Oh, eh bien c’est pas difficile : on en a marre.
Marre de cet environnement dans lequel on vit, que ce soit en direct, sur le terrain, ou par média interposé, ce monde qui est le notre quand on ne peut pas l’appréhender d’autre façon que par la télé, les journaux, les radios, les bruits qui courent, les calomnieries, les bavardages, le téléphone, les voisins proches et lointain. Ça fait beaucoup. La couche est pleine, la coupe sans cesse remise. Le vieillesse n’est même plus une question d’âge, elle vous arrive à tout âge, même et déjà chez le plus jeune. Bordel de dieu. Et la fatigue aussi, dans cette atmosphère, qui vous tombe sur le coin du museau sans que vous ayez rien fait pour la mériter. Ça ne vous donne même plus la force de blasphémer, de jurer correctement, avec majuscule à dieu et force points d’exclamation. Nada.
Vous les entendez tous. La même voix. Les mêmes querelles à savoir qui aura raison de proférer les meilleures plates ou ébouriffantes âneries sous le meilleur costume de sérieux.
Il en pleut. Nous sommes en plein courants d’air, à force d’enfoncements permanents de portes, tous modèles, ouvertes
Voilà que le Conseil de l’Ordre de la gent médicale va faire un procès à Raoult qui n’aurait pas été gentil, disent-ils, avec eux. Sous prétexte. Affaire d’état. Conseil de l’Ordre constitué depuis ses origines des doctes vieux connards de haut de panier.
Voilà qu’une députée blacke nous fait une crise nerveuse politique sous prétexte d’insulte racisteà son endroit proférée, blackitude oblige par un journal dit d’extrême droite. Tout ceci vrai ou pas, va nous tenir en haleine un paquet de jours et de nuits, la guerre en plateaux de télé sous le commandement d’une armée de Pascaux Prauds ravis de la matière à débats ( lequel premier du nom ne va sans doute pas tarder à inviter à la rescousse son collègue radio-télévisuel Zemmour Eric).
Voilà qu’un procès s’ouvre qui condamnera une poignée d’ordures — dont on se demande tout à coup s’ils doivent ou non comparaitre masqués ( !!!!! ) — à quelques morigénations ( moyen français ) bien senties. AH AH AH.
Voilà que tout un tas de gens politiques, de tout acabit, du plus petit aux plus hauts dressés, les ministres à la pelle comme à l’appel, le 1 le 2, les tous numéros, les gens de pouvoirs à tous les étages, s’engueulent et se crêpent pour savoir si oui ou non nous nous ensauvageons, nous nous insécuritionnons. Pour savoir, non, ils le savent. Pour savoir qui a raison de le savoir à sa manière. Les Jean et les Jacques, les Dupont et les Moretti, les Gérard et les Darmanin, etc. C’est bête que les Castaners soient partis. Sommes nous à la merci ? sommes-nous nous mêmes des sauvages en puissance… La question est posée et les réponses pleuvent. On en a pour un bel orage. Tandis que pendant ce temps le bordel continue de battre sont plein et que ces beaux parleurs sont censés le calmer, l’éteindre, comme c’est censé être leur boulot.
Les temps sont durs. Haaaaa ! Dites-moi où, n’en quel pays, Est Flora la belle Romaine, Archipiades, ne Thaïs, Qui fut sa cousine germaine, Echo, parlant quant bruit on mène Dessus rivière ou sur étang, Qui beauté eut trop plus qu’humaine ? Mais où sont les neiges d’antan ?
Mais où sont les dames du Temps Jadis ? Où, n’en quel pays… Où sont les braves crevards ? Les bels et bons bandits de grands chemins comme de petits sentiers, au moins reconnus tels, et les braves et bels et bons gendarmes et les braves et bels et bons policiers qui leur couraient après, les attrapaient, leur coupait le cou ? Ou pas, mais ça marchait comme ça. On savait où on allait… C’était le bon temps, c’était avant que toutes sortes de petits imbéciles en liberté, sans l’ombre d’une éducation, s’imaginent capables d’être bons vauriens, véritables malfrats respectables de la profession, véritables tontons flingueurs haut la main. Où sont les dames du temps jadis et l’authentique canaille attitrée ? Où ? Que sont devenus les chemins de traverses qu’il valait mieux ne pas fréquenter sinon à risques et périls ? Que sont devenus les chemins que l’on savait pouvoir emprunter au fil des quatre saisons ? C’est le foutoir, braves gens ! La racaille n’est plus ce qu’elle était, on ne fait plus le moindre effort pour en faire partie, on s’imagine par fénéantise crasse que cela vous est dû. La racaille serait ouverte à tous, foutrement démocratisée, il n’est plus nécessaire de la mériter un moindre chouïa, tous les petits cons de la terre s’en prévalent comme si ça leur était échu par la grâce de dieu. Le bas peuple se roule dans la fange qu’ils transfigurent en une autre forme d’élite, sans l’avoir mérité d’un poil.
Chantons
C’est la li-heu final-heu… La lie. La vraie. La bouse. Ça se croit sauvage et n’est que feignasse, sous l’étendard d’une arrogance de très très bas étage qui n’est que ce qu’ils ont trouvé pour tenter de se hausser au niveau des hommes.
N’en quel pays… Ah ! que revienne le temps joli du Moyen-âge, cornegidouille !
Ah ah ah. Et qu’il nous reste, le cul sur notre talus, la force d’en rire une secousse.