Mardi 12 février 2002

Un ami mien me livre ces lignes, ci-dessous, dont je partage entièrement la teneur avec laquelle je suis parfaitement d’accord. Autrement dit, le doigt me semble être mis en ces termes sur le nœud du problème. Il serait bon que la France en fût informée, estimè-je, et c’est pourquoi je vous invite à parcourir ces propos (musique!) :

« Ca y est : Il l’a dit. Presque comme devant un juge : après avoir longtemps retenu le morceau, il a tout lâché. Et toute la France s’en fout : 62 % des sondés se moquent du tiers comme du quart des prochaines élections présidentielles (infos du 11 février), pensant sans doute que « tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se case »… Tout de même, ça ferait 38 % d’électeurs ? Calculons… Sur 60 millions de Français dont 1 sur 2 en gros en âge ou en mesure de voter, cela fait 11 400 000 votes : on pourrait être élu Président des Français avec 5 700 001 voix ? Moins de 10 % de la population ? Ca me fout le bourdon.

Il y a cependant une autre question qui me gêne… Évidemment, c’est une question qu’aucun journaliste de la radio ou de la télé ne pose, occupés qu’ils sont tous à se demander quand plutôt que pourquoi… D’accord, quand on est président, on ne peut pas répondre de ses actes devant un juge, on revient pas là-dessus : les faits ont été mis au jour pendant le mandat, pas vu avant donc pas pris, on attend que ça se passe, on fait avec le « pseudo présumé » constitutionnel… Mais quand le même veut à nouveau jouer à être président ? Alors là, on fait toujours comme si on ne savait pas ? Ca me choque un tantinet… Pas vous ?

Peut-on confier les plus hautes responsabilités de l’État à quelqu’un qui a failli et qui est dans le collimateur de la justice ?

Peut-on briguer la Présidence de la République française en foulant aux pieds toute légalité et en s’abritant derrière un pagne de 500 signatures ? Il n’y a pas d’extrait de casier judiciaire dans le dossier d’inscription ? Aucune enquête de moralité ? Le simple fait qu’un homme comme Pasqua puisse prétendre à haute voix s’inscrire officiellement dans ce débat – et que des micros et des caméras avides se tendent vers lui – montre à quel point notre honneur républicain est tombé bas…

Il faut se faire une raison. Contrairement à toutes les idées reçues, le discours politique actuel n’est destiné ni à convaincre ni à rallier des partisans parmi les indécis. Il n’a qu’un but : créer un sentiment de dégoût pour lui-même.

Tout son art, si le mot convient encore, consiste à réduire toujours plus le nombre des électeurs potentiels. En démocratie, le nombre dérange.

Ca y est : Il l’a dit. Et c’est comme si c’était fait. Fin d’un suspens de sept ans : c’est vrai, non, qu’on se demandait depuis le premier jour s’il allait toujours avoir envie de s’occuper de nous ? Il l’a dit avant l’Autre. Et c’est – de toute la campagne – ce qui était le plus important. »

Bernard le Canard.

Dimanche 24 février 2002

Depuis, nous avons vécu une autre fin de suspense.

Je rêve d’un jour où ce genre d’événement prendra l’allure de quelque chose de nouveau, d’alléchant, de jouissif. Le jour où pour ces raisons susdites nous entendrons des propos frais, sincères, porteurs d’enthousiasmes. Je rêve d’un jour où les pauvres Bayrou, par la force des choses, ne seront même plus concevables, non pas tant dans leur essence que dans leur possibilité d’être après avoir signalé leur présence et tenté de la justifier. Je rêve d’un jour où… En fait, non, même pas. Je ne rêve plus bien, en ce moment. J’ai du mal à rester éveillé.

Il n’empêche que je viens de terminer à l’instant, 19 heures 25, le scénario du second tome de H.A.N.D. Pas mécontent. Non pas d’avoir terminé, mais de l’avoir fait et d’entrevoir d’ores et déjà la suite et les perspectives que cette histoire ouvre. Et la vision n’est pas vilaine. Il fut un temps où je me serais dépêché de traiter ce sujet en roman, un bon gros roman épais et dodu de SF (c’est de la Science Fiction), et avec délectation. Eh bien là, non. Le milieu de la littérature de SF ne me semble plus être ma maison, si tant est qu’il fut jamais réellement autrement que dans mon illusion. Mais c’est peut-être une fausse impression. Je me sens de plus en plus attiré par l’outil de la BD, pour raconter ce genre d’histoire. Donc…

Et à propos de BD, je ne saurais trop conseiller au monde entier de se procurer séance tenante cet album entièrement dessiné à la main, qui n’est pas un album de BD d’ailleurs, mais de dessins — ce qui tombe bien, puisque dessiné à la main —, signé Lefred Thouron. Extrait :

Personnellement, à chaque page, je me marre. (Gros inconvénient pourtant de l’ouvrage, son format qui ne m’a pas permis de scanner la couv. Rien n’est, décidément, parfait.) C’est chez Glénat.

A re-propos de BD, le titre de la mienne (tome 2) ne sera donc pas Les Bordels de Dieu. D’une part, mon sympathique éditeur (que je salue ici) a réagi comme je le pensais (et, soyons franc, fort judicieusement). D’autre part, on ne peut guère dire que les autres réactions espérées de soutien, à l’énoncé de ce projet de titre dans nos précédentes publications, ont été délirantes. Autrement dit: tout le monde s’en tape, merci. Je me débrouillerai donc tout seul, une fois de plus, et sans doute jusqu’à la fin des temps. M’en fous pas mal. Je déconne.

A propos de BD (ter), voici le dernier CD de CharlElie. Ça n’a rien à voir avec la BD, je sais, mais je n’ai pas de rubrique « musique ». Et c’est très bien. Ce que fait CharlElie est très bien. En peinture aussi — je suis fan total de la peinture de CharlElie et je me demande bien pourquoi, par exemple, si peu de gens savent que CharlElie est un sacré peintre, alors que tellement (de gens ) peuvent être informés, par exemple aussi, jusqu’à plus soif, que Steevie est un con.

Ça s’appelle 109 . Je parle du CD.

Les Canadiens viennent de remporter la médaille d’or des JO devant les Ricains. Wouhaaaa!

Sinon quoi? Il fait froid, il pleut, il neige, hier c’était comme ça par ma fenêtre, aujourd’hui c’est pas regardable.

Je n’avance pas vite dans ma presse à rogner. Il faut que je trouve une pièce de métal pour faire le sabot qui portera les couteaux. Si vous croyez que c’est facile.

Demain je vais écrire une préface pour le prochain bouquin de photos de Joël Couchouron.

Demain est donc un autre jour.

Il faudrait décidément que la météo se calme afin de me rendre possible le tournage de la suite des aventures de Jeanne d’Arc. Je vois dans cette manigance climatique le doigt vengeur et mal embouché de dieu. Dieu nous les brise.

Plus de nouvelles de Benladen, au fait, tiens, depuis un moment. De Bush, si. C’est le monde tel qu’on nous le propose.

Hasta luego

Jeudi 7 février 2002

  Amélie, etc.

Bien.

