Une chose est sûre, c’est qu’Edika est bien frappé. Et du bon sens, à tous les coups, même si cela parait être dans tous les sens. Cet homme est fou. Qu’il me soit permis de l’en complimenter chaleureusement ici-même et dans ces lignes, qui sont celles du front, bien évidemment, comme vous l’aurez comprite. Edika dessine des histoires ou des fragments d’histoires de cette façon qui est la sienne propre et c’est pour ça qu’on l’aime, voire qu’on ne l’aime pas, mais si on ne l’aime pas on passe son chemin et on va crever ailleurs, sans encombrer notre route, c’est simple, de cette façon disais-je, ou allais-je dire : il jette des traits en vrac sur le papier, des tas de traits en tas, il amoncelle ( de vélo ou de cheval ) puis il balaie d’un maître coup de poignet car c’est un artiste et le résultat est là : ça fait des dessins qui s’acheminent vers une histoire fort amène qui nous fait plaisir à voir et manger. Car boire et manger il y a. Une histoire parfaitement structurée dans la déstructure la plus sévèrement logique, et au résultat nous partageons bonheureusement sa liberté de penser, comme l’a dit Florent. Et ça fait du bien où ça tombe, ça fait du bien où ça passe. Que je dis.
Edika est un homme à bonheur. La preuve c’est que dans le langage courant on ne dit plus : « Salut comment tu vas bien ? Je vais bien et toi ? Moi je vais bien aussi. A la bonne heure. » Mais : « Je vais bien. A l’Edika ». Si c’est pas une preuve, que je soye noyé.
Alors, si vous voulez le bonheur de quelqu’un, et même le vôtre, faites-lui, faîtes-vous, l’édika-là : Anthologie EDIKA 1979>1984, dont tous les textes sont gurgités par Gégé Viry-Babel, une épée, et qui comporte ( l’antho, pas l’épée ) une magnifique préface de l’imprimeur composée d’un cheveu dudit tombé là par inadvertance, c’est malin, mais c’est unique. Nique, nique.
Et pis c’est tout.
PS : Et aâââtttttation ! Le second, ou deuxième, tome arrive. Sans déconner.
Il était là, tranquille, au zinc, les coudes posés de chaque côté de sa bière comme s’il craignait qu’on la lui prenne ou qu’elle s’envole, je sais pas. On vit une époque formidable, qu’il a dit. Sûr, que j’ai dit, pour lui tenir compagnie. Ou me tenir compagnie. Ou les deux. Il a donc continué :
« En tout cas tu pas pas dire qu’on s’emmerde, c’est diversifié. Ça n’arrête pas. Ça fait quoi ? Six mois ? J’ai m’impression des fois que ça fait bien un an. Que c’est comme ça depuis toujours. « Avant », ça me paraît être un très vieux souvenir, tu vois ? Un souvenir que tu serais presque à deux doigts de plus te souvenir, tu vois ? ( Il répète souvent « tu vois ? » dans ses conversations. C’est comme les gens qui te ponctuent tout à grands coups de « d’accord ? » ou « si vous voulez ». C’est pénible. Mais bon, lui je le laisse dire, si ça lui fait plaisir… alors oui, je voyais. Tu vois ? Oui je vois. )
« Bon, le putain de virus on n’en parle même pas. On n’en parle plus. On nous en a trop parlé, et pour en dire quoi ? Des conneries, la plupart du temps. C’est à dire tout et son contraire, tu vois ? Tout et n’importe quoi. Si bien qu’au bout du compte, putain, tu n’y comprends plus rien. Moi j’y comprends plus rien… Une histoire de communication, bien entendu. On communique par quoi ? Par la télé. Et à la télé, depuis le premier jour, sur toutes les chaines, tu les as vus défiler. Les voix tu gouvernement d’abord ( mais pas tant que ça ) et les voix de la science. Les scientifiques, venus t’expliquer ce que c’était que ce virus à la gomme auquel ils ne comprenaient rien. Des discours longs comme le bras pour te dire qu’ils ne savaient pas, qu’il croyaient penser que ça pourrait être ça, ou pas. Ça leur aurait fait des boutons de dire simplement on sait pas ? Il fallait qu’ils expliquent non seulement pourquoi ils ne savaient pas mais ce qu’ils ne savaient pas. Tu vois ? Et les médecins de défiler. Les spécialistes de la médecine, les toubibs, un pour chaque chaine, chaque émission quasiment. Transformés en vedettes du petit écran. Je te parle même pas de Cymes, avec ou sans Adriana sous le bras : la palme. Tous les autres. Chacun son couplet. Chacune, aussi. Sur CNews, dans la bande à Pascal, on a vu surgir la docteure de service bombardée spécialiste télévisuelle, Brigitte Milhau. Une cata parmi d’autres, à ne pas savoir s’exprimer ni respirer, ni s’exprimer en respirant, ( ben oui c’est un métier ) face caméra, championne du bafouillage et qui ne nous a jamais expliqué quoi que ce soit de plus que trente millions d’autres, mais en prenant son temps, revenant tous les jours sur la plateau de Pascal Praud-qui-sait-tout-et-que-c’est-lui-qui-a-raison-et-qui-prétend-fire-la-meilleure-émission-du-monde-en-dirigeant-sa-troupe-à-coups-de-siflet. Tous les jours. ( Dans sa troupe, Elisabeth Levy, tiens, en voilà une de championne du « si vous voulez » ! en remplacement des virgules dans sa ponctuation ! Un si vous voulez toutes les quinze secondes, en alternance avec les « est-ce que je peux finir ma phrase ? ») Un régal de quotidien.
« Donc y a ça.
« C’est la rentrée. On est bien content. On tient les sujets de causeries, de polémiques ( Victor ), de discussions, de « je te donne mon avis », de « ne m’interrompez pas » depuis deux mois. Pour encore bien deux mois. Sinon plus. Les masques, par exemple. Oh, les masques… Les porter ou les pas porter. Ici ou là, ou pas ici ou pas là. A priori ça fait appel au simple bon sens, la simple raison. Eh bien voilà, regarde un peu… Des mois, je te dis. Pis le reste, c’est reparti, c’est la rentrée, que du bonheur : on repart à zéro : Fort Boyard, Koh-lanta, que de la joie, à zéro c’est le cas de le dire. L’heure des Pros de retour. Nagui, N’oubliez pas les paroles, Un si grand soleil, Michel Drucker, la rentrée des classes, la rentrée littéraire, Amélie Nothomb, la rentrée des sorties. Que tu bonheur, tu vois ? »
« Je vois », j’ai dit.
— J’ai bien envie de me bourrer la gueule, il a dit.
— Tu crois ? j’ai dit.
Il a hoché la tête, il a bu une gorgée, il a pas répondu.
Hugot, c’est le papa de pépé, ce qui peut vous donner une idée de son âge, mais je vous arrête tout de suite : la valeur n’attend pas le nombre des ans. Car si c’était le cas, nous n’aurions pas à nous mettre sous la dent de nos yeux ce magnifique objet de culture, à la fois graphique et socialo-érotico-psycho-philosophique, pour le moins. Car Pépé a vécu des années, un bon paquet, et il a vécu tout au long, bien vécu. Une vie bien remplie. Ça arrive à tout le monde, je pense. Oui mais non. Je vous arrête une fois de plus et tout de suite. Tout le monde ne remplit pas sa vie de cette façon-là, cette manière-là, à la mode Pépé. Ne pas confondre avec la mode P.P., je vous r’arrête tout de suite. La Pépé touch, c’est unique. Personne ne remplit sa vie comme Pépé l’a remplie. Sa vie.
