Samedi 8 septembre 2001

C’est un vrai temps de samedi. Presque d’automne aussi. Vent et vent et grisaille et probablement pluie aussi. Je n’ai pas fait de balade de toute la semaine, ça manque, mais je n’ai pas eu le temps.

Pfff.

Nous en avons donc parlé, déjà: l’été s’achève, ou c’est tout comme. Période de blues, une légère couche, mais c’est normal, un effet de saison, tout va repartir comme en 40, j’adore cette expression. Je crois que j’ai trouvé le moyen de me faire un établi pour la reliure dans un vieux support (je ne vois pas comment appeler ça autrement) de bar que je voulais installer chez moi depuis trente ans. Ça devrait pouvoir. J’ai besoin de deux planches rabotées. Pour bricoler une caisse de récupération sous le meuble et des rallonges aux pattes, évidemment ça ne vous dit rien. Je suppose que si j’en avais les moyens j’achèterais rubis sur l’ongle (j’adore aussi cette expression-là) tout ce matos. Je suppose, mais je n’en suis pas sûr. Il y a une certaine forme de plaisir à faire, à sa manière et avec les moyens du bord, au plus strict, et à aboutir à un résultat honnêtement correct. Par exemple mon cousoir. Terminé. J’attaque une presse. Il faut que je trouve une vis, métallique ou en bois.

Télévision & Cie

Il y a un certain temps déjà, mon agent, au demeurant jeune femme fort sympathique et qui me fait souvent rire, me dit: « Dis-donc, au fait… » et elle m’annonce qu’un réalisateur qui est aussi son client (est-ce ainsi que nous nous nommons?) a un sujet en projet, éventuellement destiné à Claude Piéplu, qui est aussi son client, de mon agent, et que des producteurs, en tous cas un, me dit donc mon agent, lirait bien un petit synopsis plus fourni d’après les deux pages écrites par ce réalisateur, il faudrait que vous vous rencontriez. Oui, dis-je, et voilà donc que nous nous rencontrons, à la maison, la mienne, que nous passons deux jours fort agréables, l’homme étant plus que sympathique, de surcroît nous nous découvrons vraiment sur la même longueur d’onde, bref: de cette rencontre il ressort pour monsieur le producteur un joli synopsis étoffé…

Ça doit quand même faire quatre mois, ou pas loin. En quatre mois, le producteur qui était « même » prêt à nous payer pour notre travail n’a toujours pas lu ces quatre pages, et ne le fera sans doute jamais, trop booké qu’il est mon coco, et voilà.

Et c’est éternellement comme ça.

Et c’est assez fatiguant, à la longue.

Vous ai-je dit que j’avais dans mes tiroirs quatre pièces de théâtre prêtes à être jouées, certaines l’ont été, d’autres ont failli l’être, ont fait l’objet de lectures formidables, une devait être mise en scène par mon camarade Daniel Prévôt et réunissait un casting de rêve (Zabou, Tom Novembre, Isabelle Nanty, Jean-Pierre Daroussin) et nous avions à portée de main le théâtre aussi, la production … et puis…  et puis c’est comme si des journées d’automne pouvaient vous tomber dessus en plein mois de juillet… c’est une profession, si c’en est une, dans laquelle, ma bonne dame, y a plus de saison…

Un jour, j’irai cueillir des fraises en décembre, ça ne va pas faire un pli. Mais ce sera sur une autre planète.

Ou alors je m’énerverai un grand coup, mais c’est pas bon pour ce que j’ai.

La plupart du temps, je rêve que je peux faire ce que je veux.

Allez, un coup de chats!

Ça pousse, hein?

Pip et Pop, donc…