Je viens de voir Le fabuleux destin d’Amélie Poulain. Quoi dire? Et puis d’abord pourquoi faudrait-il en dire obligatoirement quelque chose? C’est du bonheur, voilà, c’est tout. Une petit bout de bonheur. C’est une de ces histoires qu’on héberge, sans doute, et sans le savoir, et qu’on serait bien incapable de raconter et d’extirper soi-même. C’est donc rudement bien qu’un autre le fasse à notre place, celui qui devait s’en charger et à qui l’histoire était destinée. Et c’est bien agréable. Je vais aller dormir l’esprit en paix. D’ailleurs il est tard.

samedi 9 février 2002

taupes

C’est bientôt le prin temps. Le premier temps de l’été. Il y a des signes. Les taupes. Entre autres. Les taupes se sont mises à pousser leurs petits monticules dans le gazon, devant la maison. Elles ne font généralement pas ça sous la neige. Donc…

J’aime bien les taupes. Les taupes, toutes vestuveluées qu’elles sont, ont une force incroyable dans leurs pattes-à-creuser antérieures.

J’aime bien aussi le mot « vestuvelué ».

C’est la vie.

nique la nuque

Sinon, on va se dire que je n’ai que des malheurs, ou que je ne m’intéresse qu’à ces petits riens désagréables, mais voilà: je suis allé il y a peu à l’hôpital pour un (très) court séjour, ça me manquait, tout s’est bien passé, je n’ai pas jugé utile cette fois-ci d’en ramener un reportage photo du bloc ni des infirmières desnudées comme la fois précédente, non, et puis voilà qu’en sortant de l’endroit des douleurs terribles (oui monsieur) me tombent sur les muscles de la nuque, dans la position assise. Pas les douleurs assises, moi. Quand j’étais assis, je veux dire. Debout, immobile, couché, marchant, tout baignait. Assis, la cata. Merde, me dis-je. Je me voyais jouer du clavier debout ad vitam machin, ainsi que le pianiste célébré pour cette particularité de posture. Et puis non. A coup d’antalgiques, tout s’est finalement arrangé, après quatre ou cinq jours. Voire six. On m’a dit que c’était sans doute les résultats d’une crispation de corps pendant l’anesthésie. J’en sais des choses. Mon corps anesthésié partiellement se crispe de l’autre bord. et me le rend bien après coup. Salaud de corps.

Ceci n’a évidemment aucun intérêt, d’autant que c’est, en plus, du passé, et c’est tout. On est peu de chose.

Mon bon monsieur.

Bédé

Voilà: je viens d’écrire les deux premières pages du scénario de la seconde partie de la BD — H.A.N.D. — que nous vous concoctons, veinard lecteur futur, Emmanuel Végliona et moi, et dont le premier tome, La Peau des Ombres devrait paraître en septembre. Et c’est pas mal du tout. J’aimerais que ce second tome s’intitule « Les Bordels de Dieu », mais je ne suis pas sûr que les éditeurs, par ailleurs fort sympathiques, et très ouverts aux finesses en tous genres, soient okay. Pourtant ça résumerait très bien l’histoire. En cinq mots: ce serait un bon titre. Trouvè-je.

Donc me voilà parti dans cette aventure. J’ai été obligé de laisser en plan, du coup, le roman, au bout de quasiment un million de signes (j’en suis à un peu plus du mi-parcours, je pense). Donc, l’échéance sera again retardée derechef, il fallait s’y attendre: mon éditeur, l’autre, celui du roman, fort sympathique au susdit demeurant, ne m’ayant pourtant point donné la possibilité de ne me consacrer qu’à l’écriture du, donc, roman, et ne m’arrosant point, par re-exemple, de substantielles et très régulières avances sur droits en euros ou dollars. Ni permis la chose d’aucune autre manière qui se fût traduite au final par d’identiques et tout aussi fameux versements. Es la vida. Ta da di dada.

Ça me plait bien cette seconde partie de la BD. Davantage que la première. Mais c’est toujours comme ça, c’est toujours ce qu’on est en train de faire qui.Les nerfs

Deux raisons, au moins, les gars et les garces, d’avoir les nerfs. Ou plus exactement de se faire chier. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose.

La première: les J.O.

Ce n’est pas que je n’aime point. Au contraire. je serais même plutôt téléjeuzolympic de base, si si. Comme télécoupedumondedefout’. De base aussi. Sorti de ces événements événementiels, j’avoue que nada. Mais bon, c’est comme ça. Pour le spectacle, sans doute. Donc c’est pas que je suis contre, c’est que ça se passe aux US, que les US j’en ai ma claque en ce moment et qu’on va encore ne pas arrêter de les entendre crier partout qu’ils sont les plus forts, les plus beaux, les plus ceci et cela, et merci l’amérique et dieu, qu’on ne va pas en entendre un seul dire bonjour sans qu’il se signe de la croix et remercie une fois de plus dieu qui est comme on devrait le savoir américain dans l’âme. Et puis Bush.

La seconde, de raison: la campagne électorale française.

Refrain: Ce n’est pas que je n’aime point… Il fut même un temps dans mes jeunes années où je suivais la chose avec un intérêt certain, et quasiment de l’espoir, un soupçon de foi, tiens. Une manière de croyance, re-tiens. Eh bien, ce qui est rigolo (enfin…) c’est que j’ai l’impression d’entendre encore et toujours le même discours, et surtout, en fin de comptes, avec toujours la même mauvaise sauce aigre et criarde de froidure derrière les beaux mots qui se voudraient chaleureux, si on voit ce que je veux dire. C’est quand même hallucinant. Et puis non seulement les mêmes inbitables discours et promesses foireuses (qu’un jour un de ces ténors se lève et nous dise: les gars, je vous promets de nager dans la merde pendant sept ans, c’est bon pour le teint!), mais aussi les mêmes gueules. Parce que, là, et j’en suis convaincu, c’est bel et bien sur la gueule, l’allure, l’image, l’habit, qu’ils sont ou pas élus. Le discours? Tu parles. Au temps où seul le discours était la partie visible de l’iceberg, oui, peut-être. Mais certainement plus depuis qu’ils se montrent, qu’ils sortent au grand jour de leur trou, qu’ils jouent ces règles-là du jeu communiquant. Ça fait partie du processus de séduction humaine. Ça compte énormément, en priorité: l’apparence, le paraître, le comment je vous l’emballe ma bonne dame. Alors voilà donc le retour des sales gueules, ceux qu’on ne peut pas voir, ceux qui énervent, sortent par les yeux, font marrer, etc. Les Guignols, les vrais, en fait. Et c’est tellement vrai. On va entendre s’exprimer Devedjian à tour de bras et il ne manquera pas de nous la jouer profondeurs intellectuelles. Pasqua, les arnaqueurs réunis au mépris de toute espèce de décence et de morale — puisque ça s’appelle quand même comme ça et que c’est ce qu’ils nous tartinent gaillardement jusqu’à plus faim —, et tout juste si en plus ils ne mordraient pas quand on les égratigne. Et puis Le Pen, et puis les chasseurs, les amicales des gros cons en tous genres, les Catherine, les François Colza, les Jean-Pierre du Bocal, tous et toutes. Parce que toutes aussi, évidemment.

On va vers des jours heureux.

Le plus dur, c’est pas d’entendre et de voir tout ça, mais de tenter de l’éviter. On ne pourra pas. Tu paries?

Presse
N’empêche que j’ai fait ma presse à relier. Une presse à presser. Avec un demi-bahut style années 50, une table idem, une vis de vanne de canal de déviation, deux barreaux de chaise, quelques boulons, de la colle… La voilà en cours de teinture et vernissage.Et on dit que je m’amuse.
Couv 
Et je suis trèshonoré de vous présenter la couverture du prochain roman de Michel Pagel, que je trouve superbe. La couverture.
Ça va sortir chez Flam. Je ne sais pas quand, bientôt, je vous le dirai.