Son truc à lui ça a été de tripoter les filles. C’était gentil, pas invasif, ça ne faisait de mal à personne, même pas aux filles tripotées qui, leur candide naïveté en avant, ne demandaient au fond que cela. Pépé était, fut, sa vie durant un philanthrope du tripotage, un bienfaiteur humaniste, donc de l’humanité. Il tripota à main que veux-tu, depuis toujours. De sa puberté, je suppose, à son lit de grabataire. Hardi petit ! ( ce serait intéressant d’ailleurs qu’il nous pousse le souvenir de ses exploits dans le domaine de jeune homme, je ne dirai pas de garçon pour ne pas avoir d’ennuis avec la censure mal pensante : nous vivons une époque de soumission à tout, à la religion, à la bienséance, à la pudibonderie, mais je m’égare. Du Nord, évidemment.) Pépé est un véritable anarchiste individuel. Ce qui pour lui n’a qu’un sens, ou plutôt plusieurs : les siens propres. De nos jours, « au jour d’aujourd’hui » dirait le pléonasmatique pédant, il agirait dans un gymnase, sur un court de tennis, dans les vestiaires d’une équipe de foot féminin,, sur un plateau de télé ou de cinéma, dans un cabinet d’avocat, dans l’hémicycle de l’assemblée nationale, sur une étape du tour de France féminin, crac ! tout une volée d’envolées crieraient au viol, intenteraient des procès à la pelle comme à l’appel, et Pépé n’aurait de salut que dans la castration manuelle. Fort heureusement pour lui, comme pour nous, impénitents que nous sommes sous des airs bien nés, ce sont ici des souvenirs. SOUVENIRS ! Prescription il y a.
A longueur de jours, Pépé osa ce que les braves gens n’osent pas. Il tripota à doigts, paumes, paluches rabattus. Il tripota sous toutes les coutures, qu’Hugot, son maître étalon rapporteur, dessine avec grand talent. Les seins d’Hugot, son admirables, dirais-je volontiers, et on me comprendras – tout comme le lointain Philippe Clay chantant en son temps Les Fesses d’Irma, et qui semblait savoir de quoi il causait, et moi aussi qui en sait quelque chose. Hugot est un superbe dessinateur. Un fou remarquable. Un inventeur et scénariste de grand talent, un homme à la mémoire gravée dans le marbre, il n’en fallait pas moins pour se souvenir de tous les subtils et tortueux tours et détours dont use pépé pour parvenir à ses fins – au minimum une patte de velours glissée dans la culotte, si la dame ne l’a pas retirée. La culotte. En preuve de ce que j’avance, dans ce beau volume de dessins à offrir en cadeau à Noël*) à vos enfants, cerise sur le gâteau une interview du maestro dirigée par le non moins Viry-Babel ( Gérard ).
*) Je le sais que Noël est passé, mais il y en aura un autre en 2020, non ? Et puis d’abord pourquoi attendre Noël ? Je vous jure…
On avait déjà lu de cet homme ( « on », en l’occurrence moi ) : « Révolution », et « La Revalorisation des Déchets », et « on » s’était, on = toujours moi, régalé, dans les deux cas. On était en passe de lire, du toujours même, ROAD TRIP, en Pocket, bien que l’on trouvât dommage, moi et on, que l’objet livre dans cette collection ne fût pas terrible.
Bref.
Et puis là, roulement de tambour : FIN DE SIÈCLE. De qui ? Où donc ? Retournez voir dans la titraille, mille sabords !
Ce n’est pas tous les jours que nous est donné ( ou vendu ) à lire un roman qui déménage à ce point. Et qui ne se contente pas de déménager bêtement, mais qui le fait avec intelligence, avec virtuosité, avec, comment dire… Comment dire ? Je vous le demande. Si c’était de l’argent ce ne serait pas de la monnaie menue, pas des pièces, du liquide qui vous coule entre les doigts et qu’on oublie aussi sec – pour du liquide !! – avoir serré jamais. Non. Du gros. Du chèque. Du virement. De la trésorerie.
Fin de siècle, oui, c’est bien là que nous sommes. Comme toutes les fins de siècle, et je sais de quoi je parle, j’en ai vécu quelques-unes dans ma vie. Pratiquement tous les dix ans. Alors…
Ici, celle qui déboule et cascade dans les pages de ce roman-là,commence par le meurtre, enfin la mort violente pour cause de lame crantée, de Perdita Baron. Ça met un certain temps. Les morts violentes ne sont pas nécessairement rapides — je le sais, j’en ai rencontré quelques-unes dans ma vie. Et là, foutredieu, on s’y croirait, Perdita, c’est comme si c’était nous. Vous et moi. Mais le livre n’est pas le roman de la mort violente de Perdita Baron. D’ailleurs, dés le chapitre two, les requins apparaissent. Des mégalodons ? Gigantesques. Trente mètres de long. Trinta metros. C’est sur une plage portugaise que cette bestiole fait irruption. Les ancêtres préhistoriques du poiscaille dépassaient à peine les quinze mètres – des rigolos. Alors, d’où sortent-ils ?ceux-là ? ces monstres-là ? D’une mutation… de fin de siècle ? De fin du monde tout court. Vous le saurez en écoutant la suite de notre feuilleton…
Car il s’agit bien d’un feuilleton, de la trajectoire de quelques personnages non seulement hauts en couleurs mais singulièrement hauts en couleurs, éblouissants sans que ça éblouisse, si vous voyez ce que je veux dire. Et nous le voyons, parce que pas éblouis, précisément, parce que la belle écriture est d’une clarté tout ce qui est claire et supportable et nous fait partager avec une aisance coupable ( quoiqu’innocente ) l’aventure. Dans ce vacarme plombé qui déferle sur les chemins imbriqués de cette panique à bord de la terre, nous suivons Armel Kœstler et son vieux mari mâri. Nous suivons les surveillants des herses qui protègent la Méditerranée. Les agents FBIens et autres lancés à la poursuite d’un voleur de tulipes. Nous suivons un astéroïde dégringolant vers une terre que ne protège plus aucune majuscule. Nous suivons Claude Carven, l’inénarrable testeur d’exploits en tous genres ( qui font sa renommée ),embarqué dans le dernier en date : une plongée en chute libre de 88 000 kilomètres –vous avez bien lu. Mur du son dans 10 secondes ! Ces parcours des derniers instants d’une partie du monde, sans majuscule, sont une chose. Un rêve de bonheur pour tous les confinés d’une autre fin, camouflée, la fin, sus un début de siècle ? Nenni. Mais surtout, surtout, tout cela écrit avec un bonheur hors pair, magistral, le plus magistralement possible sans la moindre ostentation, la plume trempés dans l’encrier ras bord de l’humour, avec, vous savez, pratiquement à chaque mot, le petit choc sympathique du bout de la plume becquant le fond de verre de l’encrier. C’est pas toujours qu’on se surprend à rire à haute voix au détour d’une giclée de mots, pas tous les jours qu’on s’essaie à siffler dans ses doigts, comme l’explique un des personnages, et qu’on fait un bond dans son lit qui fait faire un bond-bis à votre compagne quand on y parvient par surprise.
Chapeau monsieur Gendron la fin de siècle dont vous fûtes témoins nous met l’eau à la bouche et nous nous y coulons avec délice, buvant la tasse goulée après goulée.
