Mardi 21 août 2001

Voici venir le temps de grandes perturbations…

J’ai des millions de choses à faire.

En premier lieu, j’écris un livre, n’oublions pas, tout le reste est en annexdotique… La priorité, évidemment, c’est l’écriture de ce roman. C’est même une priorité depuis des mois, pour ne pas dire des années. A dire comme cela peut sans doute paraître excessif, et pourtant. Et pourtant, c’est bel et bien le cas. Étonnant comme un sujet (appelons cela un sujet) peut s’installer en vous et vous investir et vous hanter et vous posséder — et devenir une sorte d’hôte parasite, en quelque sorte, et faire partie de votre existence jusqu’à la ronger totalement et en être un beau matin le noyau principal. Écrire, qu’est-ce que vous imaginez, n’est pas seulement écrire — c’est tout le reste, avant, pendant et à côté, simultanément. Écrire c’est regarder, ça se fait non pas avec un clavier ni un crayon ou une plume, ça ne fait avec les yeux, au-delà ou sous les paupières. Fondamentalement. C’est très fatiguant pour la vue. Alors, qu’en plus de ça j’aie des millions de choses à faire est accessoire, forcément, en filigrane, ou comme un fond de paysage dans la brume de septembre. Écrire, eh bien voilà: c’est être en septembre jusqu’au mot « fin ». Après quoi, comme chacun sait, c’est l’hiver. Et c’est sans doute pour cela que j’aime bien l’hiver, et qu’en hiver je n’ai hâte que de printemps revenu… Sinon Je crois que j’ai trop parlé de ce roman et de mon intention de l’écrire, depuis des années. Je crois que je n’aurais pas dû. Ce n’est pas la meilleure des choses à faire, ce n’est pas très clean vis à vis de l’histoire, toutes ces petites indiscrétions, ces racontars, ces mouchardages. Désolé. Je ne le ferai plus.

Pourquoi les grandes perturbations? Parce que c’est un risque à courir: demain, en principe et sauf tremblement de terre, le site change de logis. Cela veut dire qu’il quitte le home de l’indispensable Bernard VISSE pour s’installer sous mon toit et à mon clavier. C’est donc votre serviteur en personne et en baskets qui se chargera désormais de charger. Ça se pourrait que ça craigne un peu, mais nous ferons tout pour que non. Et donc, sauf incidents indépendants de notre volonté…

Enfin, bref.

Décapant

C’est ce truc-là que je décape. Si tout va comme je veux, ça peut finir en belle chose…

La presse a dit

C’était pas la presse écrite mais la presse télévisuelle, en l’occurrence la téloche:

« Dans l’affaire Santoni, la police privilégie pour la thèse du règlement de compte. » (sic)

( LCI )

A un moment sans doute ils se sont demandés si ce n’était pas une catastrophe naturelle.

Docteur Bricolo

Je suis en train de me fabriquer un cousoir. Je vous le montrerai.

Ensuite il va falloir que je me fabrique une presse à relier. Un comique à Fontenoy-la-Joûte a essayé de me vendre une presse dite Méredieu, à laquelle il manquait des pièces et en plus toute piquée des vers. Si vous allez un jour à Fontenoy-la-Joûte, méfiez-vous des comiques, ça grouille. Par contre il y a aussi des bouquinistes d’une honnêteté étonnante, je dirais même sidérante, et en plus rudement sympas (et Billle chien aussi) à n’y pas croire, et un relieur sympa, et un fabriquant de papier… Fontenoy-la-Joûte est un village du livre. Mais il y a aussi des comiques à la pelle. Es la vida, dirait Jean-Jo.

Adios!

Vendredi 17 août 2001

Météo

La météo nationale française qui n’est décidément pas une science fiable avait omis, si je ne m’abuse, de prévoir des orages sur la Corse. D’aucuns par contre, parmi les autochtones, forts de leur bon sens, en parfaits gens du pays habitués à lire et reconnaître les indices inscrits dans l’entour, avaient reniflé des symptômes — mais… 1) soit on n’écoute pas les gens du pays, 2) soit on les entend et on décrète alors que, puisqu’ils disent ceci ou cela, c’est que c’est inéluctable, et puis c’est tout.

François Santoni est mort en orage. En revenant de noce.

