Eh bien dîtes-moi…
Non, ne me dîtes rien, je sais je suis en retard, pour et sur tout, c’est torrible!!! Bon. Que signifie donc ce retard? En fait, rien, et j’exagère. Je ne suis pas en retard sur tout du tout, il y a des choses que j’aurais du faire et que je n’ai pas faites, parce que j’en faisais d’autres, c’est aussi simple que cela. Par exemple, aussi, si je n’ai travaillé que très guère sur mon roman, c’est que j’écrivais d’autres choses urgentes et promises à dates définies. Par exemple again je n’ai pas composé la suite des épisodes « bocals » pour la même raison sus-citée donc. Par exemple enfin j’ai achevé (ou presque) cette réfection bibliothécaire dont il fut question deux ou trois fois déjà dans ces bavardages. Mine de rien ça prend du temps. Voilà voilà
Et puis il a neigé, un beau matin de la semaine dernière. C’était comme ça:
Et quatre jours plus tard, nada. Maintenant c’est comme ça:
(Finalement, non, ça ne mérite pas de photo.)
Le vieux chat noir a des problèmes urinaires. Vessie bloquée. Véto, sonde, déblocage. Le vieux chat noir ne rigole pas mais n’en dit rien. Les chats sont des êtres du silence.
mercredi 5 décembre 2001
Il pleut. C’est gris comme dans Sleepy Hollow. Le cavalier sans tête en moins.
14h et des poussières. J’essaie de me remettre à écrire. À bien plus tard donc (j’espère).
jeudi 6 décembre 2001
Certains jours ne devraient jamais sortir de la nuit.
D’abord, j’ai mal dormi, je ne sais pas comment ça se fait mais je re-dors mal depuis un moment. Serait-ce parce que je me promène moins? Quoi qu’il en soit. Donc je me lève, la trogne en biais, vers 9h. Mon épouse déjeune — elle s’en va dans sa petite auto, pour la journée, à St-Dié. St-Dié est une ville pas très éloignée où se tient chaque année une manifestation intitulée le FIG, Festival International de Géographie, qui a mon avis est un intitulé plutôt pas terrible, mais je ne suis pas là pour donner mon avis, pas terrible parce que pas clair sur le contenu dudit festival qui est un festival de littérature pas seulement géographique, par ailleurs très chouette et sympa. Bien. Donc mon épouse qui fait partie de la bande organisatrice s’en va là-bas pour une réunion de travail. La voilà partie, me laissant le conseil d’aller me promener. Je déjeune. Ça commence avec les biscottes qui me claquent dans les doigts les unes après les autres et résistent par fragmentation au beurrage. Ensuite le thé. Plus clair qu’une tisane infâme, qu’est-ce que c’est que ce thé-là? Je me calme. Je me re-fait du rhé, du vrai, du Tuocha, du qu’on casse au marteau, je beurre mes miettes, je déjeune, hop. Je me dis que je n’irai pas me promener vu qu’il faut encore que je termine les derniers détails de cette bibliothèque — ça commence à bien faire en longueur. J’allume la télé, pour avoir une compagnie. J’aurais pu avoir le réflexe musique et lecteur de compact, mais non c’est la télé et MTV. C’est marrant comme on n’écoute pas Jennifer Lopez quand on regarde ses clips.
Bien. Les dernières choses à finir sur cette biblio sont: fixer les charnières piano des deux portes vitrées, ainsi que les poignées des tablettes de lecture. Avant-trous au poinçon, puis à la perceuse… toutes les vis achetées à Weldom, magazin voisin qui apparemment vend de la merde, m’explosent dans les doigts quand je les visse: les têtes sautent ou se cassent. C’est sympa. De plus, il faut dire que je me suis collé une tendinite depuis une éternité, à l’intérieur du coude, et que pour visser c’est parfait. Visser pour rien, donc. Une plombe. Je laisse tomber les portes — c’est une image: j’abandonne la tentative de vissage, il faudra que j’aille acheter d’autres vis, pas en laiton, en acier, en béton, je ne sais pas: des vis, des vraies.
