettre aux enchères des livres et des BD rares sur iBazar.

Ensuite mes manuscrits.

Ensuite je brûlerai mes meubles (vu que ce sera l’hiver).

Ensuite on avisera.

La pensée du jour

Pfff…

La parole du jour

Pfff… quoi, pfff?

hasta luego

Dimanche 26 août 2001

Or donc ce dimanche fut un jour de grande promenade dans les forêts. Trente kilomètres, pas moins, depuis chez moi, plus exactement d’un endroit nommé Plein du Canon, sur la route qui monte au Ballon d’Alsace, jusqu’à un autre endroitnommé, lui, La Planche des Belles Filles, en Haute-Saône. Le nom est joli, n’est-ce pas? Il vient d’une triste histoire, à l’origine, que je raconterai peut-être un jour. L’endroit aussi est joli, avec grand calme et vaches paissant en regardant passer les passants. Un hôtel restau sympathique, un paysage superbe, du soleil là-dessus. Et en sus un copain qui s’occupe des domaines skiables (quand il y a de la neige, of course) et des domaines environnants pas skiables mais promenables quand il n’y a pas de neige. C’est un ami qui s’appelle Toto, je le connais depuis qu’il est haut comme ça, il accompagnait avec son père, que j’ai toujours appelé Monsieur Claude, qui était alors installateur de télé et venait pour cela à la maison, un personnage, et qui exploitait aussi une ferme perdue dans les hauts, c’est ainsi qu’on dit, et même qu’un jour il a trouvé de l’or. He oui. J’ai dit: un personnage. Toto est le fils de Monsieur Claude. La dernière fois que j’ai vu Monsieur Claude, et Madame, c’était à la vente de livres d’occase d’Amnesty, à Remiremont, ils cherchaient des romans de Giono. J’espère qu’ils vont bien. Donc, avec Toto, nous avons mangé notre tomate et notre poulet froid et notre tranche de pain et notre pêche, dans un petit chalet avec vue sur la vallée et la forêt de St-Antoine. Puis sommes repartis — dans les 15 à 16 bornes pour le retour, hein, on ne s’attarde pas en festivités dans ces cas-là. Sommes passés par un endroit qui s’appelle l’Etang des Belles Filles, auquel on accède par un sentier forestier descendant (qu’il a fallu remonter ensuite…) Endroit superbe again. Mon rêve, c’est ça: une maison au bord d’un étang de cet acabit, dans la forêt. Dimensions canadiennes si possible, mais hautes-saônoises me conviennent aussi.

Donc, là, après tout ça, à l’heure actuelle, trente kilomètres dans les mollets. Ça va.

Sur le bord d’un chemin, ça:

Après le « bonhomme fontaine » de l’autre fois, on pourrait carrément entamer une série.

La Grande Goutte est un refuge de montagne, ouvert à tous les promeneurs. A mon avis, il est surtout et principalement investi de façon rituelle par une bande de zozos genre pas tristes qui viennent y festoyer le ouikende. On en a vu quelques-uns, là, en revenant… dont un type de mon village que je n’avais pas vu depuis des lustres et qui m’a reconnu et qui a voulu me faire lire, « puisque t’es écrivain », un texte « écrit par les filles sur la Grande Goutte et sur toute la bande ». Même là! en plein trou du cul du monde et au cœur de la forêt, voilà que je dois lire un manuscrit!!! On est partis sans trop tarder — dans ces cas-là, vaut mieux pas. Je ne sais pas qui sont « les filles » auteuses du texte (qui a dit « scies sauteuses »? c’est malin), des copines de la bande sans doute. Je soupçonne les zigotos d’êtres les signataires anonymes de la pancarte indiquant le refuge, ci-dessus. Allez savoir pourquoi.

Pendant la promenade, une parole du jour (il y en a eu plusieurs, au fil du jour) d’Irma, après un grand grand grand silence: « Je vais m’acheter un short large jusqu’aux genoux ».

Sinon c’est la rentrée.

Sinon Léotard est parti sans laisser d’adresse où lui écrire, où on peut lui écrire, il a déjà répondu. Hasta luego, amigo.

ainsi que lundi 27

Hier, nous sommes allés nous promener longuement… (voir ci-dessus).

Mais ainsi que:

Avant-hier, je suis allé me promener plus courtement qu’hier, en une autre forêt, et j’ai trouvé un truc étrange, je vous jure que c’est vrai, j’ en parlerai plus tard, je crois avoir mis le nez sur un mystère…

Sinon c’est la rentrée (bis)

On va bien me casser les burnes pendant une quinzaine avec ça, au bas mot, non? C’est l’actualité des français, donc du monde.