Comme quelques millions de gens sur terre, je ne comprends pas forcément les problèmes et exacerbations corses, sinon rien pas tout, et je ne m’en donne guère la peine non plus vu que même ceux qui savent et sont au courant de tout vous disent que de toutes façons on ne saura rien. En gros. (Et puis c’est pas non plus que ce soit mon souci principal, j’avoue.) Alors… Mais quand même. J’en sais suffisamment, et bien que n’ayant pas encore lu les livres écrits par ledit Santoni, pour trouver que ça la fiche mal de mourir comme ça. Ça la fiche mal de mourir, de toutes façons. De mourir de certaine façon, encore plus. Ça la fiche mal de mourir pour une idée, et c’est carrément tarte pour certaines — des idées. C’est quand même mieux de vivre pour, les idées, je trouve, d’autant que le but est là, et qu’ils disent que c’est pour leur vie qu’ils veulent bien en mourir, ceux qui en meurent, pour la vie de ces idées à qui ils donnent la leur. Pfff. La belle avance eut dit ma mère. Et puis encore: je ne suis pas certain qu’on donne sa vie pour une idée ou pour une cause, mais je suis sûr par contre qu’on vous la prend. Les martyrs, le savent-ils, sont fatalement des éculés de première.

La Corse est une sorte de grand vide-grenier où l’on continue de vendre à prix d’or, sur les trottoirs, principalement en été, de vieilles méthodes défraîchies reliées pleine peau de l’enculage.

Coup de blues

J’ai regardé sur Canal + il y a quelques semaines le documentaire en deux parties consacré à Napoléon. Très bien fait au demeurant. Et puis, en conclusion, bien fait pour sa gueule aussi, finalement. Il en ressort que Napoléon était quand même un fieffé triste sire. Comment peut-on vénérer et admirer ça? Je pose une question idiote, je le sais bien, comment. Ça me désole.

Ouverture

Je ne sais où en France, dans quelle région, c’était hier l’ouverture de la chasse aux sangliers, avec images à l’appui dans le journal télévisé.

En avant les gros cons! A l’assaut! à l’attaque, sonnez trompes et cornes, sortez les tenues de camouflage et les flingues et les chevrotines et les balles dum-dum et les coutelas de survie, plus vite que ça, les casquettes de commandos et les grosses moustaches et les packs de bière et les 4X4 et la mirabelle: le grand jeu, les leitmotiv aussi sur l’utilité de ce « sport », et les tartufferies et les hypocrisies et les mauvaises et fausses bonnes raisons de s’en aller-t-en guerre, Banzaï! et encore: ceux-là, c’est pas contre des oiseaux migrateurs, ceux-là risquent éventuellement de se faire embarquer par un fauve, encore que c’est pas souvent, jamais vu, mais enfin on peut rêver. Dans pas longtemps, ce sera l’ouverture générale de la chasse contre tout le reste, vlan! et une nouvelle vague de gros cons, une! De 7 à 77 ans, les bobonnes s’y mettent, tenues de Rambo elles aussi, et même les gamins, hauts comme ça, camouflés pareil, j’en ai vus ils m’ont regardé d’un oeil mauvais, au passage, je mettais les pieds dans leurs plates-bandes, ils vont s’amuser en famille à l’assaut des chevreuils et des lièvres et des écureuils (quand on n’a rien d’autre à se mettre sous le flingue, et s’il en reste autre chose qu’un trou on en fera une bel objet d’art empaillé au-dessus de l’insert du salon). Cette engeance est désespérante de connerie grave puamment parfumée au lard frit et au rouge. Une deux, une deux, lâchez les cons, les gros, les furieux, les rougeauds, et si vous leur demandez pourquoi, pas un qui vous dira, en face: parce que j’aime bien tuer.

Voici bientôt venir le temps des forêts investies et à leur merci, à leurs rangers. Bien sûr que je vais continuer mes balades. Je me demande juste si je ne vais pas, moi aussi, prendre un fusil. Pour la légitime défense.

Rappel

Lundi prochain 20 août: premier épisode de Les Bocals. Titre de l’épisode: Jean-Jo.

La parole du jour

(à mon sujet):

On en profite dés qu’il a un coup de barre.

(Dylan)

Vrac

Sinon je suis allé me promener ce matin, une petite heure, avant de me mettre à écrire. Pas vu âme qui vive. Faisait bon.

Suis allé à Remiremont acheter un manuel. Le comment faire de la reliure. Rien trouvé. Je suis passé à la bibliothèque où m’attendaient des documents sur le sel et les salines en Lorraine avant le 18eme siècle, photocopiés par la bibliothécaire qui est une personne fort aimable. Super. Il y a quelques semaines, cette personne fort aimable m’a fort aimablement emmené voir les sous sols de ladite bibliothèque municipale. J’ai touché et feuilleté L’Histoire de Lorraine par Dom Calmet, oui monsieur, le Dictionnaire de Trévoux, re-oui madame, des trésors… Par exemple un évangéliaire enluminé datant des origines de la ville, sinon avant, c’est mystérieux. Somptueux. Montagne de richesses. J’en suis ressorti sonné.

En principe, Chapitre.com me remboursera ou m’échangera le « dictionnaire français-latin » de Robert Estienne (réédité par Slatkine) défectueux.