Ici c’est de la pluie. Une nouvelle fois juillet pourri ou quasiment, et des images télé énervantes, genre sécheresse partout ailleurs, mais c’est de ma faute aussi, pourquoi regarder la télé ? Pourquoi encore. L’été à la télé c’est pire que tout. La météo n’est pas seulement pourrie, du coup. Douste-Blaze, Terminazy, Chiraczi, Etc.zi. Madame-zi. dans Match, la vie, les gens, les bêtes, les us et les coutumes.Lance a re-re-re-re-re-re-regagné le Tour de France, avec les commentaires de Gérard Holtz en plus c’est davantage que kitch, c’est kitchenette. Excusez-moi. Pas pu résister. Et c’est pourtant la moindre des choses de résister à Gérard Holtz, c’est un devoir de sauvegarde.J’ai un copain qui fume du lard. Mais non pas dans sa pipe, vous êtes lourd, on dirait du Gérard Holtz. Dans un fumoir fabriqué maison. Portable. C’est pas beau ?
Une fois de plus
Une fois de plus le temps est passé. Une fois de plus ? C’est idiot. Comme d’habitude , le temps est passé. Même pas à mon insu. J’ai fait d’autres choses. On dit : « Zut, alors ! je n’ai pas vu le temps passer ! », on dit des bêtises. On ne voit pas certaines choses passer. Certes. Tandis que d’autres… Ah, les choses !
Par quel bout rattraper le temps perdu, qui ne se rattrape donc jamais ?
Méchamment
Il y a quelques mois est sorti Méchamment dimanche, sur les étals, pourquoi ne dit-on pas les étaux. Méchamment Dimanche est sorti dans les étaux. Un peu plus tard il a reçu le prix Marcel Pagnol et j’en suis fort content, ravi même. Marcel Pagnol est un monsieur que j’aime bien. Donc me voilà flatté. Je l’ai dit d’ailleurs à la réception du Prix : (extrait, trompettes ta ta tsan !)
« (…) Et les souvenirs sous cette coupe, Marcel Pagnol du nom de qui me voilà par l’écrit tout soudainement complice, a bien joliment su les tenir en cet appareil.
Voilà me semble-t-il qu’un certain petit Marcel, aussi un boulanger, et puis sa femme, une chatte et des instituteurs, quelques joueurs de cartes et gardeuses de chèvres, partagent avec Zan, Belette et Zita et un chien, à travers d’autres fenêtres, des paysages et destins pourtant pas si éloignés — et surtout, un regard sur leur existence, par ces croisées ouvertes aux curieux. J’en suis très honoré — mon émotion tandis que j’écris ces lignes tout autant que les lisant demain — c’est à dire maintenant — vient de là — d’une position en cette bien belle compagnie à laquelle vous m’invitez, accoudés à la fenêtre.
Je suis très heureux, et très heureux de le dire, pour cet habit de fête que vous avez donné à Méchamment Dimanche, costume coupé au patron et mensurations de Marcel Pagnol, j’en suis flatté pour le roman. Et pour moi honoré. D’autant, et vous ne le savez pas, que Marcel Pagnol fut de mes nourritures favorites sur les nappes cartonnées fripés du Livre de Poche, quand j’étais dévorant, jeune anthropophage de gourmanderies littéraires. Il a été partie de cette substance nutritionnelle au même titre que d’autres dont il n’était sans doute pas le parent direct, tels que Faulkner ou Carson Mc Cullers ou Eudora Welty ou Robert Penn Warren, il a été de ceux et celles-là, d’une même famille des grands raconteurs, de ceux et celles, quand je les songe nourriciers, dont il reste à jamais sinon la mémoire absolue des menus, en tous cas les saveurs et le goût de ce qui m’a aidé à grandir tout en demeurant sur le pas de la porte du monde des adultes. Il a été celui avec quelques autres qui m’ont empêché de trouver de l’or tout en continuant toujours à en être chercheur – pour garder en souvenance les paroles d’un autre beau raconteur.
On n’oublie pas le petit Marcel se faufilant en malfaiteur sur le sentier des maraudes vers le château dans le soleil et on n’oublie pas, à cet instant-là, le criquetis des cigales. On n’oublie pas Manon, on n’oublie pas Jean de Florette. En tous cas moi à qui ils ont fait à leur insu la courte échelle. Comprendrez ma fierté, pour mon Zan à moi, pour mes Tipol, Belette, Zita, Jean-Claude et Cie de cette histoire, vus depuis mon accoudement à cette fenêtre-là, entrouverte pour moi, sans nul doute, par un formidable conteur de moments de vie, qui m’a appris à tendre l’oreille aux grillons dans les près des entours de chez moi comme il écoutait les cigales, et au parler des hommes que le soleil brûle comme à celui de ceux que le froid bronze pareillement.
(…) Maintenant je peux vous dire, et de tout cœur, le mot tout nu : merci. J’ajouterai simplement que certains fantômes, j’en suis sûr, se joignent à moi.
Merci pour eux entre leurs pages, qui vont sans doute gentiment vivre mieux, au-delà de tous les dimanches. »
Voilà. J’étais ému. C’était en juin à Paris au Fouquet’s et il faisait très chaud et à force de bavardages je n’ai même pas mangé un canapé ou un petit four ou je ne sais quel amuse-gueule, de la soirée. Mais j’ai croisé et rencontré des gens gentils et sympathiques. Revu à l’occasion Jean-Charles et Gigi Tacchella. Beaucoup d’autres. Bonjour Olga.
Bref.
Bref, et du coup, je me suis pas mal dispersé. J’ai bougé dans tous les azimuts. (Pendant longtemps j’ai cru que « azimut » prenait un « h » quelque part, j’en finissais volontiers le mot, et puis non. Ce que c’est que la vie, hein…) J’ai rencontré des gens, j’ai répondu à des questions, j’ai répété des choses et des choses. En général c’était sympathique. J’en vu des gens charmants, mais vraiment charmants. Des libraires et des libraires (masculins et féminins) et des librairies aussi comme jamais je n’en avais vues (Bordeaux, Toulouse, wahou ! ! !) des lecteurs et trices aussi, j’ai signé ce livre que j’aime, écrivant cordialement, et c’était vrai à chaque fois.
Tout ceci a fait que des mois se sont écoulés.
Que nous voilà en juillet, bientôt août, et qu’il pleut. Mais pas aujourd’hui. C’en est presque bizarre.
Et alors ? A part Lance, quoi de neuf ? Que du vieux – comme dirait l’autre, celui qui dit toujours ce genre de choses — , du coup.
Non
L’Europe, le « non » vainqueur en France, comme ils disent, moi j’ai voté « non » et voilà que du coup on m’a sommé de m’expliquer à maintes occasions. Ce que je n’ai généralement guère su faire parce que l’intrinsèque inanité du propos engagé me gonflait très vite et que ma conviction profonde ne se satisfaisant pas des mots ordinairement employés — les mots et propos de boutiquiers taillés pour ce contexte contre lequel précisément je ne me sens guère en amours ni mêmes accointances — basta. Ou encore je me suis senti très connard, très traîtrisant, très bas de gamme, très province en regard des villes et de ses populations qui majoritairement intelligentes sans doute surent voter oui à l’instar des nullos extra muros. Dans ce sens-là. Du coup je me suis dépêché de raconter des bêtises ou de ne plus rien raconter ou de passer au dessert – pour dire que non merci je n’en prends pas.
Fromage ?
Quoi d’autre ? Lance Armstrong, vous savez, pour la septième fois… On va donc être un peu peinards l’an prochain. Au fait, c’était dans une équipe américaine qu’il courait, Lancy ? je ne sais même pas. De nationalité je veux dire. Parce que j’ai entendu l’hymne américain sur les Champs, quand il a été déclaré vainqueur , parmi ses enfants jaunes – ce qui n’a pas manqué d’émouvoir Gérard… Mais je n’ai pas très bien suivi parce que je devais zapper en permanence pour attraper les résultats d’une course de Formule 1, ce dont je me tape royalement, mais c’était pour un pote sur un bateau au large de la Corse en compagnie de plein d’enfants et de filles et qui était dans l’impossibilité de suivre cette actu-là, nul n’est parfait. Laure est championne du monde de 400 m, dans l’eau.