Hasta luego

Jeudi 23 août 2001

J’aurais tendance à dire: damned comme le temps passe! Une fois cela exclamé intérieurement, bonne chose faite, je suis bien satisfait de ma journée, qui n’est pas encore terminée, certes, mais pour le moment c’est parfait. Bien écrit, tout l’après-midi, et il est 20h. Je me suis bien sorti je crois de ce passage. C’est étonnant: j’ai souvent raconté à qui veut entendre que je ne suis pas du genre à m’embarquer dans l’écrit sans savoir où je vais. Certes. Je sais en tous cas où je veux aller. Comment, c’est une autre histoire. Pour celle-ci (d’histoire) je dois flotter quand même aux alentours de 600 000 signes, là, en ce moment, et je ne suis pas encore entré dans la partie de l’histoire qui devait en être son début, dans mes premières intentions… Il y a quelques jours, un personnage est apparu, auquel non seulement je n’avais pas songé jusqu’alors, mais qui, j’en ai bien l’impression, va prendre une jolie importance. Un colporteur. Tout cela, je suppose, parce que je lisais un ouvrage sur le jargon, l’argot, le narquois, langages des gueux, mercelots et truands en tous genres du 15eme siècle, et bien que mon histoire à moi se situe au 16eme. En tous cas ça roule bien. Croisons les doigts — ce qui n’est pas la meilleure façon de les tenir pour écrire, j’en conviens.

La journée avait curieusement commencé —réveillé à 6h30 pile par Cosette qui est venue ronronner un coup bref mais néanmoins péremptoire dans mon oreille. Je dis ronronner, c’est inapproprié. Cosette ne ronronne ni ne miaule, mais produit un mélange des deux, une sorte de « brooou » difficilement traduisible avec des lettres, mais qui ressemble absolument au bruit que fait le mandrin de ma perceuse quand je le desserre à la main. C’est étonnant. Je m’interroge de plus en plus sur l’éducation qu’a pu recevoir cette chatte, avant qu’on la recueille. Quelquefois, je l’appelle « Madame Brou ».

Ensuite, je suis descendu à la scierie/carrière de pierres et sable de mon pote Sylvain, en dessous de chez moi. Pour lui dire que j’avais préparé le frêne abattu par la tempête de l’autre fois, et qu’il pouvait venir le chercher, et le scier en planches, avec lesquelles un autre copain menuisier me fera une nouvelle façade pour le meuble que je décape et dont j’ai déjà parlé. C’est très simple. Sylvain se méfie (et je le comprends) des particuliers qui lui amènent des troncs à scier, dans lesquels (les troncs, pas les particuliers ) se nichent des éclats d’obus ou autres saloperies ferrailleuses qui lui niquent ses lames de scie. Je le comprends. J’ai passé une matinée à écorcer nickel et nettoyer mon frêne pour ne pas niquer les lames de Sylvain. Bien. Du coup, je me suis retrouvé dans le camion de Sylvain en train de livrer du sable dans une autre scierie du village voisin où des individus faisaient des travaux de maçonnerie, du béton je crois…

Ensuite, une fois de retour, un peu de travail sur mon cousoir de reliure.

Ensuite faire à manger. Et puis re-ensuite écriture, donc et là, ouf…

Il a fait chaud. Les chats (encore!) ont pour le moment élu domicile à l’autre bout de mon bureau, derrière et sous le photocopieur. Je les entends mener de fameuses parties, et quand je me lève pour aller les surprendre, ils me regardent d’un air de dire: « Nous? ha non, c’est pas nous, nous on fait rien…»

C’est orageux en Corse. Même Belmondo…

BOCALS

Il faudra bientôt que je réalise la 4eme aventure des Bocals. Attention, la seconde la semaine prochaine!

Communiqué

A vous tous, quasiment innombrables, qui ne vous êtes pas manifestés, qui ignorez sans doute mon existence avec autant de conviction que j’ignore la vôtre, je voudrais dire à quel point votre attitude me va droit au cœur, et vous prie d’accepter mes salutations les plus amaigries.