J’ai adressé un courrier aux éditions Lacour de Nîmes. Je les ai félicités pour leurs initiatives de rééditions anciennes de livres introuvables (ou trouvables mais hors de prix). Et pas félicité sur la qualité proche du zéro, quelquefois, des reprographies qu’ils nomment pompeusement rééditions.

Les enfants de Cosette

Ça ne nous rajeunit pas, dirait Géraldine.

Hasta luego.

Mardi 14 août 2001

Mardi, certes, mais j’ai bien envie de dire Mercredi 15. A quelques minutes près, c’est ça, on saute la barrière.

Journée de plein soleil. Levé tard (moi, pas le soleil), à 8h et des poussières, je ne sais trop pourquoi, parce que je dormais et que je ne me suis pas réveillé, probablement. Trop tard pour aller faire une balade. Je fais beaucoup de balades, sinon, depuis bientôt deux ans. Avant, non. Avant, nonques de la vie. Avant, je n’en étais pas capable, et je me levais en gros à l’heure à laquelle aujourd’hui je me lève. Comme quoi… Mes balades m’emmènent en forêt, on y fait des rencontres intéressantes. Des cerfs et des chevreuils et des sangliers et des renards et des lièvres et des digitales. Et puis ça aussi, la fontaine du Vallon, sur le chemin qui va à la Croix de Fresse depuis le Refuge du Vallon (si vous passez par là). C’est de la gauloiserie vosgienne. Et c’est pas pire qu’à Bruxelles.

Quoi d’autre?

N’étant donc pas allé me balader, j’ai décapé un peu de ce machin que je décape et que je voudrais transformer en bibliothèque. Il y a du travail de retaboccage, dessus — « retaboccage » est un mot patois d’ici, dont je ne suis pas certain de l’orthographe et qui signifie en gros retaboccage. J’aimerais remplacer certaines parties par des pièces en bouleau. Tout le monde me dit que le bouleau c’est de la merde, dixit, que ce n’est bon à rien, même pas à brûler, etc., des horreurs. Je me demande bien pourquoi. Je vais essayer quand même. Entre cette ossature en sapin, des portes de récupération en chêne et des éléments de façade en bouleau, ça ne devrait pas être mal…

Ensuite, j’ai fendu du bois. Ensuite nous avons mangé dehors. Chaud. Cet après-midi, mon épouse et son fils qui est également le mien sont allés avec une copine et un neveu à Emmaüs. Mon épouse m’a trouvé un vieux dico. Par ailleurs elle n’a pas eu de propos mémorables aujourd’hui. Moi non plus. On n’est pas tous les jours au top. Oui, donc elle m’a trouvé un vieux dico (un Quillet trois volumes de 46) parce que je suis intéressé par les vieux dicos. A ce propos, je me suis rendu compte aujourd’hui même que le Bescherelle et Pons acheté sur iBazard se décollait de la couverture, merci, et — c’est pas tout — que le Dictionnaire françois-latin de Robert Estienne, éditions Slatkine, acheté pas donné sur Chapitre.com était en manque d’une vingtaine de pages, exactement de la page 394 à la page 411, merci les gars! Ai immédiatement adressé un fax de réclamation. Affaire à suivre.

Je suis très intéressé par des vieux dictionnaires. Je cherche le tome 3 du Furetière.

Écriture tout l’après-midi. Fourbu. Ça avance bien en ce moment. C’est étonnant comme cela peut voler ou ramper…

Les chatons de Cosette sont descendus du fauteuil. Je suppose plutôt tombés que descendus, à la vérité. Je les ai retrouvés ce matin par terre avec leur mère, tétant hardi petit. J’ai installé une sorte de literie dans un tacounet —tacounet est un mot patois signifiant panier plat pour mettre par exemple des oignons à faite sécher — et je les ai sous les yeux en permanence ou presque, ce qui forcément me distrait, mais c’est très amusant aussi. En ce moment, si je suis très patoisant et ancien langage, c’est à cause de mon roman, c’est la géographie et l’époque qui veulent ça. L’ancien français est absolument formidable de richesse et de beauté. Et de vie. Ça ne meurt pas, en vérité — ça s’assassine un peu, sans plus.

Vivement l’hiver.

BANDE ANNONCE BANDE ANNONCE BANDE ANNONCE BANDE

Nous pouvons bandannoncer officiellement la parution sur ce site du premier strip de la vie tumultueuse des BOCALS pour lundi prochain!

(Parce qu’avant nous avons des trucs à faire)

23h54: ribouldingue chez les chats!!!!

RUBRIQUE « Petitezannonces »

A vendre quelques albums de BD. Liste à la demande.

Pensée du jour

La jeunesse, c’est très chiant, c’est la source de toutes nos emmerdes.