La question du jour

Quand j’y pense, moi, ça me fait presque mal, des fois. Pas toi? Rien que d’y penser, je veux dire. Pas toi?La réponse à la question du jour, par le même, après deux secondes de réflexion:

Moi si.

dimanche 10 février 2002

Il s’agit d’envoyer une lettre aux autorités nigérianes en faveur de Safya HUSSEINI TUNGAR-TUDU, une jeune fille nigérienne condamnée à mort dans son pays pour être restée enceinte sans avoir de mari.

Un fait de ce genre est considéré comme un acte grave pour la loi islamique fondamentaliste, qui dans son pays a valeur de loi pénale.

Si aucune forte pression internationale n’a lieu d’ici un mois ou un peu plus, Safya sera placée dans une fosse, puis semi enterrée et finalement lapidée à mort par les habitants de son village.

Actuellement elle est enfermée dans sa maison où elle allaite l’enfant qui est devenu synonyme de condamnation a mort.

Elle pourra lui donner le sein encore quelques semaines, puis elle sera amenée dans la fosse et sera massacrée (c’est confirmé par Amnesty international).

Nous pouvons faire quelque chose en écrivant à l’ambassade du Nigeria (Via Orazio 18 00193 Roma), pour demander que le Président de la république nigériane lui concède la grâce.

Mais nous avons besoin que nos lettres soient nombreuses, c’est la raison pour laquelle je vous demande de transmettre cet appel à vos amies et amis (en n’oubliant pas ceux qui ne possèdent pas de e-mail) et d’écrire tout de suite à l’ambassade, si vous ne le faites pas rapidement il y de grands risques que nous intervenions trop tard.

Un dernier détail : comme souvent dans ce genre d’affaire: le père de l’enfant a été relaxé pour manque de preuves.

« Nous ne pouvons rester au bord de la fosse en contemplant l’ultime délit de l’intolérance, de l’ignorance et du mensonge !

« Nous nous devons de faire un geste collectif de solidarité en envoyant la lettre suivante à :

Ambasciata della Nigeria

A l’attention de l’Ambassadeur

Via Orazio,1800193 Roma

ou par e-mail : embassy@nigerian.it

Monsieur l’Ambassadeur,

Je vous prie de demander au Président de la République du Nigeria

de sauver la vie de Safya Husseini Tungar-Tudu.

Merci !

Signature

POST SCRIPTUM : Je vous demande d’envoyer, si possible, ce émail à au moins 20 amis/es ou connaissances. Voila.

Pour faire passer, utilisez plutôt le copier-coller que le Forward pour ne pas alourdir le message,

Ai-je besoin de préciser que c’est urgent?

Hasta luego

Lundi 14 janvier 2002

 Avant-goût

Je ne sais pas si je l’ai dit ici mais j’étais sûr qu’un jour on serait le 14 janvier 2002. « On » c’est relatif (et le dire est paradoxal, dans le genre trope), mais en tous cas moi. Toujours ça de pris.

Il fait bon. Froid, soleil, tout ce qui est bien, en somme.Vous avez vu? C’est comme ça depuis quinze jours. 

Anecdote

Un ami d’Épinal, ville brumeuse, prénommé Michel, l’ami, pas la ville (« Michel Épinal », où avez-vous la tête?), passionné de vieilles voitures, lecteur de Spirou, admirateur de Franquin et d’Eddy Mitchel, un brave homme donc, me fait part de cette aventure:

Aujourd’hui, je vais à la poste acheter 50 timbres à 3,00 F soit 150 F que j’avais dans ma poche sous la forme d’un billet de 50 F et de 5 pièces de 20 F. La postière :

– Monsieur, y manque 87 centimes de francs

– Ah !!!!!

– Oui, biscotte 50 timbres à 0.46 , ça fait 23 euros et 23 euros, ça fait 150,87 donc y manque 87 centimes

– Ah, c’est embêtant car j’ai rien d’autre, sauf des petits euros, donc, je peux vous donner le solde de ce que je vous dois en centimes d’euros, ça fait combien ?

– Monsieur, ma machine n’est pas programmée pour faire ça, je ne peux pas.

– Hum, comment qu’on fait alors ?

– Monsieur, je suis obligée d’annuler toute l’opération. Jje vous échange vos 150 F contre des euros, ça fait 22,87 euros…

Euros qu’elle me donne gentiment et je lui repaie mes timbres avec.

– Monsieur, vous devez encore 13 centimes d’euros, car 50 timbres ça fait 23 euros et vous me donnez seulement 22,87 euros

– Exact, tenez madame, voilà 13 centimes d’euros

Et, enfin, j’ai pu partir avec mes timbres pour coller sur mes yméle en papier…

 Fin de citation.

Je sais pas vous, mais moi ça me ravit. Sont ben, mes copains, non?

Info du jour

Bush (Georges W.), el présidente del más grande paìs del mondo, s’est étranglé avec un bretzel en regardant la télé. Je n’invente rien. C’est l’info du jour, avec, aussi, le jeté d’éponge du juge Halphen. Je n’invente rien, je vous dis.

On se demande, concernant Bush, si Ben Laden ne s’est pas réfugié en Alsace, où il contrôlerait un certain nombre de pâtisseries, et parmi elles, l’enquête dira si d’aucunes n’exporteraient pas leurs produits aux US… Le bretzel kamikaze téléguidé contre le pauvre grand Américain. Ta ta tsan!

Le monde de l’information est tout simplement génial — pensez, imaginez, ne serait-ce que trois secondes, le nombre de gens sur cette terre qui ont des petits malheurs en ce moment, disons une minute. Une minute de malheurs — de la griffure du chat au cancer en stade final en passant par le pet de travers gênant, un ongle incarné, des calculs dans un rein, hein? Et je ne parle même pas des manifestations, par exemple, de l’absolute vulgarity propre sur elle de la Rostchild, ni de celles (des manifestations) de l’insondable profondeur de bêtise steevinienne, imaginez… Eh bien non! Hop, les médias du monde entier: le grand con s’étrangle avec une bretzel.

Des fois, c’est à hurler.

Quant au juge Halphen. Triste jour. C’est pas qu’à priori je porte dans mon cœur cette profession… c’est pas que. Mais néanmoins. J’ai fait un jour un bout de voyage en train à côté du juge en question. De retour du Festival Étonnants Voyageurs de St Malo. N’ai pas osé lui parler, ni le déranger dans le livre qu’il lisait. J’aurais voulu, pourtant —lui parler. Encore maintenant, d’ailleurs. J’ai entendu, parmi les commentateurs de l’affaire, Devedjian conchier la carrière du juge écœuré, gueule en biais et bons mots à la Devedjian. Je crois bien que parmi toutes les sales tronches qui composent la classe politique françoise, celui-là, je le déteste vraiment. Et puis j’imagine les sourires satisfaits de vieux rats et rates à l’haleine fétide du mensonge… Si je ne me retenais pas, je ne me retiendrais pas, tiens.

Allons, calmons-nous.

Ils ne vous ont quand même pas eu, monsieur le juge.