Info

Je n’irai pas à Nancy cette année, au Livre sur la Place. D’abord parce que. Ensuite (et surtout) parce que encore, mais vu sous un autre angle. Trop de travail à éponger ici plutôt que d’aller croiser monsieur le maire (et madame) dans un repas, quelque soir, et leurs regards à chaque fois posés fissa sur moi comme si je sortais de la tombe — pas de la mienne, de la leur. Sérieusement, quand je dis trop de boulot, c’est trop de boulot. Un jour, à Nancy, au Livre sur la Place, j’ai participé à un attentat, côté victimes, au ketchup. Les lanceurs étaient m’a-t-on dit des petits cons nazillons. Je me demande ce qu’il en est advenu, tiens. Mais ça ne me tracasse pas outre mesure. Ils m’ont salopé une veste que j’aimais bien.

Info

Par contre je vais à la Fête de l’Huma. En septembre. Youpi. J’avais promis l’année dernière. Ce sera sans doute ma seule sortie d’ici à la fin de l’année.

Car les années se suivent…

L’année dernière, en cette saison, mon fils était à la maison et sculptait 108 (et même plus) bustes de lapins morts-vivants qui devaient participer à une expo («  l’Enfance de l’Art ») à Nancy, expo qui fut un franc succès, organisée par les Déménageurs, je crois. Si je ne m’abuse (merci docteur) Sinon je rectifie. Mais c’était rudement bien. Cette année, il est en train de travailler sur 130 figurines assez mystérieuses destinées à un autre mystère qui me parait bien mystérieux…

Il serait question de « Stein Girls»…

Ma mère, elle, aurait dit: Mais quel âge que t’as?

Je ne le dirai donc pas. (En plus, ça me parait pas mal, son histoire… Mais 130!!! Cent-trente fois un!!!…

Tremblement de terre

Eh bien non, le changement de logis du site ne s’est pas effectué, hier, comme prévu, pour cause de chargement impossible de GoLive et de diverses autres bricoles. Nous attendons PageMill, nous ne savons pas ce qu’il en sera… Nous verrons. Nous aimerions que ça s’arrange.

A l’heure actuelle…

A l’heure actuelle, Peggy est en Australie

(Cliquez sur le kangoo pour agrandir Peggy)

C’était notre rubrique: A l’heure actuelle.

Prochaines parutions

Prochainement, des parutions.

C’était notre rubrique « Prochaines parutions »

Dernières miettes avant le sommeil

Ce soir, il y avait de la salade de fruits au dessert. pourtant mon fils a dit: « Tiens, je crois que je vais prendre un Folies, moi… » A faire des Stein Girls, on en arrive immanquablement à ce genre d’extrémité, c’est fatal. Nous avons regardé La Bostella (avec deux « l » ou un seul, voilà qu’un doute m’assaille!) de et avec Edouard Bear, sur Canal. Savez-vous que j’aime ça?

Mon épouse est allée au Théâtre du Peuple, à Bussang. Moi non. Mais je suis quand même allé à Bussang, ce matin, livrer du sable avec Sylvain-de-la-carrière-d’en-dessous. Nous n’avons pas vu le même spectacle. Moi, c’était moyen, les acteurs de la scierie « La Jurassienne » pas terribles, la mise en scène un peu fade — la réplique, au premier acte, « Chacun ses outils, hein », que le type en bleu lance quand il ne parvient pas à fixer la ridelle latérale du camion, est pourtant franchement drôle et laisse augurer d’un joli travail sur le texte, et puis non, déception, quant au silence du gro encasquette de baseball, je n’en dirai rien. Elle je ne sais pas, tiens, au fait, nous n’en avons pas parlé, je travaillais encore quand elle est rentrée et ensuite elle s’est occupée de cuire les haricots verts et la saucisse puis nous avons mangé en devisant et après quoi il y a eu La Bostela (j’essaie avec un seul « l » aussi). Je lui demanderai demain.

Hasta luego

Vendredi 24 Aout — Zéro heures et des poussières

Bonjour! Nous ne sommes que poussières de vendredi, mais pourtant déjà.

Buenas dias!

Mardi 21 août 2001

Voici venir le temps de grandes perturbations…

J’ai des millions de choses à faire.