Mondo con (ou sans ?)
Londres et les attentats. Tous ces pauvres détritus humains à la cervelle pas finie qui se font donc exploser au nom de Dieu en espérant que leurs morceaux se recolleront vite fait juste avant de franchir le seuil de leur paradis de cons – les plus cons du monde, à n’en pas douter.
Les catastrophes naturelles, en regard des simplement humaines.
Le monde est fantastique.
Quant à moi…
Et moi dans tout ça, qui fais partie du monde, j’ai bien du mal à écrire. Les bouquins ça ne vient pas si facilement, au fait. De moins en moins. De moins en moins de moins.
Je ne voudrais pas le crier trop fort, mais je crois que le soleil perce.
Par ailleurs
Par ailleurs je recherche le dvd de Phantasm, VO sous-titrée en french, un film de Don Coscarelli, (1979). Pas le 2 ni le 3 ni le 4, le premier.
Par ailleurs aussi je suis en Louisiane et sur les mers. Ce qui n’est pas peu dire. Bien sûr : en pensées, bien évidemment, en pensées. Ce qui n’est pas peu dire quand même.
Et je me demande ce que je vais bien manger ce midi.
Il faudrait que je coupe du bois pour l’hiver. Parce que nous y serons bientôt, ne rigolez pas. Septembre dans pas si longtemps, et ça va recommencer. Ça va continuer.
Pluie en février, quatorze en juillet – c’est un vieux dicton. On peut donc être sûr d’avoir un sacré quatorze juillet, parce qu’aujourd’hui c’est pluie, pluie et pluie. Et aussi vent.
Par ailleurs, le pape dont on nous dit qu’il est en bonne santé, on nous prend vraiment pour des nouilles, est sorti de l’hosto. Quant au prince Charles, il va se marier avec Amélie Mauresmo vieille. C’est l’actu du moment. Je me demande si ça valait vraiment le coup que je sorte d’hibernation pour ça. Je n’en suis pas certain.
Autres nouvelles: les chats de la maison sont fous et sautent partout et font même tomber des tableaux, style le chat de Gaston dessiné par Franquin, avec la gomme qui rebondit, un chef d’oeuvre… Mon épouse a contracté la maladie de Lym, et moi j’attends les résultats de mon analyse sanguine, sinon ça va. Quoi encore?
Encore
Quand j’y repense, le pape… Dans quelle autre profession on accepterait qu’un individu à ce point sarpé et déglingué de partout exerce encore une activité? Une autre activité que celle d’allongé ou, à la rigueur, assis sur un banc au soleil?
Dans aucune. Même pas homme politique. Pas au point là. Pas à un tel degré de blettitude — même les hommes politiques, passés un certain stade, on les cache. Vous ne m’empêcherez pas de me dire que c’est lamentable et désespérant. Moins pour lui (les betteraves ne se font pas de tracas) que pour les millions de gens qui pleurent et prient pour sa guérison et qu’il se remette (où et de quoi?) et soit en un mot immortel. Pauvre planète.
Mardi 8 mars 2005
Du coup ça m’a fichu un choc de quasi un mois… Je suis peu de chose.
Un mois. Un mois rempli de jours et de nuits pendant lesquels il s’est passé plein de trucs et d’événements et de non-événements, forcément, ici et ailleurs, partout. A y songer c’est même fatiguant. Je suis facilement fatigué en ce moment, parce que c’est comme ça. Bon allez je le dis: y a pas que mon épouse. Moi aussi: je l’ai. Et me voilà donc sous antibiotiques et ça me fatigue. Sous antibiotiques à cause des tiques, non pas des tiques des antibio, mais des tiques-tiques, des bêtes immondes, les pauvres, qui piquent.
Moi les tiques je suis carrément leur dada. Je me fais piquer en moyenne une cinquantaine de fois par saison, par année, du printemps à l’automne, en ce moment ça va, par -20° les tiques sont couillonnés et se terrent, s’enneigent, je ne sais pas. Oui, au fait, qu’est-ce qu’elle deviennent ces saloperies en hiver? Bon, sinon donc je suis un vrai régal pour ces bestioles et en avant que je te pompe. Jusque là c’est juste désagréable. Mais il se trouve que certaines de ces mauvaises, en plus d’être simplement moches et pas sympa, sont infectées. Et transmettent une infection donc qui se traduit par ce qu’on appelle, re-donc, la Maladie de Lym.
Je trouve pas ça terrible comme nom. Sans doute celui du premier reconnu qui a ramassé cette cochonnerie. Or donc je l’ai. La Maladie de Lym. Et ce qui veut dire antibiotiques, c’est la seule solution. Et les antibio, ça fout en l’air. Voilà pourquoi je suis fatigué. Ma vie est passionnante.
Hiver
L’hiver coule. Et gèle. J’adoooore ça. Le seul vrai inconvénient c’est que ça bouffe salement, côté chaudière. En bois. Mais bon, c’est bien quand même.
Je suis même allé faire de la raquette, dimanche, dans la forêt, avec mon fils. De la belle et bonne raquette, en bois et babiche, achetées au Québec, les raquettes, à un artisan de là-bas, via le net. Même pas cher, en plus – moins que les mochetés en plastique que vous trouvez dans les magasins. Eh bien, c’était bien agréable.
Événement (sans déconner)Par ailleurs… par ailleurs donc, et enfin, et surtout:
Aux Éditions Héloïse d’Ormesson sort à la fin de ce mois, un roman intitulé Méchamment dimanche, et c’est un roman que j’aime bien. Que j’aime même beaucoup. Alors voilà.Et en plus c’est un bel objet. Et en plus c‘est moi qui l’ai écrit. Je me joins à moi pour lui souhaiter belle route.
Mercredi 9 mars 2005
Vous savez quoi? Il neige.
Aujourd’hui je vais faire un peu de peinture. Pas en bâtiment ni en bricolage, en peinture à l’huile, toile, térébenthine et huile de lin. Ça m’a reprit – ça faisait longtemps que ça me re-chatouillait. Il se peut donc que ce soit reparti…
Et aussi peut-être une balade en raquettes. S’il ne pleut pas. Parce que ça s’est méchamment radoucit.
Sur la scène de l’Actu
Forence Aubenas est toujours détenue par les pirates, Didier Julia dont le spectre fait des claquettes s’est fait gronder par son président de groupe, Gaymard est dans les cartons, les lycéens lycéent dans la rue pour faire comme les grands et trouver une occase de s’envoyer des sms trop délire, et ce mercredi matin le pape, dans le rôle de la figurine météo-chrétienne à la fenêtre du baromètre est toujours vivant.
Quoi dire? Comment le dire? Par exemple: » Tudieu! c’est fou comme le temps passe !!! Il n’y a pas trois secondes c’était aujourd’hui et nous voilà déjà presque demain ! « En gros c’est (dramatiquement) ça.
Or donc des mois que nous n’avons pratiquement pas vus sont passés à une allure folle. Mais comment ce fait-ce? Certain jour le ciel fut printanier et limpide, d’autres non. A un moment Douste fournissant un grand effort prit un air inspiré pour nous assurer que nous n’avions pas à nous tracasser avec la canicule: il veillait, il avait pris des mesures. La preuve est faite que si la médiocrité s’arrange de la politique ce n’est pas la même chose avec la météo et ses prévisions. L’été comme nous le savons fut pourri, les vieillards qui risquaient l’assèchement moisirent, et un certain nombre pourront probablement repasser l’oral en automne et obtenir la noyade de rattrapage dans quelque inondation, Douste eut l’air (un temps) un peu plus niais que d’ordinaire, tout va bien.