Conneries en vrac

J’ai un autre pote qui s’appelle Manu. C’est un diminutif. Il m’envoie un extrait de ce que le centre de documentation et d’information de l’assurance publie, comme chaque année: les brèves les plus amusantes trouvées dans le courrier des assurances. L’orthographe, le vocabulaire et la grammaire sont d’origine …

(Je suis certain que ce texte évidemment se balade sur le Net et qu’une tonne de gens en ont pris connaissance. Au cas où non, en voici quand même une ou deux qui m’ont perso ben secoué la couenne — si je puis dire):

En avancant, j’ai cassé le feu ariere de la voiture qui meprécédait. J’ai donc reculé, mais en reculant j’ai cabosse le pare-chocs de la voiture qui me suivait. C’est alors que je suis sorti pour remplir les constats, mais en sortant j’ai renverse un cycliste avec ma portière. C’est tout ce que j’ai a déclarer aujourd’hui.

 Je vous demanderais de ne tenir aucun compte du constat amiable. Vous comprendrez en effet que je fus brusquement pris d’une émotion subite : arrière défoncé, présence de la police, choc psychologique, tout concourrait a ce que je mette des croix au hasard.

 Vous savez que mon taxi est transformé en corbillard et que je n’y transporte que des morts. Mes clients ne risquant plus rien, est-il bien nécessaire que vous me fassiez payer une prime pour le cas ou ils seraient victimes d’un accident.

 C’est pas beau? On dit: merci Manu!

Mémoire

Il me semblait que j’avais des choses très importantes à dire. Ça m’arrive souvent. La plupart du temps, je pense ailleurs ou je me tais ou j’oublie. Surtout j’oublie. C’est terrible. Ou je confuse. C‘est terrible aussi — là par exemple je voulais parler d’Alzeimer et j’ai failli écrire Alca Seltzer. A quoi c’est dû? Je le crains. Vous rigolez, mais c’est vrai.

J’ai vu un film formidable: LES AUTRES. Avec une Nicole Kidman très remarquable. Un film fantastique aux deux sens du terme.

J’écoute

J’écoute Souchon. J’aime bien Souchon. Parfois, j’aimerais dire à des gens « je vous aime bien, vous ». Parce que c’est vrai. Juste ça. Mais on ne le fait pas. On ne fait jamais les choses nécessaires et après c’est trop tard, on se mord à longueur de mort les doigts, on dit que c’est la vie, on dit vraiment n’importe quoi à un poil près de ce qu’on devrait.

Je me demande

Je me demande si ça vaut le coup que je re-diffuse l’annonce concernant les dictionnaires. En fait, tout le monde s’en fout. Mais si. (Si vraiment vous voulez, vous allez voir le précédent number).J’ai dit

J’ai dit à un copain que j’avais vu des sangliers en me baladant, que je les avais dérangés et qu’ils s’étaient enfuis à une dizaine de mètres de moi — c’est la seconde fois que ça m’arrive. Je me demande s’il m’a cru. J’ai l’impression qu’il a un doute, et qu’il puisse avoir ce doute, qu’il puisse croire que j’ai raconté ça pour… pour je ne sais quoi, d’ailleurs… ça me turlupine. Je vous jure. Je ne m’arrange pas. Mais je ne suis pas tout seul. En fait rien ne s’arrange.

Le baiser

« Le baiser », de Souchon, tiens. Un petit grand moment. Un bonheur.C’est vrai qu’en blondes j’ai des lacunes…En blondes j’ai des lacunes…Si tout est moyenSi la vie est un film de rien`Ce passage-là était vraiment bienCe passage-là était bien…

Et puis d’autres, plein.

Depuis une quinzaine, les nuits sont comme l’envers exact du soleil le jour. Au fait

Ah dites-donc, dans si peu de temps que c’est ce ouiquende, même, c’est Fantasticarts à Gérardmer. Je suis en train de me demander si ce n’est pas en train de devenir un peu ringardos… Non? Ah bon. Bon d’accord. En tous cas j’y vais pas, on ne me l’a pas demandé, et puis j’ai plein d’amis qui viennent à la maison (sic).

Hasta luego

PS: Quand je serai grand, je serai Emiliano Zapata. J’ai déjà un pote qu’on appelle Pancho. Et c’est même vrai.

Mardi 15 janvier 2002 Aventure

Hier soir j’ai eu une aventure.

Alimentaire.

Première choucroute de l’année — celle que je fais, hé! Très bonne, merci, sauf que j’ai avalé une bouchée trop chaude par mégarde. Beaucoup trop chaude. Mais une fois que je m’en suis rendu compte, pas moyen de faire marche arrière. Du coup je me suis brûlé le fond de la gorge – c’est quoi, là? l’œsophage, c’est ça. Eh bien ça fait rudement mal, beaucoup mieux que mes aventures de pouce and marteau. En fait j’ai passé une nuit détestable. Ça va un peu mieux, mais c’est pas encore ça. Je n’aurais jamais cru, dis donc. Merci la choucroute.

Il en reste, je vais aller déjeuner. Réchauffée, elle est encore meilleure.

Pour la route

Encore un extrait de lettre aux assurance pour bien commencer la journée:

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Vous me dites que Mlle X reclame des dommages-interets sous pretexte qu’elle été légerement défiguree apres l’accident. Sans etre mauvaise langue, il faut bien avouer que meme avant l’accident, cette malheureuse n’avait jamais éveillé la jalousie de ses concitoyennes.

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Malgres ma fracture au poignet, j’ai pris mon courage a deux mains.

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Je ne suis pas responsable du refus de priorite puisque je n’avais pas vu venir la voiture, vous pensez bien que si je l’avais vue je me serais arreté.

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Olé!

Samedi 29 décembre 2001

Derniers bavardages en francs

Dire que demain ce sera le 30 !

Je n’aime pas les fins d’années. Encore moins si possible les débuts. On va finir par croire que je n’aime rien, ce qui est faux, mais il est néanmoins vrai que pas mal de choses me fichent les abeilles. Bzzz.

Mais quand même, depuis quelques temps, les fins d’année s’arrangent toujours pour me pourrir la vie. Il y en a même une qui a bien failli réussir son coup. Pour de bon. Deux ans déjà. Deux ans de rab, alors? Niacniacniac (ricanement!) Par exemple, la semaine dernière, hop, la neige hardi-petit, tout ce qu’il faut pour un véritable hiver. Un gros, me voilà content (vous voyez bien qu’il ne m’en faut pas beaucoup!). Il faut juste que j’aille un peu faire le singe sur le toit pour dégager la parabole, et puis pelleter à tour de bras, mais ça va.

Et il y a deux jours, splash, la pluie. La pluie sans arrêt. Sur toute cette neige. Inutile de dire que c’est en marche vers des inondations comaques. Ce matin, je me lève, je vais faire un tour au sous-sol où j’ai mon atelier, et qu’est-ce que je vois? La flotte. C’est parti: toute cette eau du dehors qui déborde des drainages (je ne vais pas vous faire l’historique de la construction de chez moi et ses déboires multiples…) et qui passe par-dessus le béton du sol. J’ai laissé tomber la serpillière il y a un instant, j’en ai marre, marre, MAAAÂÂÂRE!

Accueil

Vous avez vu la nouvelle page d’accueil, le nouveau look? On dit mââârci Bernard! qui nous donne de son temps et de ses nerfs — et si quelqu’un peut lui dire comment fixer la photo de la page d’accueil tandis que le texte défile avant qu’il devienne fou, je lui en serais infiniment reconnaissant, au quelqu’un. Parce que qu’est-ce que je vais devenir, moi, quand il sera fou, Bernard?