En premier lieu, j’écris un livre, n’oublions pas, tout le reste est en annexdotique… La priorité, évidemment, c’est l’écriture de ce roman. C’est même une priorité depuis des mois, pour ne pas dire des années. A dire comme cela peut sans doute paraître excessif, et pourtant. Et pourtant, c’est bel et bien le cas. Étonnant comme un sujet (appelons cela un sujet) peut s’installer en vous et vous investir et vous hanter et vous posséder — et devenir une sorte d’hôte parasite, en quelque sorte, et faire partie de votre existence jusqu’à la ronger totalement et en être un beau matin le noyau principal. Écrire, qu’est-ce que vous imaginez, n’est pas seulement écrire — c’est tout le reste, avant, pendant et à côté, simultanément. Écrire c’est regarder, ça se fait non pas avec un clavier ni un crayon ou une plume, ça ne fait avec les yeux, au-delà ou sous les paupières. Fondamentalement. C’est très fatiguant pour la vue. Alors, qu’en plus de ça j’aie des millions de choses à faire est accessoire, forcément, en filigrane, ou comme un fond de paysage dans la brume de septembre. Écrire, eh bien voilà: c’est être en septembre jusqu’au mot « fin ». Après quoi, comme chacun sait, c’est l’hiver. Et c’est sans doute pour cela que j’aime bien l’hiver, et qu’en hiver je n’ai hâte que de printemps revenu… Sinon Je crois que j’ai trop parlé de ce roman et de mon intention de l’écrire, depuis des années. Je crois que je n’aurais pas dû. Ce n’est pas la meilleure des choses à faire, ce n’est pas très clean vis à vis de l’histoire, toutes ces petites indiscrétions, ces racontars, ces mouchardages. Désolé. Je ne le ferai plus.

Pourquoi les grandes perturbations? Parce que c’est un risque à courir: demain, en principe et sauf tremblement de terre, le site change de logis. Cela veut dire qu’il quitte le home de l’indispensable Bernard VISSE pour s’installer sous mon toit et à mon clavier. C’est donc votre serviteur en personne et en baskets qui se chargera désormais de charger. Ça se pourrait que ça craigne un peu, mais nous ferons tout pour que non. Et donc, sauf incidents indépendants de notre volonté…

Enfin, bref.

Décapant

C’est ce truc-là que je décape. Si tout va comme je veux, ça peut finir en belle chose…

La presse a dit

C’était pas la presse écrite mais la presse télévisuelle, en l’occurrence la téloche:

« Dans l’affaire Santoni, la police privilégie pour la thèse du règlement de compte. » (sic)

( LCI )

A un moment sans doute ils se sont demandés si ce n’était pas une catastrophe naturelle.

Docteur Bricolo

Je suis en train de me fabriquer un cousoir. Je vous le montrerai.

Ensuite il va falloir que je me fabrique une presse à relier. Un comique à Fontenoy-la-Joûte a essayé de me vendre une presse dite Méredieu, à laquelle il manquait des pièces et en plus toute piquée des vers. Si vous allez un jour à Fontenoy-la-Joûte, méfiez-vous des comiques, ça grouille. Par contre il y a aussi des bouquinistes d’une honnêteté étonnante, je dirais même sidérante, et en plus rudement sympas (et Billle chien aussi) à n’y pas croire, et un relieur sympa, et un fabriquant de papier… Fontenoy-la-Joûte est un village du livre. Mais il y a aussi des comiques à la pelle. Es la vida, dirait Jean-Jo.

Adios!

Vendredi 17 août 2001

Météo

La météo nationale française qui n’est décidément pas une science fiable avait omis, si je ne m’abuse, de prévoir des orages sur la Corse. D’aucuns par contre, parmi les autochtones, forts de leur bon sens, en parfaits gens du pays habitués à lire et reconnaître les indices inscrits dans l’entour, avaient reniflé des symptômes — mais… 1) soit on n’écoute pas les gens du pays, 2) soit on les entend et on décrète alors que, puisqu’ils disent ceci ou cela, c’est que c’est inéluctable, et puis c’est tout.

François Santoni est mort en orage. En revenant de noce.

Comme quelques millions de gens sur terre, je ne comprends pas forcément les problèmes et exacerbations corses, sinon rien pas tout, et je ne m’en donne guère la peine non plus vu que même ceux qui savent et sont au courant de tout vous disent que de toutes façons on ne saura rien. En gros. (Et puis c’est pas non plus que ce soit mon souci principal, j’avoue.) Alors… Mais quand même. J’en sais suffisamment, et bien que n’ayant pas encore lu les livres écrits par ledit Santoni, pour trouver que ça la fiche mal de mourir comme ça. Ça la fiche mal de mourir, de toutes façons. De mourir de certaine façon, encore plus. Ça la fiche mal de mourir pour une idée, et c’est carrément tarte pour certaines — des idées. C’est quand même mieux de vivre pour, les idées, je trouve, d’autant que le but est là, et qu’ils disent que c’est pour leur vie qu’ils veulent bien en mourir, ceux qui en meurent, pour la vie de ces idées à qui ils donnent la leur. Pfff. La belle avance eut dit ma mère. Et puis encore: je ne suis pas certain qu’on donne sa vie pour une idée ou pour une cause, mais je suis sûr par contre qu’on vous la prend. Les martyrs, le savent-ils, sont fatalement des éculés de première.