Mais c’est vrai que l’été fut diablement pourri, le pourri. Même moi j’en avais marre. Je dis » même moi » parce que d’ordinaire la pluie ne me fait pas peur, j’aurais presque tendance à aimer. Mais alors là merci. Le mois d’août bonjour. Bref.
Quelques mois d’existence ordinaire avec des souvenirs en plus
Qu’ai-je fait de mon existence durant ces temps écoulés trop vite? Je l’ai occupée à un million de choses.
J’ai terminé un livre, déjà. On dit » terminé » et ça parait facile. Mais n’oublions pas que pour terminer une chose il faut l’avoir commencée et ensuite accomplie. Ben oui. Et ça c’est long, ça prend du temps et des suées. Donc, au bout du compte, j’ai terminé. J’en avais parlé, déjà. J’y avais fait allusion. Méchamment dimanche, ça s’appelle. Eh bien c’est fait donc. Après » C’est ainsi que les hommes vivent « , je me demandais comment allaient fonctionner mes neurones et synapses et mes doigts sur le clavier. Je me disais: » Allez, pas une petite histoire, mais pas une trop mastoque non plus. » (ça s’écrit bien comme ça , mastoque?…) Résultat: dans les 700 000 signes et 400 et quelques pages. Ça se passe dans ce village où j’ai grandi, où maintenant je mûris, ha ha ha, et pendant l’été 1957. Voilà. Et, ma foi, je crois que j’aime bien. Ce n’est pas loin du tout de ce que je voulais faire. Ça devrait paraître en 2005 et je dirai chez quel éditeur dans pas longtemps, quand la chose sera officielle. Comme on dit. Si tant est que ça intéresse quelqu’un.
Par après, je me suis lancé à l’abordage de quatre tonnes de documentation et livres divers concernant les Caraïbes, les bateaux, le 18eme siècle, les pirates et les flibustiers et la marine. Et ça en fait, des choses à se mettre sous la dent! Sous l’œil plus exactement.
Qu’ai-je fait d’autre?
A quoi ressemblèrent ces mille et cents occupations évoquées plus haut en excuse de mon silence ?
J’ai décapé un buffet (le buffet de ma grand-mère, qu’elle fit faire en 1903) et ça n’a pas été de la tarte. Décaper un meuble, me disait un ami, est une occupation très conne, en soi. Sans doute que peut-être. Mais néanmoins utile. Chiante et pénible certes, mais utile. Ça m’a pris quelques mois, à raison de plusieurs heures par matin. le résultat est là. Non mais.
Du coup je me suis moins promené selon mon habitude prise, et maintenant ça va être la chasse, rebelote, et les forêts envahies par les gros cons, leurs chiens et leurs fusils, et il va falloir faire gaffe où on met les pieds. Qu’il vaut mieux avoir fermes, pour attendre l’irruption des chasseurs après que vous ayez sifflé pour rappeler leurs chiens que vous avez entendu chasser pas loin… Ha la la.
Nouvel ami
J’ai un nouvel ami. Du coup Cosette aussi.
Suite des occupations
J’ai bricolé plein pot. Fait des meubles, carrément. Aménagé une cave. Posé du faux plafond dans mon bureau, ainsi que du parquet flottant, tout ça sans déménager les meubles que contenait la pièce, me suis niqué le dos une fois de plus en soulevant le bureau (l’objet) pour poser ce parquet. J’ai réparé une fuite qui coulait au dessus de l’entrée sous le toit de la véranda. Arraché le shingle, reposé le shingle. J’ai eu envie d’étrangler plusieurs fois l’artisan qui m’a salopé ce » travail » de couverture – et je ne vais pas entrer dans le détail parce que là, alors là, ça va encore m’énerver. je suppose à cette heure que la fuite est vaincue, mais… J’ai déménagé un nid de guêpes qui s’était installé dans le caisson de l’avant-toit (où je devait me glisser pour aller voir à quoi ressemblait la fuite dans le toit, vous suivez?) J’ai encore fait un autre meuble avec un fond et un dessus d’armoire. Et puis j’ai récupéré des éléments étranges et je dois les utiliser pour aménager une bibliothèque. Ouf. Ce genre de choses.
En début de juillet, j’ai reçu un gros tas de livres, sélectionnés pour le prix France Bleu et la ville de Nancy, pour Le Livre sur la Place à Nancy. En tant qu’ancien lauréat, il parait que je faisais automatiquement partie du jury. Je ne le savais pas. Il parait aussi que si, je le savais. Donc, je n’ai pas eu le temps de lire ces livres et donc je n’ai pas voté, et donc enfin je ne suis pas allé au Livre sur la Place, c’était hier, où personne ne m’y avait invité, de toutes façons.
Et puis
J’ai travaillé avec Dylan sur une BD pour PIF Gadget. Écrit le scénar. Il en est aux couleurs.
J’ai fait plusieurs choses pour lesquelles j’attends toujours d’être payé, je vous dit tout, c’est pas que ça représente un gros effort d’attendre mais ça use, c’est tuant.
Rentrée
J’ai vu avec effroi arriver la rentrée littéraire et jusqu’à maintenait je suis arrivé à en éviter soigneusement les échos. Mais pas assez habile pour éviter Moix et Angot, et ça m’a affligé.
Chronique nique nique
Figurez-vous que je chronique. Je chronique des romans noirs et des polars (et d’autres aussi, des fois) pour le Républicain Lorrain. J’ai pris le parti de consacrer le maximum de cette énergie aux livres que j’aime. Ça donne ça:
C’est le dimanche dans les colonnes du magazine dudit Républicain.
Rentrées (suite)
Tout le monde rentre, et notamment à la télé.
Je suis un regardeur de télé moyen. Très moyen, mais moyen quand même. Je sens que je vais le devenir de moins en moins , moyen. Je regarde, à la télévision les news et les films. Les émissions d’actu et de divertissement auraient plutôt tendance depuis quelques temps à me désoler plus qu’autre chose. Le principe Ardisson me gonfle absolument, Faugiel idem – il faut croire peut-être que cela vient d’abord et surtout de leurs invités, certes (mais aussi de leurs tics et de leur suffisance), dont la camelote qu’ils viennent vendre ne m’intéresse pas. J’avais cru un moment que Stéphane Bern à Canal allait bien s’en tirer et renouer un brin avec ce grand plaisir que nous avions à suivre cette tranche horaire sur la chaîne cryptée, au bon temps de Nulle Part Ailleurs, et puis las… plus niais et extraordinairement bête me semble difficile à atteindre. Ruquié et son gang sur A2 , m’horripilent… Suis-je normal?
La rentrée donc, en gros on prend les mêmes et on recommence. Changement: il y avait une très bonne émission sur A2 consacrée au cinéma et présentée par Michel Field. Changement. Plus de Field, à sa place l’insupportable Daniela Lumbroso.
Finalement, c’est chouette. je vais pouvoir lire davantage, ou faire mille autres choses, et j’irai chercher ces infos dans les journaux. Mais la question demeure, que je me pose avec angoisse: la télé deviendrait-elle vraiment de plus en plus insignifiante et inintéressante?
Rentrée émission de Durand Guillaume, soi-disant culture et littéraire: invités tête d’affiche, Angot et Depardieu le Papa… Ça donne le ton.
Je crois que je vais aller me balader un peu, prendre l’air avant la pluie.