Bilan

Une des choses qui me hurlupent le poil en fin d’année (voir plus haut), c’est, à la télé, les bilans de l’année écoulée et les best of. Les bilans, qu’est-ce que ça peut nous faire? On sait déjà tout, on a tout vécu en direct, c’est fini. Et les best of, c’est un joli truc de fainéants auto-satisfaits — on va en rebouffer à toutes les chaînes, je vous le donne en mille, des tours de NY, des Ben L., des Loana et de l’autre pauvre jeune aux cheveux comme la caricature d’un virus de sida. C’est simple: yakapa regarder. Je regarderapa, donc.

Mon bilan de l’année à moi:

Parce que moi aussi je peux le faire, si je veux, le bilan de l’année. Pas de raison que je sois pas fainéant comme tout le monde.

Alors voyons… Voyons voyons voyons…

Janvier: C’est déjà parti dans l’écriture de C’EST AINSI QUE LES HOMMES VIVENT. Tranquille. Je me dis que ça va être long mais super. Je ne sais pas ce qui m’attend. On ne sait jamais. Et c’est plutôt mieux comme ça, je trouve, parce que sinon…

Janvier ou févrierje ne sais plus: sortie du PACTE DES LOUPS. Le film, et le bouquin. je fais donc un peu de promo pour le bouquin. Drivé par Christine-de-chez-Rivages. On rigole des bons coups. Christine-de-chez-Rivages-qui-est-maintenant-chez-Gallimuche est l’attachée de presse la plus incroyablement expressive que je connaisse. Christine, si tu m’écoutes… J’avais promis un tour de grande roue si le roman atteignait les 20 000 ex, on doit en être à trois fois et quelques ce chiffre, et j’ai toujours pas tenu ma promesse. Mais la grande roue tourne encore (joli titre!), ce sera pour 2002?

Février ? Dans la foulée, et l’indifférence générale, sortie aussi du 5ème et dernier tome de la série SOUS LE VENT DU MONDE — Ceux qui parlent au bord de la pierre. Le meilleur, m’ont dit quelques aficionados. C’est bien les seuls à savoir que le livre existe. Quasiment pas de papiers dans la presse, rien ailleurs, le silence, en somme. Mais que fait la police? Certains romans se méritent sacrément! Je soupçonne l’éditeur dudit de n’avoir pas fait beaucoup de vagues autour de ce titre — la décision de publication de cette série avait été prise par son prédécesseur. Je soupçonne l’attachée de presse que par ailleurs j’aime beaucoup et à qui je fais une grosse bise de s’en être vaguement tapé le coquillart. Je soupçonne Ban L’Aden de puer des pieds malgré tout.

Sinon toujours en écriture.

Mars? Avril? Salon du Livre à Paris. Christine-de-chez-Rivages n’échappe pas à un fan photographe.

Mai. St-Malo, Étonnants Voyageurs. Toujours bien. Toujours parfait. Bernard Giraudeau est en pleine forme, il signe son livre, qui est superbe, je l’ai déjà dit cent fois. Christine-maintenant-de-chez-Gallimuche fait des grimaces dans une robe à pois, Embareck raconte des histoires, une mouette me chie dessus pendant le cocktail Gallimard (sic), l’année d’avant à ce même St-Malo Doug Headline m’avait demandé de noveliser le Pacte, ce qui était une bonne chose, cette année, rien. Cette mouette. François Angelier me promet qu’il viendra me voir en automne — j’espère qui ne lui est rien arrivé.

Ensuite, ensuite… je ne vois guère.

J’écris. Chaque jour. Ou quasiment. Mon père disait « en chier comme un Russe ». Je me sens l’âme slave à donf.

Août: Quant à mon beau-frère, il a pris un peu de bide. Léger. Mon autre beau-frère (celui qui est conseiller municipal) a mal au dos. Aux genoux. Partout. Ha la la.

Août encore: Cosette donne naissance à deux pépettes dont une manque bien ne jamais voir le jour, mais finalement tout s’arrange, ouf. Août est un mois riche en choses.

Septembre: Il s’est passé un événement d’importance, mais je ne me souviens plus lequel. C’est dingue. Ça va me revenir.

Octobre: Le mois dernier, c’était septembre.

Novembre: Le 13 Novembre! Mon anniversaire! Le monde entier a oublié de me le souhaiter, sauf quatre personnes, dont Benoite-de-chez-Rivages qui est née elle aussi un 13 novembre. Sinon je n’ai pas eu de cadeau, parce que « yen avait plus en magasin ». Bon…

Décembre: neige et pluie. Je n’avance pas dans ce bouquin. 800 000 signes, par là… Pourtant chaque jour sur la planche je remets mon pain.

J’ai pas du tout envie de me casser la tête à trouver des cartes de vœux originales pour faire le malin.

Voilà donc l’année passée.

Tout ça pour en arriver à ce que mon atelier soit présentement inondé. Il va falloir d’ailleurs que je vous quitte pour aller serpillier.L’année prochaine (si tout va bien):

Attention! Attention attention braves gens! Scoop! L’année prochaine, c’est à dire bientôt, paraîtra chez DUPUIS le premier tome d’une histoire en bandes dessinées, qui en comprendra au moins trois! Titre générique: H.A.N.D.

Premier album: LA PEAU DES OMBRES. Dessiné par Emmanuel VEGLIONA et écrit par votre serviteur.

Et comme nous ne reculons devant rien, la première page, ci-dessous, là, oui, sous vos yeux esbaubis:


Et ce sera en couleurs!

Vœux

Les meilleurs, vous en doutiez? à vous tous et chacun-chacune qui lisez ces lignes un peu folles, mais qui n’ont d’autre but (ces lignes) que de… Au fait, oui, quel but? Se détendre un brin? Allons-y pour se détendre un brin.

Sincèrement, à vous et vousses, de tout mon myocarde.

Hasta luego

PS: Je me souviens, septembre! Je suis allé passer un contrôle à l’hosto: tout va bien! je le savais qu’il y avait eu un truc important, dans ces temps-là… (je ne sais pas pourquoi, je croyais que c’était le 11, mais non…)

________________________________________________________________________________

Et encore:

(Je vous en remets une couche, signalant que ce n’est pas des cadeaux que je demande là — bien que mon anniversaire eût été plutôt sec, mais bon, on ne va pas non plus en faire un drame — j’ai deux-trois sous, je paie!)

AVIS DE RECHERCHES

A tous les bouquinistes ou vendeurs occasionnels de livres et livres anciens et surtout dictionnaires, à tous les particuliers aussi, je cherche:

Nicot (Jean), Thresor de la langue françoise tant ancienne que moderne, Éditions A. et J. Picard et Cie, Paris, 1960. Fac-similé du texte de 1621.

Féraud (J.F.) Dictionaire critique de la langue française. ed 1787. fac-similé par le GEHLF aux Presses de l’École Normale Supérieure.

Suplément au dictionaire critique, éditeur idem.

Hatzfeld & Darmesteter – Dictionnaire général de la langue française du commencement du 17eme siècle jusqu’à nos jours, Delagrave 1932 ou réimp1964.

Richelet Pierre Dictionaire français contenant généralement… édition de 1693, et Slatkine 1970.

(Il n’y a pas de fautes d’orthographe dans les intitulés).