La Corse est une sorte de grand vide-grenier où l’on continue de vendre à prix d’or, sur les trottoirs, principalement en été, de vieilles méthodes défraîchies reliées pleine peau de l’enculage.

Coup de blues

J’ai regardé sur Canal + il y a quelques semaines le documentaire en deux parties consacré à Napoléon. Très bien fait au demeurant. Et puis, en conclusion, bien fait pour sa gueule aussi, finalement. Il en ressort que Napoléon était quand même un fieffé triste sire. Comment peut-on vénérer et admirer ça? Je pose une question idiote, je le sais bien, comment. Ça me désole.

Ouverture

Je ne sais où en France, dans quelle région, c’était hier l’ouverture de la chasse aux sangliers, avec images à l’appui dans le journal télévisé.

En avant les gros cons! A l’assaut! à l’attaque, sonnez trompes et cornes, sortez les tenues de camouflage et les flingues et les chevrotines et les balles dum-dum et les coutelas de survie, plus vite que ça, les casquettes de commandos et les grosses moustaches et les packs de bière et les 4X4 et la mirabelle: le grand jeu, les leitmotiv aussi sur l’utilité de ce « sport », et les tartufferies et les hypocrisies et les mauvaises et fausses bonnes raisons de s’en aller-t-en guerre, Banzaï! et encore: ceux-là, c’est pas contre des oiseaux migrateurs, ceux-là risquent éventuellement de se faire embarquer par un fauve, encore que c’est pas souvent, jamais vu, mais enfin on peut rêver. Dans pas longtemps, ce sera l’ouverture générale de la chasse contre tout le reste, vlan! et une nouvelle vague de gros cons, une! De 7 à 77 ans, les bobonnes s’y mettent, tenues de Rambo elles aussi, et même les gamins, hauts comme ça, camouflés pareil, j’en ai vus ils m’ont regardé d’un oeil mauvais, au passage, je mettais les pieds dans leurs plates-bandes, ils vont s’amuser en famille à l’assaut des chevreuils et des lièvres et des écureuils (quand on n’a rien d’autre à se mettre sous le flingue, et s’il en reste autre chose qu’un trou on en fera une bel objet d’art empaillé au-dessus de l’insert du salon). Cette engeance est désespérante de connerie grave puamment parfumée au lard frit et au rouge. Une deux, une deux, lâchez les cons, les gros, les furieux, les rougeauds, et si vous leur demandez pourquoi, pas un qui vous dira, en face: parce que j’aime bien tuer.

Voici bientôt venir le temps des forêts investies et à leur merci, à leurs rangers. Bien sûr que je vais continuer mes balades. Je me demande juste si je ne vais pas, moi aussi, prendre un fusil. Pour la légitime défense.

Rappel

Lundi prochain 20 août: premier épisode de Les Bocals. Titre de l’épisode: Jean-Jo.

La parole du jour

(à mon sujet):

On en profite dés qu’il a un coup de barre.

(Dylan)

Vrac

Sinon je suis allé me promener ce matin, une petite heure, avant de me mettre à écrire. Pas vu âme qui vive. Faisait bon.

Suis allé à Remiremont acheter un manuel. Le comment faire de la reliure. Rien trouvé. Je suis passé à la bibliothèque où m’attendaient des documents sur le sel et les salines en Lorraine avant le 18eme siècle, photocopiés par la bibliothécaire qui est une personne fort aimable. Super. Il y a quelques semaines, cette personne fort aimable m’a fort aimablement emmené voir les sous sols de ladite bibliothèque municipale. J’ai touché et feuilleté L’Histoire de Lorraine par Dom Calmet, oui monsieur, le Dictionnaire de Trévoux, re-oui madame, des trésors… Par exemple un évangéliaire enluminé datant des origines de la ville, sinon avant, c’est mystérieux. Somptueux. Montagne de richesses. J’en suis ressorti sonné.

En principe, Chapitre.com me remboursera ou m’échangera le « dictionnaire français-latin » de Robert Estienne (réédité par Slatkine) défectueux.

J’ai adressé un courrier aux éditions Lacour de Nîmes. Je les ai félicités pour leurs initiatives de rééditions anciennes de livres introuvables (ou trouvables mais hors de prix). Et pas félicité sur la qualité proche du zéro, quelquefois, des reprographies qu’ils nomment pompeusement rééditions.