Mots de la fin pour aujourd’hui:

Demain 15 août, jour ferié, fête de la Vierge si je ne m’abuse, pas de courrier. Ma chère Vierge, en quatre mots comme en cent, vous me faites chier.

 Hasta luego

Lundi 13 août 2001

Bientôt minuit

Bientôt minuit.

A demain.

C’était notre rubrique: « Bientôt Minuit ».


____

Lire des romans

L’Esclave libre de Robert Penn Warren –  Editions Phébus, 75 F

Le Marin à l’ancre de Bernard Giraudeau – Éditions Métaillé

___

Météo

Il est beaucoup plus sûr de faire un compte-rendu météorologique qu’une prévision du même ordre. Quelques heures simplement séparent les deux formules. Ce matin par exemple, et pour aujourd’hui, j’eusse pu faire une prévision. Avec tout ce que cela comporte d’aléatoire, et sans compter qu’il eut fallu que vous la lussiez, autrement dit que vous en prissiez connaissance. Je ne parle évidement pas du pourcentage d’erreurs possibles, selon les régions. Alors que là, ce soir, à presque minuit, rien que du sûr, et ne concernant que mon village: il a fait beau, voire chaud, ciel bleu toute la journée. La preuve:

Demain on verra.

___

Chats

Tellement chaud que Cosette et ses gaillards ont fait la sieste quasiment toute la journée.

Il n’y a pas que Cosette, il y a aussi Batmou, alias Pauvre Mou, alias Mounet, alias Bouyou, alias Bon Bouyou. Qui a fait la sieste, lui, dans la niche d’un secrétaire. Chacun son truc.

Le Bon Bouyou est le plus sympa des chats noirs du monde.

___

Propos du jour* (lundi 13 août 2001):

J’ai vachement mal aux orteils quand je fais ça.

(mon fils)

Je ne suis pas enflée, là, derrière le genou?

(mon épouse)

Vous mangez des frites? alors moi je vais me faire des pâtes.

(moi)

* À ne pas confondre avec « pensée du jour »

Hasta luego

Dimanche 12 août 2001

Promenade

Vers 9h. Parti de la maison à 8h15. Le temps de prendre une bonne suée, déjà, en grimpant jusqu’ici.

Romans

La coutume veut qu’on parle d’un livre pour, et dans les deux cas fort naïvement:
 1) le faire vendre; 
2) empêcher qu’il le soit. 
Ainsi que, pour beaucoup de ces messieurs et dames de la critique, gagner sa croûte en faisant le malin — on en vit même accéder par cet artifice au statut de vedette, car la vie est ainsi faite, savoureusement décalée. Bref. Pour répondre à l’une ou l’autre de ces deux intentions sus-citées, il importe de claironner au moment fatidique de la mise au marché du prévenu. Avant serait accorder bien de la confiance à la mémoire des hommes, après les supposer dotés d’intérêt pour la nécrophilie quand ils en ont à peine pour la bi(bli)ophilie, dans les deux cas idiot. Et pourtant. Et pourtant. Souffrons que je m’insurge une fois encore, amis, et dans ce cas précis contre ces tyrannies du calendrier.

Il est des livres dont on a, merde alors, envie de parler plus longtemps que deux mois, et qui plus est de lire bien au-delà de la limite autorisée. Ça tombe sous le sens. En voici, sans attendre, deux exemple: les romans en question sont parus il y a, sinon belle en tous cas pas vilaine lurette, presque un an pour aucuns. Ce qui n’empêche leur qualité, le bonheur dont on peut leur être redevable.

Ces lignes veulent ainsi combattre l’état des choses. Je me sens, ce disant, très David affrontant les Goliath à la page. Et bien tant pis, quand même, ne fut-ce que par plaisir et envie de partage, envie de cadeaux à faire aux inconnus, j’invite donc, en ces lignes forcément partisanes, à la lecture de ces titres qui se trouvent évidement encore au rayon de toutes bonnes librairies, et qui attendent…

Jackpot, de Carl Hiaasen
Denoël, 139 F

Et encore:

Comme des hommes, de Louis Sanders
Rivages/noir

La pensée du jour:

Pas de pensée du jour aujourd’hui.*

Hasta luego

* Non. C’est pas qu’il n’y a pas de pensée du jour aujourd’hui, c’est: la pensée du jour, c’est: Pas de pensée du jour aujourd’hui. Voilà. Comprendas?

Samedi 11 août 2001

Frayeur

Hier matin (oui c’était hier) j’ai eu une frayeur.

Je me réveille, et rien. Mais alors rien. Nada. A la limite du moins que rien.