Faire offres, please y por favor par e-mail, c’est mieux…

Samedi 22 décembre 2001

Je n’en reviens pas

Je n’en reviens tout simplement pas: je m’aperçois que le dernier Bavardages remonte au début du mois. Qui m’a piqué ce mois? Qui est coupable? Et que fait la police, je me demande en mille? Si je me retourne, ce qui n’est pas prudent à priori, je m’aperçois que je ne sais pas ce que j’ai fait de ce quasi trou de mémoire. J’ai écrit, voilà tout. Avec des hauts et des bas. Des jours avec et des jours sans. En ce moment ce serait plutôt avec. Je touche du bois. Poc.

J’ai d’ailleurs cessé d’en toucher depuis un temps, du bois. Depuis cette matinée atroce narrée dans le précédent Bavardages…

Au résultat, ça donne ça, au fait, tous ces malheurs de pouce:

Aujourd’hui elle est quasiment remplie. Le moment où on range les livres dans une bibliothèque est un moment très agréable.

Les aventures de mon pouce

Eh bien il va, en gros. Le gros pouce. Il y a eu une suite, avec marteau. Toujours le même pouce. La loi des séries. Le malheur des pouces. En plantant des petits clous, des semences, pour conforter le collage d’une esquille dans un plateau de petit bureau que mon épouse a ramené d’Emmaüs (d’aucuns disent « les Emmaüs »). Paf. Deux fois de suite au moins. Il y a des jours, je vous assure, les pouces, on devrait se contenter de se les tourner. Mais aujourd’hui ça roule.

Projets

J’ai déjà parlé ici de mon pote Sylvain d’en-dessous de chez moi (qui a une scierie et une carrière de pierres, gravier, etc.). Mon pote Sylvain a récupéré dans le hangar d’un tissage démoli des artefacts intéressants. Notamment des râteliers pour rouleaux de tissu, en métal, montés sur roulettes. ha ha ha! Il m’en a filé deux. Avec un, je vais me bricoler un élément/bureau, pour mon bureau précisément, qui va remplacer celui sur lequel je travaille actuellement qui est, icelui, un double des années cinquante et qui me prend beaucoup de place. Du coup, je supprimerai aussi le plan de travail qui court tout le long de la fenêtre, sur lequel au reste je ne travaille guère, et qui, l’idem, me bouffe de la place. Bien. Je vais donc me bricoler un… je ne sais pas quoi, un… « truc », qui rassemblera toute ma machinerie, sera accessible sur deux faces, et qui pourra se déplacer ici et là dans la pièce, par exemple suivre le soleil par la fenêtre, ces choses-là. Un autre camarade mien, genre des menuisier, famille des ébéniste, à qui je parlais de mon projet et qui avait remarqué les râteliers en leur état présent, m’a regardé longuement avec des yeux ronds. Il attend, de pied ferme sur ses yeux déjà ronds, de voir ça.

Dés que j’ai de nouvelles piles dans mon appareil, je photographie la chose actuellement.

Ça y est!

J’aurais pu photographier la neige, aussi! Parce que ça y est. Vers quatre heures ce matin, me voilà réveillé par un bruit de char d’assaut sous ma fenêtre, et comme j’étais en train de rêver pas gai j’ai eu un moment de déséquilibre. Mais non: un chasse-neige! D’habitude, ils se contentent de venir à la porte du jardin et de faire un demi tour difficultueux sur le chemin. Là, hop, la trace faite jusque sous mon nez, à la porte du garage. Je ne sais pas quel est ce nouveau conducteur d’engin communal, mais je vais savoir, pour le remercier.

Je me suis quand même tapé une heure et demi de pelletage pour dégager les escaliers extérieurs, les petits sentiers autour de la maison, etc. Et le chemin du facteur aussi.

Il est 11h30 et il neige encore.

Nous avions envisagé d’aller à Épinal faire ces courses dites de Noël, je ne sais pas si nous allons oser.

Ça y est! (bis)

 Noël, je veux dire. Nous y voilà donc. Et ensuite le Nouvel An, les vœux, les huîtres, les chocolats, les crises de foie, les joyeusetés civilisées, les ceci et les cela, les machins, pfff… Dans pas longtemps, nos boites à mail vont être submergées de messages divers prétendus originaux accompagnés de fichiers joints de quelques milliards de Ko qui prennent quatre plombes à se charger, tout ça pour une connerie que vous n’auriez même pas regardée dans un journal. Bon. D’ailleurs, ça a commencé. Moi, tant pis, tout ce qui m’arrive en mailist pas même cachée et dépasse 100 ko vire corbeille direct (si je ne suis pas prévenu par un texte d’accompagnement). Sinon c’est trop.

Ensuite. Ha oui: les courses de Noël. Pour dans pas longtemps, en ce qui me concerne, donc…

Horreur de ça. J’ai presque envie de dire que je suis malade, tiens. D’un coup. Mal au ventre. Bobo la tête. Je veux pas aller à l’école. Mais ça ne marchera pas.

La solution pour y échapper c’est quand même d’avoir beaucoup d’argent. Beaucoup beaucoup. Là au moins vous choisissez les échoppes et boutiquiers et surtout ce qu’ils vendent. Vous ne vous rabattez pas sur n’importe quoi en désespoir d’acheteur. Pr exemple sur ces magasins d’abattage pleins de lumières criardes et de musique au sirop, d’érable pour le moins, qui vomissent un monceau de produits dits d’amusement, gadgets et autres inutilités colorées, d’une laideur à faire peur. Je suis entré dans un de ces machins il y a peu, j’ai tenu 8 minutes, j’en suis sorti avec le tournis, abattu par ce mauvais goût déferlant et la mine réjouie et heureuse des clients (clientes surtout, mamans et zenfants). Une autre planète.

Ou bien c’est moi?

Je vais donc en principes me taper ça, ou l’équivalent, ou pas loin, cet après-midi. A moins qu’il neige encore… ou que j’aie très mal au ventre. Mais mal au ventre à mon âge on appelle direct le SAMU. A moins qu’ils soient en grève… Sont pas en grève, les Samuistes?

Les dieux soient avec moi.

(Sauf que les dieux, c’est comme le SAMU quand on voudrait qu’ils soient en grève… C’est comme la police, gna gna gnan, quand on a besoin d’eux… dit le vieux con de service accoudé au comptoir de ma médiocrité fatiguée… }

On n’arrête pas le progrès

Il y a une nouvelle chaîne téloche, les gars! dans le bouquet! Match T.V.! Ils ont interviewé et passé en boucle la baronne Machine de Rothschild pour son bouquin sur le savoir-être con dans les formes. Je suis certain que c’est une des raisons de ma baisse de moral de ces derniers temps: j’en ai regardé cinq minutes (l’ennui, c’est que j’ai vu la pauvre femme raconter ses vulgarité poudrées sur un tas d’autres chaînes, impossible d’y échapper)

Je pose sérieusement la question: comment peut-on? Je veux dire: écouter cette empaffée privilégiée plus de dix minutes sans ressentir un malaise sournois? je veux dire acheter son objet? je veux dire y croire? je veux dire… je ne sais plus, les bras m’en tombent. Une autre planète? Non, la nôtre. L’Afghanistan, l’Argentine, l’Afrique, Toulouse, la Baronne, secouez-moi tout ça… Quand je serai grand, des fois je me tirerai une balle avec savoir vivre.