Le camion de ramassage des poubelles passe alors que je m’apprête à aller déposer les sacs dans la poubelle-benne à l’entrée du jardin. Le temps que je réalise et le camion est reparti. Très bien. Le facteur est passé aussi: des conneries. Toujours pas de contrat de Dargaud-Bénélux pour l’adaptation en BD de mon roman Délirium Circus. Il parait que ledit contrat est au service juridique. Ça va faire un mois, sinon davantage. Il parait aussi que c’est long (sic).
Fixer les poignées des tablettes. Cela fait quinze jours que j’écume les drogueries à la recherche de poignées fixes et rigides à fixer avec des vis dans l’épaisseur du bois (et pas des fixations qui traverseraient une épaisseur et se boulonneraient par derrière – c’est quand même pas compliqué! Eh bien si, très!) — quinze jours que je ne trouve pas. Finalement, j’ai décidé d’utiliser les poignées d’une ancienne commode qui se trouve au grenier et dans laquelle on entasse et garde précieusement un million de trucs parfaitement inutiles. Je vais fixer ça avec des vis, donc, qui seront apparentes et dont je cacherai la tête avec les têtes de boulons des anciennes fixations. C’est clair? Non? Tant pis. Il faut donc scier ces têtes de boulons qui seront collées sur les têtes de vis. Je scie. Quand on scie du métal, il chauffe: la première tête de boulon me brûle quand je la récupère au sol où elle est tombée. Pour ne pas recommencer et perdre la seconde je place une feuille de papier que je tiens en dessous du sciage, et quand ça scie, ça scie, et une scie à métaux ça coupe, et pas que le métal. Je m’entaille donc joliment, nettement, le pouce. Pansement. Ensuite, coller les tête sur les têtes. Colle ultra-rapide, genre U-Hu, la colle dont ce type qui s’appelle Steevie s’est fait un jour une tartine (aparté: j’ai vu l’autre fois ce Steevie, je suppose que ça s’écrit comme ça, à la télé dans l’émission d’Ardisson. Question: comment, mais sérieusement, comment? peut-on être aussi con et apparemment aussi fier de l’être? je sais, je ne suis pas de bonne humeur, mais quand même…), la colle qui colle. Le tube de cette colle, à la maison, est à sa place dans une tasse, la tasse dans un placard de la cuisine, où sont rangées les tasses. Bien. Normal. Sauf ce matin. En cherchant, je fais tomber le pot à cure-dents. En ramassant les cure-dents éparpillés dans le carnet d’adresses ouvert sous le placard, je me plante un cure-dent sous l’ongle du pouce coupé précédemment, le même que brûlé, d’ailleurs. Bien bien bien. Tout ça dans le calme — disons un certain abattement progressif.
Je trouve finalement le tube. A cent lieues de là. Ce n’est évidemment pas le genre de truc à manipuler un jour comme aujourd’hui. Première manœuvre: la tête de boulon se colle à mon pouce: le fameux pouce, le pouce du jour! Premier détour par la salle de bain. Le second, de détour par la salle de bain, c’est pour les lunettes. Parce que je porte des lunettes, pour ce genre de travaux. Et je transpire, aussi. Et les lunettes glissent sur le nez. Donc on les remonte sur le nez, les lunettes… mais pas avec de la colle qui colle sur le doigt… Finalement tout va bien, côté têtes de boulons, c‘est arrangé. Je ferai l’autre poignée ce soir.
J’ai mangé vite fait un reste de pommes de terres cuites à l’eau et quatre centimètres de boudin froid et j’ai bu un café en regardant les nouvelles du monde.
J’ai envoyé un mail à Dargaud pour dire que je m’inquiète, comme si la chose allait les inquiéter.
Pas de nouvelles de cette dramatique pour la télé sur laquelle je devrais travailler.
Il est 14h42.
J’attends la nuit et demain. Demain je vais à Nancy, à une expo, voir ci-dessous:
Je sens que ça va être grand.
Hasta luego.