Aussi sec, me voilà mal à l’aise. Une angoisse qui vous prend par la pointe des pieds et qui monte et qui s’arrête au ventre pour tordre un peu et qui continue coté cœur et coté souffle, aïe aïe, ça va pas remettre ça, et qui monte encore et vous prend à la gorge. Je dis « vous » mais c’est moi. Ça s’installe. Ça vous envahit, au vrai sens du mot, connaissez-vous le vrai sens du mot envahir, le vrai sens des mots a de l’importance. C‘est comme le mot « serein », on ne dirait pas, à première vue, mais le sens du mot serein n’est pas du tout ce qu’on croit, on croit que c’est tranquille ça évoque le calme, l’apaisement, et puis voilà que c’est une vapeur froide qui retombe au coucher du soleil, il faut quand même le savoir, l’angoisse comme un serein, vous envahit — c’est à dire moi. Pétrifié dans votre lit. Pas bouger. Impossible de bouger, ne serait-ce qu’un cil, un orteil, rien. Dans votre lit comme une bûche, et sans aucun doute quelque chose derrière moi était en train de me surveiller de prés, je ne sais pas quoi. Mais derrière vous, c’est à dire moi. Il y avait quelque chose dans la chambre alors que le jour montait et qui me surveillait. D’invisible? non, même pas, je ne dirais pas ça. Mais caché. Derrière moi. Saloperie. Quelque chose qui avait ce pouvoir de me pétrifier. Alors un bruit. Alors voilà qu’un bruit. Un petit bruit de rien —c’est le cas de le dire — au bord de mon oreille. Un petit bruissement intérieur, un bruit à petit bruit, qui est une expression qui dit bien ce qu’elle veut dire, pour une fois. Un staccato. Non, pas un staccato. Pas une saccade non plus, qu’allez-vous donc chercher? Un bruit scandeur, plutôt. Scandeur, je dis bien. Tou-toum, tou-toum, tou-toum. Un bruit d’outre-part, pour ne pas dire d’outre-ailleurs — j’ai pas dit « tombe », je l’ai pas dit! Et j’ai compris que c’était mon cœur, mon brave petit cœur, qui résonnait jusque dans le oreilles. Tou-toum, tou-tou-toum… Ce qui me rappela immanquablement une histoire lue un jour, une histoire de Poe, l’histoire d’un type qui comme ça entend un cœur qui bat dans sa tête et qui en devient dingue. Pareil. Sauf que moi je ne suis pas fou. Et que je n’avais pas lu cette histoire avant de m’endormir qu’est-ce que j’avais lu? j’avais lu la définition de « reliure » (et le mode d’emploi) dans le Larousse Ménager de 1926. Pas de quoi cauchemarder. C’est très bien le Larousse Ménager de 1926. Et puis ça s’est arrêté de battre dans mes oreilles. C’était donc pas ça. Et toujours rien. Et les oiseaux se sont mis à chanter, ah les oiseaux! J’aurai passé une bonne partie de ma vie à détester ce moment-là de la journée, quand ça se met en branle — à l’époque épique où j’allais me coucher à cette heure-là. Mais alors, ces oiseaux!… pourquoi pas des poules et des coqs pendant que nous y sommes?

Et puis c’est revenu… enfin! Vous me croirez si vous voulez, je n’ai jamais su pourquoi.

pp

Vert comme un oeuf

Alors j’ai eu envie de manger des oeufs brouillés, je suis allé cueillir des orties, ce n’est pas difficile, ça pique juste un peu si on ne fait pas attention, il n’y a donc qu’à faire attention, le contenu d’une petite bassine, plus exactement une passoire, et je les hache grossièrement après les avoir lavées, hop! cuisson rapide à la poêle adhésive, trois ou quatre minutes dans trois gouttes d’eau, ensuite on verse les oeufs battus, sel poivre, on mélange, on tournique à la cuiller en bois, on casse, on fragmente, c’est cuit, on saupoudre de paprika, du paprika j’en mettrais dans tout. Parfait.

Cosette vue d’avion

La réflexion du jour

Jean-Marc (un copain) ce matin avant de partir en balade, vers les 7h45, sirotant son café en regardant un Tom & Jerry à la télé, pensif: « C’est marrant, plus ça vient, plus j’aime bien Casper ».

Attention! Bientôt sur cet écran:

LES BOCALS

tranche de vie!!!

(Premier épisode: Jean-Jo.)

Projets rapprochés:

Lire l’article « cartonnage » dans le Larousse Ménager 1926. Ce soir sans doute.

Écrire quelques pages de « C’est ainsi… »*. Tout de suite.

Hasta luego.