Gilbert Bécaud

est mort. Suis-je véritablement un monstre? Parce que franchement je m’en fous. Et des hommages en cascades aussi. Et des éloges stéréotypés aussi. Un homme est mort, c’est triste c’est un drame, comme à chaque fois, je déteste la mort, à commencer par celle des musaraignes dans mon pré. Le chanteur à qui on rend hommage dans tous les azimuts, en l’occurrence, je n’aimais pas plus que ça. Même plutôt moins. Je ne sais pas qui était l’homme Bécaud. J’ai vu un bout d’émission dans laquelle Chancel faisait allusion à son état de santé et à sa prudence éventuelle de fumeur face à la maladie rongearde — en réponse/provoc/spectacle le bonhomme sort une cigarette de sa poche et l’allume en affirmant que c’est comme tous les défis, il faut les relever. je ne sais pas si c’est l’homme ou le chanteur qui signe ça, mais c’est une belle, une grande, une éclatante connerie que je ne salue pas. On se met des défis où on peut.

Bref il est mort, le Gilbert. Tous ses amis pleuraient.

Chasse neige

J’entends le chasse neige qui revient. Cornegidouille, ça ne s’arrête donc pas.

AVIS DE RECHERCHES

A tous les bouquinistes ou vendeurs occasionnels de livres et livres anciens et surtout dictionnaires, à tous les particuliers aussi, je cherche:

Nicot (Jean), Thresor de la langue françoise tant ancienne que moderne, Éditions A. et J. Picard et Cie, Paris, 1960. Fac-similé du texte de 1621.

Féraud (J.F.) Dictionaire critique de la langue française. éd 1787. fac-similé par le GEHLF aux Presses de l’École Normale Supérieure.

Suplément au dictionaire critrique, éditeur idem

Hatzfeld & Darmesteter – Dictionnaire général de la langue française du commencement du 17eme siècle jusqu’à nos jours, Delagrave 1932 ou réimp1964

Richelet Pierre –  Dictionaire français contenant généralement…, éd . 1693 et Slatkine 1970

(Il n’y a pas de fautes d’ortographe dans les intitulés)

Faire offres, please y por favor ( par e-mail, c’est mieux… et même que là j’accepte les photos de lus de 100ko…)

Post scriptum

Je suppose que « Bon Noël! » s’impose? On va dire ça, allez. Avec les petites étoiles, les bougies, les rennes et tout le trama la.

(Y a des Noël, on préférerait que ce soit la St-Jean, des fois. C’est comme ça. Ou alors Noël, mais il y a longtemps…)

Hasta luego

Mardi 4 décembre 2001

Eh bien dîtes-moi…

Non, ne me dîtes rien, je sais je suis en retard, pour et sur tout, c’est torrible!!! Bon. Que signifie donc ce retard? En fait, rien, et j’exagère. Je ne suis pas en retard sur tout du tout, il y a des choses que j’aurais du faire et que je n’ai pas faites, parce que j’en faisais d’autres, c’est aussi simple que cela. Par exemple, aussi, si je n’ai travaillé que très guère sur mon roman, c’est que j’écrivais d’autres choses urgentes et promises à dates définies. Par exemple again je n’ai pas composé la suite des épisodes « bocals » pour la même raison sus-citée donc. Par exemple enfin j’ai achevé (ou presque) cette réfection bibliothécaire dont il fut question deux ou trois fois déjà dans ces bavardages. Mine de rien ça prend du temps. Voilà voilà

Et puis il a neigé, un beau matin de la semaine dernière. C’était comme ça:

Et quatre jours plus tard, nada. Maintenant c’est comme ça:

(Finalement, non, ça ne mérite pas de photo.)

Le vieux chat noir a des problèmes urinaires. Vessie bloquée. Véto, sonde, déblocage. Le vieux chat noir ne rigole pas mais n’en dit rien. Les chats sont des êtres du silence.

mercredi 5 décembre 2001

Il pleut. C’est gris comme dans Sleepy Hollow. Le cavalier sans tête en moins.

14h et des poussières. J’essaie de me remettre à écrire. À bien plus tard donc (j’espère).

jeudi 6 décembre 2001

Certains jours ne devraient jamais sortir de la nuit.

D’abord, j’ai mal dormi, je ne sais pas comment ça se fait mais je re-dors mal depuis un moment. Serait-ce parce que je me promène moins? Quoi qu’il en soit. Donc je me lève, la trogne en biais, vers 9h. Mon épouse déjeune — elle s’en va dans sa petite auto, pour la journée, à St-Dié. St-Dié est une ville pas très éloignée où se tient chaque année une manifestation intitulée le FIG, Festival International de Géographie, qui a mon avis est un intitulé plutôt pas terrible, mais je ne suis pas là pour donner mon avis, pas terrible parce que pas clair sur le contenu dudit festival qui est un festival de littérature pas seulement géographique, par ailleurs très chouette et sympa. Bien. Donc mon épouse qui fait partie de la bande organisatrice s’en va là-bas pour une réunion de travail. La voilà partie, me laissant le conseil d’aller me promener. Je déjeune. Ça commence avec les biscottes qui me claquent dans les doigts les unes après les autres et résistent par fragmentation au beurrage. Ensuite le thé. Plus clair qu’une tisane infâme, qu’est-ce que c’est que ce thé-là? Je me calme. Je me re-fait du rhé, du vrai, du Tuocha, du qu’on casse au marteau, je beurre mes miettes, je déjeune, hop. Je me dis que je n’irai pas me promener vu qu’il faut encore que je termine les derniers détails de cette bibliothèque — ça commence à bien faire en longueur. J’allume la télé, pour avoir une compagnie. J’aurais pu avoir le réflexe musique et lecteur de compact, mais non c’est la télé et MTV. C’est marrant comme on n’écoute pas Jennifer Lopez quand on regarde ses clips.

Bien. Les dernières choses à finir sur cette biblio sont: fixer les charnières piano des deux portes vitrées, ainsi que les poignées des tablettes de lecture. Avant-trous au poinçon, puis à la perceuse… toutes les vis achetées à Weldom, magazin voisin qui apparemment vend de la merde, m’explosent dans les doigts quand je les visse: les têtes sautent ou se cassent. C’est sympa. De plus, il faut dire que je me suis collé une tendinite depuis une éternité, à l’intérieur du coude, et que pour visser c’est parfait. Visser pour rien, donc. Une plombe. Je laisse tomber les portes — c’est une image: j’abandonne la tentative de vissage, il faudra que j’aille acheter d’autres vis, pas en laiton, en acier, en béton, je ne sais pas: des vis, des vraies.

Le camion de ramassage des poubelles passe alors que je m’apprête à aller déposer les sacs dans la poubelle-benne à l’entrée du jardin. Le temps que je réalise et le camion est reparti. Très bien. Le facteur est passé aussi: des conneries. Toujours pas de contrat de Dargaud-Bénélux pour l’adaptation en BD de mon roman Délirium Circus. Il parait que ledit contrat est au service juridique. Ça va faire un mois, sinon davantage. Il parait aussi que c’est long (sic).