Bob Hart
Quand j’étais petit, je voulais faire de la BD. Donc j’en ai fait. J’ai créé un personnage qui s’appelait Bob Hart, jeu de mots subtil s’il en est, et j’ai écrit et dessiné plusieurs histoires mettant le bougre en scène. Elles ne furent jamais publiées. J’ai utilisé par la suite leur scénar pour écrire des romans. Ci-dessous par exemple la première page de La Poussière de la Piste. Une de ces histoires s’appelait La Guerre du Castor. A cette époque, Claude Auclair, le dessinateur, était un ami. Un personnage étrange qui se disait agent nous avait présentés l’un à l’autre. Ce personnage, l’agent, qui s’appelait Montagne, j’ai oublié son prénom, se proposa un jour de me placer mes bd et notamment cette Guerre du Castor… chez un éditeur danois!!! J’étais naïf au-delà de toute imagination. J’ai confié ces 44 planches à Montagne (Alain?)… qui quelques temps plus tard disparut de la circulation. Mes planches avec lui. On n’imagine pas combien j’aimerais les retrouver… et ce monsieur Montagne aussi… Ou toute information concernant cette histoire. La bouteille à la mer est lancée. Plouf.
La maison de Pipo
Et la maison de Pipo??? me hurlez-vous.
Eh bien la maison de Pipo est terminée, Pipo et son amie l’habitent, voilà, c’est une belle histoire. Je vais aller sans trop tarder me balader de ce côté-là et prendre quelques images. Mais je ne voudrais pas troubler leur sérénité…
Dimanche en février (je sais, je sais, nous sommes en avril désormais) *
Encore un putain de dimanche qui passe…
Donc c’est dimanche ainsi que février, un dimanche de février, en somme, avec de la neige qui fond tout doucettement vu que le temps n’est pas à la neige mais quasiment au printemps, tout fout le camp.
Où en est-on? On en est là: à de la neige qui ne tient pas, du froid qui se carapate, des Juppé qui ont la larme à l’œil à la télé, tout barre en couille, on dirait bien, un Sarko qui transforme la France en un roman de SF comme j’en écrivais dans les années 70, ça me troue, ça me désole un peu, en fait ça me navre. Je suis navré. On ne peut pas appeler ça de l’escroquerie, j’imagine, sans risquer de courir des risques. On appelle ça une conscience politique. Comment s’appelle un type qui au nom de son parti, au nom d’une idéologie donc, détourne des fonds, pose des bombes, fait des trucs divers, n’importe quoi, mais pas pour lui, non non non, pas pour ses besoins persos, non non non, au nom de son idéal politique, de ses convictions et pour servir lesdits – comment cela s’appelle-t-il? Je demande. Ça s’appelle en certains cas un terroriste, un activiste, en d’autres cas un escroc, en d’autres cas encore un homme politique de premier ordre, voire un honnête homme remarquable et admirable, que disent ses souteneurs potes tremblant dans leur culotte, bien entendu, que la plaisanterie leur soit retournée. Ça dépend donc des cas. Et s’il se fait piquer ou non. Par qui. Et quand. Et comment. La manière. Mais sur le fond, c’est du kif.
Mais bon. C’est pas pire que la grande java qui s’annonce aux USA, chez les maîtres du monde.
J’ai vu le gars Debouzze l’autre fois à la télé, je ne sais plus dans quelle émission. A une époque le gamin me faisait marrer, vraiment et beaucoup. Avant qu’il ne se construise essentiellement sur des tics et des attendus et qu’il fasse de sa vie racontée en direct son spectacle. Là c’est devenu moyen. Quand je riais, c’était aussi avant qu’il ne loupe pas une occase de proclamer sa foi musulmane au détour de la conversation, d’une déclaration ou d’une expression colorée. Là, excusez, ça commence à me gonflotter. C’est comme le judoka médaillé olympique qui n’en loupe pas une, lui aussi, d’occase. L’Islam m’emmerde profondément, et me navre, encore un truc qui me navre, décidément, et ses porte-parole idem, surtout, bavards et prêcheurs. Mais qu’on se rassure: n’y a pas que l’islam: le judaïsme et sa bifurcation chrétienne désormais papale idem. Et leurs bateleurs navrants. Tous ces gens, mes frères, qui ne peuvent plus faire un pas sans brandir leur carte d’identité religieuse comme une bannière, moins pour s’affirmer et se distinguer qu’écarter qui n’est pas des leurs, donc moi, et le rejeter dans les rangs des pouilleux ennemis, jusqu’à ce que bien entendu et d’aventure je rejoigne pour mon salut leurs rangs. Ça se vit comme ça aussi. J’ai pas envie de les rejoindre, vos rangs. Je ne les trouve pas accueillants, pas généreux, bigoti bigota, désespérants de (j’allais dire connerie) naïveté et d’ignares convictions, vos rangs d’une soldatesque raflant à tours de bras dans toutes les directions, au nom de dieu encore, chacun le vôtre, chacun vos légendes en bandoulières et sa fameuse parole, la parole de dieu qui hurle et vous obstrue les oreilles et vous couillonne et vous déshumanises, sujets, fidèles, soumis, ainsi vous nommez-vous vous-mêmes, la réflexion en berne. L’intelligence en sommeil. Ouf.
Samedi 13 mars 2004
Avez-vous vu comme le temps passe, amis?
Je viens de relire ci-dessus. Eh bien, bigre! Dites-donc, j’étais en colère, en février, un dimanche. Si ça s’appelle de la colère. C’est sans doute autre chose. De l’énervement, certes, mais aussi pas mal de désappointement, un sentiment de … oui désappointement. J’ai fini d’être navré, me voilà désappointé. Je suis désappointé, tiens, d’autant que c’est une épithète peu couramment utilisée, je trouve. J’en reviens, en somme. A une époque j’y allais, maintenant j’en reviens. On va dire ça comme ça.
Mais je crois que malgré tout il y a de la colère quand même. Quand même un peu.
Bah
Et puis ça continue, depuis février. L’épisode Dieudonné. J’ai vu son spectacle et j’ai vu son skouetch dans l’émission de l’hargneux, qui a tout déclenché… Franchement… Ça aussi ça me navre, me désappointe, me hurlupe le poil, tiens. (Bon, j’admets n’avoir point lu ses soi-disant déclarations diverses dans les journaux). Desproges et Coluche en faisaient des tonnes en plus dans le genre – réécoutez. On ne déclenchait pas une guerre pour autant. Il a fait quoi, Dieudonné? il a tapé sur le fanatisme religieux. Il tape sur la religiosité, toutes confondues. Eh bien c’est absolument la chose à ne pas faire en ces temps. Et moi aussi ça me gonfle (voir plus haut) Les religions, toutes les religions, sont du poison en perfusion, de la dope hard, et leur emploi avant l’âge limite est honteusement pratiqué. A quand bon dieu un concile des athées et des agnostiques? A quand un vrai discours intelligent et compréhensible et édifiant, un vrai enseignement, sur le sujet?
J’ai vu des bêtes
Il y a un bout de temps, je suis tombé nez à nez avec cinq cerfs dans la forêt. Je l’ai raconté à tout le monde et partout. Même ici, tiens. je ne sais pas pourquoi mais je trouve ce genre de rencontre imprévue sacrément plus revigorante et plaisante qu’un dîner de con au ministère de la culture. Tu vois?
Blaireaux
Et puis aussi j’ai des blaireaux dans mon jardin (air connu). Un couple. Monsieur et Madame, je suppose. Je présume. Je les ai vus plusieurs fois. Je leur ai même adressé la parole, à un des deux – qui ne m’a pas répondu et s’est contenté de me regarder avec surprise une seconde avant de poursuivre son chemin. Ils retournent le gazon comme des vraies charrues, à la recherche de leur pitance. Ça, c’est sûr, un jardinier n’apprécierait pas. Mais moi je ne suis pas jardinier. Les blaireaux sont mes potes.