Les enfants de Cosette

Ça ne nous rajeunit pas, dirait Géraldine.

Hasta luego.

Mardi 14 août 2001

Mardi, certes, mais j’ai bien envie de dire Mercredi 15. A quelques minutes près, c’est ça, on saute la barrière.

Journée de plein soleil. Levé tard (moi, pas le soleil), à 8h et des poussières, je ne sais trop pourquoi, parce que je dormais et que je ne me suis pas réveillé, probablement. Trop tard pour aller faire une balade. Je fais beaucoup de balades, sinon, depuis bientôt deux ans. Avant, non. Avant, nonques de la vie. Avant, je n’en étais pas capable, et je me levais en gros à l’heure à laquelle aujourd’hui je me lève. Comme quoi… Mes balades m’emmènent en forêt, on y fait des rencontres intéressantes. Des cerfs et des chevreuils et des sangliers et des renards et des lièvres et des digitales. Et puis ça aussi, la fontaine du Vallon, sur le chemin qui va à la Croix de Fresse depuis le Refuge du Vallon (si vous passez par là). C’est de la gauloiserie vosgienne. Et c’est pas pire qu’à Bruxelles.

Quoi d’autre?

N’étant donc pas allé me balader, j’ai décapé un peu de ce machin que je décape et que je voudrais transformer en bibliothèque. Il y a du travail de retaboccage, dessus — « retaboccage » est un mot patois d’ici, dont je ne suis pas certain de l’orthographe et qui signifie en gros retaboccage. J’aimerais remplacer certaines parties par des pièces en bouleau. Tout le monde me dit que le bouleau c’est de la merde, dixit, que ce n’est bon à rien, même pas à brûler, etc., des horreurs. Je me demande bien pourquoi. Je vais essayer quand même. Entre cette ossature en sapin, des portes de récupération en chêne et des éléments de façade en bouleau, ça ne devrait pas être mal…

Ensuite, j’ai fendu du bois. Ensuite nous avons mangé dehors. Chaud. Cet après-midi, mon épouse et son fils qui est également le mien sont allés avec une copine et un neveu à Emmaüs. Mon épouse m’a trouvé un vieux dico. Par ailleurs elle n’a pas eu de propos mémorables aujourd’hui. Moi non plus. On n’est pas tous les jours au top. Oui, donc elle m’a trouvé un vieux dico (un Quillet trois volumes de 46) parce que je suis intéressé par les vieux dicos. A ce propos, je me suis rendu compte aujourd’hui même que le Bescherelle et Pons acheté sur iBazard se décollait de la couverture, merci, et — c’est pas tout — que le Dictionnaire françois-latin de Robert Estienne, éditions Slatkine, acheté pas donné sur Chapitre.com était en manque d’une vingtaine de pages, exactement de la page 394 à la page 411, merci les gars! Ai immédiatement adressé un fax de réclamation. Affaire à suivre.

Je suis très intéressé par des vieux dictionnaires. Je cherche le tome 3 du Furetière.

Écriture tout l’après-midi. Fourbu. Ça avance bien en ce moment. C’est étonnant comme cela peut voler ou ramper…

Les chatons de Cosette sont descendus du fauteuil. Je suppose plutôt tombés que descendus, à la vérité. Je les ai retrouvés ce matin par terre avec leur mère, tétant hardi petit. J’ai installé une sorte de literie dans un tacounet —tacounet est un mot patois signifiant panier plat pour mettre par exemple des oignons à faite sécher — et je les ai sous les yeux en permanence ou presque, ce qui forcément me distrait, mais c’est très amusant aussi. En ce moment, si je suis très patoisant et ancien langage, c’est à cause de mon roman, c’est la géographie et l’époque qui veulent ça. L’ancien français est absolument formidable de richesse et de beauté. Et de vie. Ça ne meurt pas, en vérité — ça s’assassine un peu, sans plus.

Vivement l’hiver.

BANDE ANNONCE BANDE ANNONCE BANDE ANNONCE BANDE

Nous pouvons bandannoncer officiellement la parution sur ce site du premier strip de la vie tumultueuse des BOCALS pour lundi prochain!

(Parce qu’avant nous avons des trucs à faire)

23h54: ribouldingue chez les chats!!!!

RUBRIQUE « Petitezannonces »

A vendre quelques albums de BD. Liste à la demande.

Pensée du jour

La jeunesse, c’est très chiant, c’est la source de toutes nos emmerdes.

Mots de la fin pour aujourd’hui:

Demain 15 août, jour ferié, fête de la Vierge si je ne m’abuse, pas de courrier. Ma chère Vierge, en quatre mots comme en cent, vous me faites chier.