Jeudi 9 août 2001

Ouvrir l’œil

On se lève et on se dit: Est-ce qu’il fait beau? Si on ne se le dit pas on y pense, machinalement, ça fait partie, dirait mon Mac, des préférences à l’allumage. C’est le premier souci. Je suis en train de me demander si cette interrogation primale (je pense qu’elle l’a été) me tarabuste beaucoup, au fond. Je n’en ai pas conscience. Tout cela est du domaine de l’in-, j’imagine. Encore que. Encore que tout dépend de ce par quoi on a décidé de commencer sa journée. Par exemple aujourd’hui je m’étais dit que peut-être une petite promenade d’une heure ou deux… Et puis je me suis réveillé trop tard, vers 7h30. La grasse matinée, en somme. A une époque, je me couchais à cette heure-là. Je ne supportais pas cette heure-là, même si c’était une ou deux heures plus tard ou plus tôt, je veux dire: le commencement du jour. Le premier chant des oiseaux: quelle horreur!!! J’ai passé mon existence en mauvaise intelligence avec le matin. Et puis voilà — comme quoi tout peut radicalement changer. C’était la pensée profonde du jour. Et en plus il fait beau — mais trop tard pour la balade matinale, donc je vais passer à autre chose: le décapage d’un vieux meuble qui pourrait bien me faire office de bibliothèque dans l’entrée. On va voir ça.

Vrac du jour:

J’ai dû écrire une page ou deux — deux — hier. Manu and family sont repartis dans leurs espaces. A un moment donné, il y avait un criquet dans les bottes de Lili. la preuve:

Je n’avance pas, ou plutôt peu. Pas vite. A une époque aussi, j‘écrivais un chapitre par jour facile, au pas de charge, les doigts dans le nez. Il me semble que c’était un rythme normal. Il me semble aussi qu’il y avait de la jeunesse là-dedans. Et puis, donc, la maturité aidant… Quoi la maturité? Je connais très bien le fin mot de l’histoire et ce n’est rien d’autre que le souci de faire au mieux, tout simplement. Passer au-delà des accoutumances, plus loin. Plus fort, sans doute. Ce n’est pas une histoire de fatigue ni de vieillesse ni ce genre de conneries, excusez-moi, c’est le turlupinage du travail bien fait. Un point c’est tout. Un point virgule, soyons prudent.

Gorge déployée

J’ai entendu un jour Cavanna se donner bien du mal à en dire beaucoup sur ce subtil point-virgule. Il promotionnait (ça se dit, ça?) un bouquin sien, consacré à la langue, je crois. Le français. Cavanna a pris en grippe le point-virgule, pour une raison floue que je n’ai pas bien saisie, et en plus je n’ai pas lu le livre. Cavanna nous fait bien rire, parfois. C’est con quand ça lui tombe dessus à la télé ou dans un livre. Mais bon.

Souris

Ma souris a des ratés.

FIG

Au courrier, un bulletin d’inscription pour le FIG. Le FIG est une manifestation du livre, un festival dit géographique (Festival International de Géographie) qui se déroule où? à St-Dié, dans les Vosges, quand? à la porte entrebâillée de l’automne sur l’hiver. Et c’est en général rudement bien. Tous mes camarades écrivains et vaines, éditeurs et trices, qui n’y sont jamais allés et à qui je demande si éventuellement ça leur dirait de tenter l’expérience me répondent « certes, mais qu’ai-je à voir avec la géographie, moi? » . Et qui c’est qui doit se taper l’explication une fois de plus et raconter que oui mais ce n’est pas un festival que de géographes mais aussi littéraire, et international, et qu’il y a ENORMEMENT de monde, et que c’est super sympa, et toutes ces sortes de choses. En plus, je ne mens pas. Ceci étant, il y a quand même quelque chose à faire, je crois, sur la com’ de cet événement. Pour balayer les à-priori une fois pour toutes, informer, en somme, et pour qu’on cesse de me dire que « oui mais moi je n’ai rien à voir avec la géographie » et que je me cogne le boulot à chaque fois. Le bulletin d’infos de cette année, il faut bien l’avouer, ne me semble guère engager au rire. Vous me direz c’est pas fait pour. C’est quoi le thème? J’ai oublié, tiens — il faudrait que je franchisse quelques mètres et descende un étage pour consulter le document. En tous cas, pas attractif des masses non plus, le thème.

Pays invité: la Pologne.

Olé!

J’ai lu dans un magazine la pub suivante pour un miracle:


Comment gagner de l’argent sans vous fatiguer?

Et pour quelques francs on avait droit à un mode d’emploi.
Je suis en mesure aujourd’hui, quant à moi même en personne,
de vous proposer le mode d’emploi suivant:

 Comment vous fatiguer sans gagner un rond?

Vous m’adressez un chèque de 100 frs
et vous recevrez par retour la réponse (sic).
Vous pouvez perdre très facilement 100 frs et même beaucoup plus.
C’est génial.

(publicité)

Au revoir pour ce jour d’hui

Je vous quitte. Je vais voir comment décaper ce machin.

En somme, une belle journée s’annonce.