Espagne sous bombes
Attentat en Espagne, donc.
Les terroristes sont des malades mentaux, des obsédés, certainement, des pervers et des débiles qui se cachent et se supportent psychiquement sous des prétextes politiques et idéologiques et religieux – il faut bien des habits décents pour accepter de ne pas se voir dans son horreur nue insupportable. Toutes les motivations idéologiques sont bancales et hypocrites. Prétendre comme le monstre dans sa prison qu’il n’y a pas de victimes innocentes (par exemple) pour justifier une manie criminelle morbide et une jouissance à donner la mort est un symptôme de grave psychopathie, me semble-t-il. Me semble-t-il.
Sinon, bing : mardi 13 avril 2004
Ça fait un choc. Ce temps qui passe et jamais ne trépasse. Enfin, jamais… Alors voilà: tandis que du silence coulait à vos oreilles détournées, je recommençais. D’abord je ne savais plus très bien des tas de choses. Je pataugeais. Je me demandais à combien se montera ma retraite de scribouilleur. Et puis j’ai recommencé. C’est reparti… Ça recommence, ça continue, que sais-je?
Bref.
Un roman, un nouveau. Un autre. J’ai bien cru que je ne recommencerais jamais. Le précèdent trop lourd à porter, sans doute. Et puis après… après. Bon, or donc c’est reparti, et ça s’appelle » Méchamment Dimanche » et, attention, ça va faire mal… Sans doute pas pour mon éditeur d’aujourd’hui. Parce que… parce que. Pour qui? je ne sais pas encore. Pour le moment je l’écris. Et ça roule cool – une idée imprévue qui m’est tombée dessus. On verra plus tard. N’empêche que c’est du huit à neuf heures par jour, mes gaillards… Pas de la rigolade, hein?Ça ne rîme à rien de dire ça, je le sais, on ne devrait pas. Et puis je l’ai dit. Tant pis. Ça ne regarde personne mais pourtant c’est comme ça.
Quant à Pipo
Le brave Pipo que je néglige depuis qu’il est allé installer sa maison là où elle sera définitivement…
Pipo
Étage
Rez de chaussée
Dehors
Arrière
Balcon
Ces photos-là datent de… houlà! j’ose même plus y songer. Depuis, il a posé fenêtres et portes. Je vais aller le voir bientôt. Avant, c’était facile, sur le chantier de construction, c’était quasi sous ma fenêtre… Maintenant il est à au moins huit cent mètres à vol d’oiseau. Le bout du monde – et je suis pas un oiseau.
A la fenêtre
Ce soir dans le coin de la fenêtre de la cuisine, à l’extérieur, il y avait une chauve-souris recroquevillée.
Vous avez vu la date ? (Sur le ton de: « C’est à cette heure-ci que tu rentres ? » )
Oui, j’ai vu la date. J’en suis pas plus fier que ça. Mais c’est ainsi que les hommes vivent, il faut croire… C’est ainsi que les dates passent.
L’an nouveau
Bon, alors c’est bientôt l’an nouveau. Et tels que je vous connais vous allez fêter ça. Des tas de gens vont fêter ça, vous n’êtes pas les seuls. Même moi, je me demande si je vais y échapper, pris dans les engrenages de l’événement. Et puis je n’ai pas non plus envie de fuir. L’année dernière à cette époque il y avait des amis à la maison, c’était bien.
Fêter l’an nouveau… A mon avis c’est un prétexte, pas mieux, parce que j’ai beau me creuser la tête je ne vois franchement pas comment ni pourquoi on peut être content d’avoir une année nouvelle à supporter, le poids des ans, etc., une année de plus sur le chemin vers le bout du chemin, tout ça…
Et il faudrait être content, en plus. Je m’interroge.
Ne me faites pas croire ça. C’est comme les anniversaires. Oh chouette, c’est mon anniversaire! D’accord, pour les cadeaux, d’accord. Mais quand même pas, là encore et là aussi, pour une année de plus ?!? Quand même! Ou alors, oui, okay, quand on n’en a pas beaucoup dans les pattes, des années, et qu’on est encore assez con pour croire que c’est bien d’en ramasser davantage afin de, comment dire, être admis parmi les grands et dans la vie active. Mais sinon?
En bref
Enfin bref. Bonne année, donc. Une de plus. Je vous souhaite d’aller jusqu’au bout sans problèmes, sans hémorroïdes infernales, ce genre de rigolades. Quoi d’autre ? Que souhaiter d’autre ?
Eh bien moi je suis pour la paix dans le monde
La paix dans le monde? Il n’y a que le Pape, sasainteté, l’idole de Stéphane Bern, assez con et malin pour encore faire son beurre avec ce genre de niaiserie. Sasainteté en vrac. SS Jeannot. La paix dans le monde ? Mais quelle connerie, mes enfants ! Vous l’avez vu, le monde ? Vous y avez jeté un oeil, jeunes gens, autrement qu’en sms ? Le monde et ses millions de chrétiens et ses millions de musulmans et ses millions de juifs, tous unis pour une fois dans la couillonnerie, qui ne souhaitent qu’une chose: que le monde soit en paix au nom de leur dieu en prime time ? Et dans leur langue et selon leur formule évidemment pour être aux premiers rangs quand on ouvrira les portes de la foire. Vous l’avez vu le monde avec ses capitaines Bush et Charonne et Chirac, et Blair, et Poutine et Tutti et Quanti ? Et leurs cortèges de porteurs de bannières, sous-fifres de tout gabarit, et Cie, mes frères et sœurs en l’espèce, espèces braillantes et trébuchantes, leurs vociférations de veaux sous les voiles et les foulards et les calottes diverses. Malditos. Le monde, des fois, on a juste envie de ne pas en faire partie. En tous cas je.
Je vous souhaite de ne pas faire partie du monde. Sincèrement.
Moi le premier, tiens, je vais me gêner.
Météo
Ceci dit il pleut.
Téloche quand tu nous tiens
Ceci dit, aussi, combien de fois ouvrons-nous la télé pour ne pas entendre dire, par miracle, une ineptie ? Combien? Comme j’en avais un peu marre, je l’ai donc éteinte. Je l’allume pour m’écrouler devant et m’assoupir, de temps en temps. Ça marche. Par exemple devant France 2, vers 13 h. Je suis réveillé par le générique de Derrik juste à temps pour m’enfuir.
News
Il s’est passé un certain nombre de choses, depuis quelques mois, dans le monde. A la vérité il s’en passe un fameux paquet chaque jour, heureusement que nous n’en savons rien. Le drame c’est que nous en apprenons d’autres, dont on se passerait bien de connaître l’existence. Dont on se passerait bien aussi qu’elle existent mais c’est un autre problème.
La maison de Pipo
Et parmi tous ces événements, La Maison de Pipo !!!
Que j’ai abandonné un peu, je l’avoue, ayant eu d’autres chats à fouetter, ce qui est une très vilaine expression, nous allons donc dire d’autres occupations. Alors voilà. Cela étant, Pipo ne m’a pas attendu. Il a continué son travail, jour après jour et même de nuit et par tous les temps. Soleil et pluie.
Il est arrivé comme il l’avait quasiment prévu au faîte de la maison, un beau jour. Je n’ai pas assisté à l’événement, j’étais, à ce moment, en train de faire le malin ailleurs, je ne sais où, quelque chose dans ce goût-là.
Heureusement Kik était là, lui. C’était en novembre.