 Hasta luego

Lundi 13 août 2001

Bientôt minuit

Bientôt minuit.

A demain.

C’était notre rubrique: « Bientôt Minuit ».


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Lire des romans

L’Esclave libre de Robert Penn Warren –  Editions Phébus, 75 F

Le Marin à l’ancre de Bernard Giraudeau – Éditions Métaillé

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Météo

Il est beaucoup plus sûr de faire un compte-rendu météorologique qu’une prévision du même ordre. Quelques heures simplement séparent les deux formules. Ce matin par exemple, et pour aujourd’hui, j’eusse pu faire une prévision. Avec tout ce que cela comporte d’aléatoire, et sans compter qu’il eut fallu que vous la lussiez, autrement dit que vous en prissiez connaissance. Je ne parle évidement pas du pourcentage d’erreurs possibles, selon les régions. Alors que là, ce soir, à presque minuit, rien que du sûr, et ne concernant que mon village: il a fait beau, voire chaud, ciel bleu toute la journée. La preuve:

Demain on verra.

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Chats

Tellement chaud que Cosette et ses gaillards ont fait la sieste quasiment toute la journée.

Il n’y a pas que Cosette, il y a aussi Batmou, alias Pauvre Mou, alias Mounet, alias Bouyou, alias Bon Bouyou. Qui a fait la sieste, lui, dans la niche d’un secrétaire. Chacun son truc.

Le Bon Bouyou est le plus sympa des chats noirs du monde.

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Propos du jour* (lundi 13 août 2001):

J’ai vachement mal aux orteils quand je fais ça.

(mon fils)

Je ne suis pas enflée, là, derrière le genou?

(mon épouse)

Vous mangez des frites? alors moi je vais me faire des pâtes.

(moi)

* À ne pas confondre avec « pensée du jour »

Hasta luego

Dimanche 12 août 2001

Promenade

Vers 9h. Parti de la maison à 8h15. Le temps de prendre une bonne suée, déjà, en grimpant jusqu’ici.

Romans

La coutume veut qu’on parle d’un livre pour, et dans les deux cas fort naïvement:
 1) le faire vendre; 
2) empêcher qu’il le soit. 
Ainsi que, pour beaucoup de ces messieurs et dames de la critique, gagner sa croûte en faisant le malin — on en vit même accéder par cet artifice au statut de vedette, car la vie est ainsi faite, savoureusement décalée. Bref. Pour répondre à l’une ou l’autre de ces deux intentions sus-citées, il importe de claironner au moment fatidique de la mise au marché du prévenu. Avant serait accorder bien de la confiance à la mémoire des hommes, après les supposer dotés d’intérêt pour la nécrophilie quand ils en ont à peine pour la bi(bli)ophilie, dans les deux cas idiot. Et pourtant. Et pourtant. Souffrons que je m’insurge une fois encore, amis, et dans ce cas précis contre ces tyrannies du calendrier.

Il est des livres dont on a, merde alors, envie de parler plus longtemps que deux mois, et qui plus est de lire bien au-delà de la limite autorisée. Ça tombe sous le sens. En voici, sans attendre, deux exemple: les romans en question sont parus il y a, sinon belle en tous cas pas vilaine lurette, presque un an pour aucuns. Ce qui n’empêche leur qualité, le bonheur dont on peut leur être redevable.

Ces lignes veulent ainsi combattre l’état des choses. Je me sens, ce disant, très David affrontant les Goliath à la page. Et bien tant pis, quand même, ne fut-ce que par plaisir et envie de partage, envie de cadeaux à faire aux inconnus, j’invite donc, en ces lignes forcément partisanes, à la lecture de ces titres qui se trouvent évidement encore au rayon de toutes bonnes librairies, et qui attendent…

Jackpot, de Carl Hiaasen
Denoël, 139 F

Et encore:

Comme des hommes, de Louis Sanders
Rivages/noir

La pensée du jour:

Pas de pensée du jour aujourd’hui.*

Hasta luego

* Non. C’est pas qu’il n’y a pas de pensée du jour aujourd’hui, c’est: la pensée du jour, c’est: Pas de pensée du jour aujourd’hui. Voilà. Comprendas?

Samedi 11 août 2001

Frayeur

Hier matin (oui c’était hier) j’ai eu une frayeur.

Je me réveille, et rien. Mais alors rien. Nada. A la limite du moins que rien.