Hasta luego

mercredi 8 août 2001

météo globale:

Il pleut comme jamais (ou presque). Imaginons tous les cris et les râles de ceux qui se sont levés, en vacances, et qui ont vu s’abattre le déluge. Le désespoir. L’invitation au voyage vers les USA où, je viens de le voir à la TV, la canicule caniculise. Au suicide. Caramba. Les vacances sont évidement inconcevables sans soleil, hors de l’image qui nous en est proposée.

En ce qui me concerne, en vacances, je ne suis pas. Quand il m’arrive de proférer cette intéressante remarque, je m’entends répondre une fois sur deux, sinon davantage, depuis une éternité: « Oui mais toi tu y es toujours, en vacances ». Bon. J’ai cessé de rétorquer à qui me rétorque de la sorte. Je suis de moins en moins rétorqueur, en fait. Je remarque ça. Donc je ne suis pas en vacances et il va me falloir écrire 5 à 6 pages au bas mot, ce jour d’hui. Donc, la pluie extérieure ne me gêne guère, en vérité — je suis derrière les mots au 17eme siècle et en mai et il fait beau, là-bas. 5 ou 6 pages, certes. Sinon, je ne m’en sortirai jamais à temps. Me demande où j’en serai arrivé en fin d’année.

Manu and family:

Manu est là. Manu est un pote de mon fils qui est devenu mon pote aussi. Manu est un as de l’ordinateur et un fidèle du Mac. Il a fait le ménage sur ma machine hier soir. Parfait. Un nouveau virus se balade par les ondes, j’apprends ça ce matin — Red quelque chose. Jamais ramassé de ces sales bêtes jusqu’à présent. Je touche du bois. Manu est ici jusqu’à ce soir avec sa family, Olivia sa compagne et Lili — Lili a dessiné ça:

C’est une fée.

limaces and cie:

La pluie m’empêche d’aller me promener. C’est le seul inconvénient. Encore que, je pourrais tout à fait me promener quand même, si je le voulais vraiment. Mais bon. La pluie fait aussi proliférer les limaces. Jamais vu autant de limaces de ma vie, à ne plus savoir où poser les pieds. Encore heureux qu’elles soient silencieuses. Si les limaces chantaient, ou sifflaient, par exemple, en se baladant. Ce serait intenable, en ce moment. Pire que la carrière de mon ami Sylvain à deux cents mètres de chez moi, quand il s’y met avec ses bull. et ses tracteurs et ses pelleteuses et son concasseur. Il semblerait que la pluie a eu raison de Sylvain aujourd’hui également.

Je supporte de moins en moins le bruit.

projets:

Coup de fil hier d’un pote de L’est Républicain qui me branche sur un boulot pour un magazine. Un papier sur les Vosges. Je ne suis certes pas un spécialiste des Vosges, mais bon, je vais essayer de pondre un feuillet. C’est un boulot bienvenu.

Hier aussi, reprise de contact avec un éditeur pour un petit texte sur la préhistoire. Nous allons voir ça, et ce que je peux faire, dans quelques semaines. Bienvenu aussi, ce travail, mais j’ai du mal à quitter mon roman.

facteur:

Il est 9h30, le facteur (ou la factrice, cela dépend) n’est pas encore passé. La pluie pour me moment s’est arrêtée de tomber et « il fait moite ».

voisin divers:

J’ai un autre voisin, « en bas de chez moi », un ami aussi, un menuisier-ébéniste qui a racheté il y a peu un hangar proche, le hangar d’une maison encore plus proche et à vendre. Il est en train de s’installer et de tronçonner des arbres à tour de bras dans l’alentours Pour faire net et propre. Sans doute. Me voilà avec des craintes…

Cosette story:

Tout-va-bien.

Météo perso:

J’ai l’impression qu’il faut que je fasse un million de choses sous peu. Et que je n’y arriverai jamais.

Hasta luego

06 Août 2001

Pierre Pelot

The Retour

Il est de retour ! De retour de où ? De retour de quoi ?
De retour d’ailleurs, pourrons-nous dire, sans que ce soit ni ailleurs ni loin et les deux à la fois.
Bien. Todo bien.

Quelques mois se sont donc passés depuis la dernière mise à jour de ce site. Quelques mois pendant lesquels, ponctuellement, j’ai reçu un certain nombre de mail me faisant remarquer que ledit site, dommage, n’était pas mis à jour depuis un certain temps. Damned je le savais, mais il n’empêche que j’étais fort aise qu’on me le fît remarquer, me prouvant par ce souci-là qu’on pouvait donc avoir envie de jeter un coup d’œil dans cette lucarne. Donc voilà. Tout est de nouveau en marche, en action, et je l’espère régulièrement et pour longtemps.

