Vendredi 17 mai 2002

  Étonnants Voyageurs…

Étonnant voyageur, c’est bien ce que je suis en ce moment même, je trouve, dans le train où je tapote ces lignes. Un rien m’étonne, je suis donc sur la bonne voie…

… et nous en voilà revenant, braves gens, braves gens: c’est fou comme le temps passe vite! Mardi, déjà!

et puis maintenant:

Mercredi 22 mai 2002

Et comme je ne sais plus ce qui est arrivé juste après que j’aie inscrit cette date qui m’amena à d’autres occupations, nous voilà aujourd’hui:

Jeudi 23 mai 2002

Ça n’en finit plus.

Donc, reprenons. Je suis allé à St Malo. A Étonnants Voyageurs, festival formidable s’il en est, je ne plaisante pas, riche en tout: air du large, écrivains, exposants, conférenciers, mouettes, films, gens, tout. La ville de St Malo est superbe.

Son histoire lui tourne les remparts. Pour quelques restaurants qui prennent les gens pour des cons, il y en a cent autres qui sont exactement le contraire. Le tout est de bien tomber. Comme partout en somme. Nous avions une chambre sur la plage. Le vendredi soir à Paris j’ai dit qu’il ferait beau, j’avais du mérite, c’était sous la pluie, et crac il a fait beau. Le rite, c’est de faire le voyage dans le train de la mort avec un tas d’autres auteurs et éditeurs et petit monde de ce monde-là, et, mon épouse et moi, avec Lionel Hoebeke, l’éditeur, et sa compagne Aline qui ne l’est pas moins. J’adore ces personnes-là.

A St Malo comme il se doit nous avons mangé des huîtres. J’ai déjeuné une fois avec François Guerif qui, lui, a mangé des frites. Et je le prouve.

François Guerif est un type comme on n’en fait plus. Non seulement il sait tout, mais il sait tout. Un monsieur droit dans ses bottes, en plus. Un éditeur hors pair. Amusez vous à regarder les catalogues des éditeurs où il s’est manifesté, et vous verrez si je mens. Et puis il chante Ferré avec une conviction rare. A ce dîner-là, à la terrasse, il a même chanté « Minuit Chrétien », entre le fromage et le café.

Autre repas un autre soir en compagnie de François Angelier et JP Bochet. Gens de radio. Fort agréables. J’ai retrouvé le titre du film que je cherchais: Codine.

On croira à lire ces lignes que nous ne faisons que manger et boire en cette ville malouine, et c’est faux. Il faut bien néanmoins se sustenter par moments. Quant à moi je ne bois pas. Plus. Alors… Et c’est bien entendu à table dans ces moments-là de rencontres que se font les meilleurs échanges. Que passent les meilleurs moments.

Au cocktail Gallimard de je ne sais plus quel jour, Jean-Christophe Rufin trouva le moyen de me présenter à Gonzagues Saint-Bris avec qui il devisait en assurant que nous avons sans doute quelque chose en commun. Regard de Gonzagues. Rufin avait escaladé la veille la face nord (je ne suis plus certain du point cardinal) du Mont St-Michel. Un Goncourt!!! Tout fout le camp, ma bonne dame.

Chaque année à St Malo je retrouve José Manuel Faraldo, qui écrit des bouquins formidables. Ça n’a pas loupé cette année. On se dit quatre mots, on se tombe dans les bras, on s’échange nos livres, on ne se revoit plus avant un an.

Michel Le Bris a reçu la légion d’honneur. Première fois de ma vie que j’assiste à ce genre de manif. Michel ému. Du coup moi aussi. Qu’est-ce que tout cela signifie?
Retour dans le train de la mort.
Aline en pleine forme.
Mon épouse aussi.

Tandis que je vais et viens dans les couloirs.

J’avais le lendemain rendez-vous à Paris avec un réalisateur et Yvan Le Bolloc’h, pour des trucs. A l’aller, c’était avec un autre réalisateur. Je n’en dis pas plus: superstition sans doute.

Sinon, dés demain, vous savez quoi? Je rebondis à Épinal où a lieu un autre festival, les Imaginales, c‘est la saison des « al ». Ça promet d’être pas mal.