A la suite de quoi, il a fallu bien entendu qu’il la démonte, Pipo, sa maison. Eh bien oui. Pour pouvoir la remonter là où elle doit demeurer à jamais. Alors il a tout désossé…
…et un beau matin il n’est plus resté que Kik, à l’endroit du chantier débuté en mai, jouant au ballon pour tromper son ennui…
Kik joue au ballon, des journées entières. Sylvain dit que c’est pour faire son malin. Moi je le soupçonne (Kik) d’aimer ça, tout simplement. Je l’ai vu plus d’une fois demander son ballon et entamer une partie, quand je descend jusque-là pour donner à manger aux poules – et à mon coq (Brimbelle, vous vous souvenez ?)
Donc une fois démontée, la maison, en pièces détachées, il a bien fallu la remonter, là-bas, dans la vallée d’en face. Je ne la vois plus. Depuis chez moi je vois la grue. Elle me manque un peu. Il y a quelques jours que je ne suis pas allé par là-bas, mais je suppose qu’elle ne doit pas être loin d’être couverte. Un vrai toit. A l’abri de la neige.
La dernière fois que je suis passé par-là (quelques semaines), elle était comme ça:
Sans doute vers la fin de l’année, j’irai dire un salut, prendre quelques clichés. Histoire de « souhaiter la bonne année ». Mais je ne tiens pas trop à l’embêter non plus avec mes bavardages, Pipo. C’est jamais très marrant les curieux qui débarquent et qui se mettent à jacasser, quand vous savez qu’il vous reste tout ça à faire et que la nuit va tomber bientôt. Bon.
A part ça
Sinon moi, quoi ? J’ai des idées qui flottent. Il va bien falloir que je me remette à écrire. A écrire un livre. Et d’autres choses aussi, sans aucun doute, moins agréables, sans aucun doute aussi, pour mettre des épinards dans la gamelle et un peu de beurre avec. Je sais pas trop.
Courriers
Des gens qui lisent « C’est ainsi…« , qui l’ont lu, m’ont écrit et m’écrivent des choses admirables. Je suis un peu sous le choc encore de tout ça, je crois.
Atmosphère, atmosphère
Je suis aussi un peu encore fatigué, je crois aussi. Pas fatigué physiquement. Fatigué. Je sais pas. C’est la fin de l’année. Ça me fait toujours ça. Le blues des guirlandes, et flocons scintillants. La pire période c’est après, juste après, dans cette espèce de boue piétinée qui vous fait déraper jusqu’à la galette des rois.
Après le blues le bleu
Après, ça ira vraiment mieux. Les poules se remettront à pondre et Pipo aura fermé sa maison et moi il faut que je songe sérieusement à refaire ma cheminée (une cheminée à l’âtre) ainsi qu’un bout de mon toit qui fuit au dessus de la porte d’entrée. Et puis trois ou quatre autres bricoles.
Mercredi et octobre, c’est choucroute. Je veux dire: faire la choucroute. C’est la saison, le décor est mis en place, la lumière qui descend, la fraîcheur de l’air, tout. Les feuilles qui jaunissent, le vent qui tourne dans les arbres et hulule dans la cheminée. Ce n’est pas une image: j’ai les arbres et la cheminée, je sais ce que ça donne et de quoi je parle.
Donc c’est l’automne, en quelque sorte.
J’ai trouvé un crâne de blaireau dans la forêt. J’aime bien les blaireaux, les vrais. Je ne sais pas pourquoi on a fait du nom de cette brave bête une insulte pour humain. Il y en a un ici, autour de la maison, je l’ai vu. Au moins un. Un couple sans doute, mais je n’en ai vu qu’un. Ça fait un paquet d’années. Je ne sais pas si c’est le même, depuis le temps ça m’étonnerait. C’est un coin à blaireaux, on dirait. Donc.
Il est 18h30, le soir s’installe dans le gris et j’entends vrombir la tronçonneuse de Pipo, en bas, dans sa maison. Ces derniers jours il pleuvait et c’était pour lui moins drôle que sous le grand soleil, plus dangereux aussi. Le 28 septembre, la maison en était là:
Le sous-sol en dur est prêt. Ne reste qu’à couler un béton sur le périmètre de l’assise, si j’ai bien compris, et ce sera samedi. A la suite de quoi, la maison sur le chantier une fois terminée, elle sera démontée et remontée sur son sous-sol – il me semble que je l’ai déjà dit.
Tiens, au fait, il était question que je refasse un tour dans la grue, pour des photos aériennes. On a oublié. On dit des choses, et puis…
Où sont passés le Moyen Age? les arènes? la St-Barthélémy? la prise de la Bastille? Le spectacle de la vie est redescendu dans la rue, tandis qu’aux premières loges, hors de portée des éclaboussures, le champagne seul est frappé.
Quatre chemins
Je suis en ce moment par les chemins. A droite et à gauche, ici et là, monts et vaux. Parmi les dernières escapades, le FIG de St-Dié-des-Vosges. Affluence. Un tas de gens m’ont dit des choses gentilles et touchantes à propos de C’est ainsi que les Hommes vivent. Il y avait ceux qui l’ont lu et ceux qui avaient envie de le lire. Ces moments de quelques mots sont toujours des beaux moments.
15/10/03 – Je reviens du Festival de cinoche En route pour le Monde de La Roche-sur-Yon. Là aussi moments fort agréables. Ai notamment retrouvé Gérard Krawczyk, que je n’avais pas vu depuis lurette belle. J’aime bien beaucoup cet individu – que nous pouvons apercevoir ici, soutenant avec désinvolture le plafond du restau de l’hôtel avec son joli crâne.
Un autre que j’aime bien beaucoup c’est Philippe Muyl, réalisateur lui aussi de son état (Tout doit disparaître, La Vache et le Président, Le Papillon), ici, stoïque dans le bruit et la musique d’une soirée de clôture que les organisateurs avaient décidée dan les haras de la ville.
Je me demande toujours si les chevaux ont apprécié la musique de footballeurs qui s’est déchaînée tout à coup sans crier gare et nous a (quelques-uns) éjectés. Tandis qu’alors et pendant ce temps, Pipo lui ne danse pas, et sa maison s’élève vers le ciel.
En marche pour Vincennes
Demain me voilà reparti pour une signature à Vincennes à la Librairie 1000 Pages qui est la plus chouette librairie du monde.
Quant au livre (celui que vous savez), nous voilà délivrés, lui et moi, d’un stress: il n’aura aucun des prix de cette rentrée, et j’en suis désolé pour ceux qui m’avaient prédit qu’il les aurait tous… (il y en eut, parmi tout ce que j’ai pu entendre). Il vient (le livre) d’être éjecté de la liste du Prix de l’Académie Française, où il figurait. La majorité des jurés, me dit-on, vieillards au souffle difficultueux, en ont manqué pour s’attaquer à l’objet, et ne l’ont pas lu parce que trop gros (sic). Quant aux autres jurés des autres Prix, vieillards ou pas, ils ne l’ont pas davantage lu parce que (again) trop gros (re-sic). Ces mêmes, sans doute, s’ils étaient éditeurs, ne l’eussent pas davantage et pour les mêmes raisons édité. I presume. Sur ce simple argument, Proust et quelques autres, auteurs notamment de Autant en emporte le vent, Les Trois Mousquetaires, Guerre et Paix, et un bon paquet, ont rudement eu chaud aux fesses de naître avant l’heure…
Le Goncourt (par exemple) est bien parti pour se discréditer définitivement, avec la honte et le ridicule en prime, si vous voulez mon avis.
C’est pas tout ça mais si on passait à autre chose? Allez, hop!
Hasta luego.
PS: 20/10/03 – Vous voulez savoir quoi? C’est ainsi que les hommes vivent s’est vu décerner le Prix Erckmann-Chatrian 2003. Vous voulez savoir quoi? J’en suis très content pour lui. Youpi!