Aussi sec, me voilà mal à l’aise. Une angoisse qui vous prend par la pointe des pieds et qui monte et qui s’arrête au ventre pour tordre un peu et qui continue coté cœur et coté souffle, aïe aïe, ça va pas remettre ça, et qui monte encore et vous prend à la gorge. Je dis « vous » mais c’est moi. Ça s’installe. Ça vous envahit, au vrai sens du mot, connaissez-vous le vrai sens du mot envahir, le vrai sens des mots a de l’importance. C‘est comme le mot « serein », on ne dirait pas, à première vue, mais le sens du mot serein n’est pas du tout ce qu’on croit, on croit que c’est tranquille ça évoque le calme, l’apaisement, et puis voilà que c’est une vapeur froide qui retombe au coucher du soleil, il faut quand même le savoir, l’angoisse comme un serein, vous envahit — c’est à dire moi. Pétrifié dans votre lit. Pas bouger. Impossible de bouger, ne serait-ce qu’un cil, un orteil, rien. Dans votre lit comme une bûche, et sans aucun doute quelque chose derrière moi était en train de me surveiller de prés, je ne sais pas quoi. Mais derrière vous, c’est à dire moi. Il y avait quelque chose dans la chambre alors que le jour montait et qui me surveillait. D’invisible? non, même pas, je ne dirais pas ça. Mais caché. Derrière moi. Saloperie. Quelque chose qui avait ce pouvoir de me pétrifier. Alors un bruit. Alors voilà qu’un bruit. Un petit bruit de rien —c’est le cas de le dire — au bord de mon oreille. Un petit bruissement intérieur, un bruit à petit bruit, qui est une expression qui dit bien ce qu’elle veut dire, pour une fois. Un staccato. Non, pas un staccato. Pas une saccade non plus, qu’allez-vous donc chercher? Un bruit scandeur, plutôt. Scandeur, je dis bien. Tou-toum, tou-toum, tou-toum. Un bruit d’outre-part, pour ne pas dire d’outre-ailleurs — j’ai pas dit « tombe », je l’ai pas dit! Et j’ai compris que c’était mon cœur, mon brave petit cœur, qui résonnait jusque dans le oreilles. Tou-toum, tou-tou-toum… Ce qui me rappela immanquablement une histoire lue un jour, une histoire de Poe, l’histoire d’un type qui comme ça entend un cœur qui bat dans sa tête et qui en devient dingue. Pareil. Sauf que moi je ne suis pas fou. Et que je n’avais pas lu cette histoire avant de m’endormir qu’est-ce que j’avais lu? j’avais lu la définition de « reliure » (et le mode d’emploi) dans le Larousse Ménager de 1926. Pas de quoi cauchemarder. C’est très bien le Larousse Ménager de 1926. Et puis ça s’est arrêté de battre dans mes oreilles. C’était donc pas ça. Et toujours rien. Et les oiseaux se sont mis à chanter, ah les oiseaux! J’aurai passé une bonne partie de ma vie à détester ce moment-là de la journée, quand ça se met en branle — à l’époque épique où j’allais me coucher à cette heure-là. Mais alors, ces oiseaux!… pourquoi pas des poules et des coqs pendant que nous y sommes?

Et puis c’est revenu… enfin! Vous me croirez si vous voulez, je n’ai jamais su pourquoi.

pp

Vert comme un oeuf

Alors j’ai eu envie de manger des oeufs brouillés, je suis allé cueillir des orties, ce n’est pas difficile, ça pique juste un peu si on ne fait pas attention, il n’y a donc qu’à faire attention, le contenu d’une petite bassine, plus exactement une passoire, et je les hache grossièrement après les avoir lavées, hop! cuisson rapide à la poêle adhésive, trois ou quatre minutes dans trois gouttes d’eau, ensuite on verse les oeufs battus, sel poivre, on mélange, on tournique à la cuiller en bois, on casse, on fragmente, c’est cuit, on saupoudre de paprika, du paprika j’en mettrais dans tout. Parfait.

Cosette vue d’avion

La réflexion du jour

Jean-Marc (un copain) ce matin avant de partir en balade, vers les 7h45, sirotant son café en regardant un Tom & Jerry à la télé, pensif: « C’est marrant, plus ça vient, plus j’aime bien Casper ».

Attention! Bientôt sur cet écran:

LES BOCALS

tranche de vie!!!

(Premier épisode: Jean-Jo.)

Projets rapprochés:

Lire l’article « cartonnage » dans le Larousse Ménager 1926. Ce soir sans doute.

Écrire quelques pages de « C’est ainsi… »*. Tout de suite.

Hasta luego.