Avant tout je me dois (et me fais un plaisir) de signaler ici que ce site, sa mise en forme, son aspect toutes ces sortes de choses qui lui vont avec, ce site est l’œuvre de Bernard Visse, un ami mien à qui je dois, vous n’imaginez pas, un grand nombre de remerciements. C’est lui qui a tout fait. C’est lui qui le premier et depuis belle lurette me pousse à remettre la machine en marche, me suggère des choses à faire, etc. Il n’est donc pas en cause, ö combien non, dans le silence et l’immobilité de ces pages (des pages peuvent-elles être silencieuses? Oui Immobiles? Oui). Je remercie mon camarade, et bien sincèrement.

Comment, donc, animer et faire bouger ce paysage à la fenêtre? (Non, ce n’est pas une tentative de réponse et un mode d’emploi à quelque processus d’animation 3D… ne commençons pas à jouer sur les mots… ou plutôt si, justement, jouons…) Je voulais dire, donc: comment vivre agréablement à l’intérieur de ce site ? La seule réponse que j’aie trouvée jusqu’à présent est celle-ci: c’est peut-être le meilleur support pour ce que je voulais faire depuis un moment déjà: une sorte de journal, de chronique régulière, sur tout et sur rien. C‘est à dire ce qui retient mon attention au fil des jours, quand elle (mon attention) l’est (retenue). Un truc comme ça. J’eusse aimé bricoler la chose dans les pages de quelque journal, ou magazine, que sais-je… eh puis, eh bien et puis je ne me suis guère secoué pour proposer la chose ici ou là et à droite ou à gauche ,pas plus ici que là ni à droite ni à gauche, et personne (je pense à des magazines et journaux) ne me l’a proposé non lus. Donc… Donc, pourquoi pas rendez-vous ici?

J’y parlerai de mes journées, de leurs quotidiennes importances, importances toutes subjectives s’entend, il ne manquerait plus que ça. A la différence que par le biais du courrier nous pourrions aussi éventuellement converser, mais je ne promets rien — voyez comme je suis. On me dira: il faut être singulièrement prétentieux pour s’imaginer d’importance à publier ses pensées du jour, à donner ses avis en pâtures sur telle ou telles chose. C’est exact. Mais après tout Beigbeder (dont je ne serai jamais certain de l’orthographe patronymique) le fait bien et à quel titre, je vous le demande, et combien sont-ils dans son genre, je vous le redemande, à me donner ce mauvais exemple? Il suffit qu’on me donne un mauvais exemple…

Donc voilà.

Ça s’appelle: Bavardage. Soliloque serait plus juste. Mais c’est Bavardage, et ça le restera jusqu’à ce que je trouve mieux. Ce qui ne saurait tarder. Ce sera décousu, je me connais. Souvent n’importe quoi, au fil … au fil de quoi? Au fil. Je me connais, vous dis-je, pas très bien certes mais quand même un peu.

Ce sera du style:

Aujourd’hui samedi 4 août, 9h25, il pleut. Il fait moite. C‘est vert par la fenêtre de mon bureau. On se croirait en Louisiane où je ne suis jamais allé en chairs et en chairs (j’étais enveloppé à cette époque où je rêvais de voyages – c’était avant que je m’en aille un peu). Il est 9h27, donc, et des orages s’abattent sur la France et ses vacanciers, ce dont u fond je me fous un peu beaucoup – les orages épargneraient-ils la France des gens au travail?) Ici, la maison est calme, ses occupants ne sont pas encore levés, bravo. Mon épouse et mon fils (ici pour quelques semaines) et des amis venus respirer l’air pur, les voilà gâtés, pour quelques jours. Tout ce monde dort. Et Cosette aussi, dans le fauteuil, derrière moi. Cosette est une chatte sdf trouvée il y a quelques mois, qui a bien eu des malheurs récemment: sitôt ici dans les verdures: fiancés, enceinte, et récemment accouchement difficile: un petit né normalement puis 24 h plus tard un autre mort, et 24h plus tard césarienne, stérilisation – et un autre bébé VIVANT! Voilà le tableau:

Sinon il va falloir que je me mette au travail, comme on dit. J’écris, voyez-vous. Chaque jour un peu, une couche, quelques pas vers le final lointain au bout d’un horizon bien flou. L’histoire s’appelle « C’est ainsi que les hommes vivent », c’est un très gros roman qui court sur quatre siècles dans cet coin perdu de la Lorraine et des Vosges qui est « ma » vallée, où je suis né et où je vis encore. C’est pas rien — pas d’être né ici, encore que, mais d’écrire cette histoire. Je serai en retard.

Je vais aller y faire un tour, le ciel s’assombrit, c’est une nouvelle averse qui se prépare à s’abattre sur les vacanciers de France et sur moi aussi sous mon toit fort heureusement.

Hasta luego.

Je vous avais prévenus – ça ressemblera à ça.

Bavardage, donc…