Fixer les poignées des tablettes. Cela fait quinze jours que j’écume les drogueries à la recherche de poignées fixes et rigides à fixer avec des vis dans l’épaisseur du bois (et pas des fixations qui traverseraient une épaisseur et se boulonneraient par derrière – c’est quand même pas compliqué! Eh bien si, très!) — quinze jours que je ne trouve pas. Finalement, j’ai décidé d’utiliser les poignées d’une ancienne commode qui se trouve au grenier et dans laquelle on entasse et garde précieusement un million de trucs parfaitement inutiles. Je vais fixer ça avec des vis, donc, qui seront apparentes et dont je cacherai la tête avec les têtes de boulons des anciennes fixations. C’est clair? Non? Tant pis. Il faut donc scier ces têtes de boulons qui seront collées sur les têtes de vis. Je scie. Quand on scie du métal, il chauffe: la première tête de boulon me brûle quand je la récupère au sol où elle est tombée. Pour ne pas recommencer et perdre la seconde je place une feuille de papier que je tiens en dessous du sciage, et quand ça scie, ça scie, et une scie à métaux ça coupe, et pas que le métal. Je m’entaille donc joliment, nettement, le pouce. Pansement. Ensuite, coller les tête sur les têtes. Colle ultra-rapide, genre U-Hu, la colle dont ce type qui s’appelle Steevie s’est fait un jour une tartine (aparté: j’ai vu l’autre fois ce Steevie, je suppose que ça s’écrit comme ça, à la télé dans l’émission d’Ardisson. Question: comment, mais sérieusement, comment? peut-on être aussi con et apparemment aussi fier de l’être? je sais, je ne suis pas de bonne humeur, mais quand même…), la colle qui colle. Le tube de cette colle, à la maison, est à sa place dans une tasse, la tasse dans un placard de la cuisine, où sont rangées les tasses. Bien. Normal. Sauf ce matin. En cherchant, je fais tomber le pot à cure-dents. En ramassant les cure-dents éparpillés dans le carnet d’adresses ouvert sous le placard, je me plante un cure-dent sous l’ongle du pouce coupé précédemment, le même que brûlé, d’ailleurs. Bien bien bien. Tout ça dans le calme — disons un certain abattement progressif.

Je trouve finalement le tube. A cent lieues de là. Ce n’est évidemment pas le genre de truc à manipuler un jour comme aujourd’hui. Première manœuvre: la tête de boulon se colle à mon pouce: le fameux pouce, le pouce du jour! Premier détour par la salle de bain. Le second, de détour par la salle de bain, c’est pour les lunettes. Parce que je porte des lunettes, pour ce genre de travaux. Et je transpire, aussi. Et les lunettes glissent sur le nez. Donc on les remonte sur le nez, les lunettes… mais pas avec de la colle qui colle sur le doigt… Finalement tout va bien, côté têtes de boulons, c‘est arrangé. Je ferai l’autre poignée ce soir.

J’ai mangé vite fait un reste de pommes de terres cuites à l’eau et quatre centimètres de boudin froid et j’ai bu un café en regardant les nouvelles du monde.

J’ai envoyé un mail à Dargaud pour dire que je m’inquiète, comme si la chose allait les inquiéter.

Pas de nouvelles de cette dramatique pour la télé sur laquelle je devrais travailler.

Il est 14h42.

J’attends la nuit et demain. Demain je vais à Nancy, à une expo, voir ci-dessous:

Je sens que ça va être grand.

Hasta luego.

Dimanche 11 novembre 2001

Bavardage du dimanche

Tarte aux raisins

La chose sympa, c’est que je vais manger de la tartre aux raisins, là, en buvant un café.

Il fait un froid de chien. Ou de canard. (Pourquoi un froid de chien, d’ailleurs? De canards, bon, je veux bien, mais de chien?…) Froid et beau. Super. J’adore ça.

Bon, je vais donc boire ce café et manger cette tarte et je reviens.

C’était très bon.

Pacte des Loups

J’ai reçu il y a peu des exemplaires du Pacte des Loups en coréen et italien. Ci-après le coréen, que je trouve positivement superbe.

Par ailleurs

Par ailleurs, il fait nuit. A peine 18 heures, et hop. Bientôt Noël.

J’ai la terrible impression de ne pas avancer dans mon roman. 700 000 signes, en gros. Je n’ai pas regardé en arrière une fois. Je regarde en avant et c’est ce qui m’affole — tout ce chemin qu’il reste à parcourir, tout ce qu’il faut encore raconter. Jamais je n’aurai terminé dans les délais prévus. Bon. Il est temps d’en prendre son parti. D’autant que je vais devoir m’interrompre pour entreprendre d’autres écrits qui m’assureront de quoi me sustenter. Déjà presque un an d’écriture, sinon plus…je ne sais même plus. Et encore des mois…

Goncourt

Suis très content pour Jean-Christophe Ruffin et son Rouge Brésil. Cet homme est très sympathique et il considère l’écriture — son écriture — d’une façon qui me convient tout à fait, sans prise de tête intello machin, ce qui ne signifie pas qu’il ne pense pas. C’est pas Sollers, en un mot. Et c’est très bien comme ça. Et en plus il raconte des histoires.

Bricole

Tous les matins d’en ce moment je bricole à cette bibliothèque, plutôt que faire des balades. Les deux petites chattes me tiennent compagnie. Ce n’est pas des plus simple de planter un clou ou de donner un coup de rabot avec ces deux ouvrières sous le marteau ou devant la lame… Toujours « au plus épais », aurait dit ma mère…

Hasta luego

Jeudi 1er novembre 2001

Sujet: Racontez votre journée de la Toussaint

Serait-ce donc La Toussaint? On me dit que oui.

A l’école, et ce des années durant, les unes après les autres, inlassablement, avec une constance rare qui dénotait la furieuse initiative des maîtres et maîtresses (on appelait ainsi instituteurs et trices) , à l’école donc, le sujet de la première « rédaction » suivant cet événement était: Racontez votre journée de la Toussaint. Et en avant la musique. Le repas de famille, la visite au cimetière, l’automne, les gens qu’on ne revoyait qu’à l’occasion de cette fête des morts. Zou! Quelle fête des morts? de cela point de commentaires ni même de commencement d’explication sur son origine, l’histoire du rite, que sais-je… On se hâtait de tartiner une page, j’en faisais deux, j’étais déjà attiré par les mots écrits et le prétexte, quel qu’il fût, de raconter une histoire. Il fallait du mérite. Je trouve.

Mes maîtres et maîtresses sont morts. Pour la plupart — pas tous, mais la plupart.

Aujourd’hui, si je raconte cette journée, ce sera pour dire que je me suis levé plutôt tard et que j’ai passé ma matinée à façonner une « pièce », une rustine de sapin, puis à la poser, pour un angle cassé de ce meuble que je suis en train de transformer en bibliothèque; qu’après-midi je suis allé me promener pendant trois heures avec mon épouse et que nous avons récupéré un chien de chasse perdu, sympa, qui nous a suivis comme un seul homme et nous a laissés regarder sur son collier le numéro de téléphone et le nom de son maître. A qui nous l’avons ramené.

Ensuite j’ai travaillé à mon roman.

Je ne suis pas allé au cimetière où sont mon père et ma mère — j’y vais rarement. Quasiment jamais.

C’est comme ça.

Cela dit c’est l’automne pour de vrai, avec des couleurs d’automne, des matins froids couverts de rosée d’argent après les léchouilles de brumes.

C’est comme ça, aussi.

Je me souviens quand ils étaient vivants, certaines années au retour du cimetière, ce jour-là, nous mangions des noix et du pain, le feu craquait dans la cuisinière, il y avait un chat qui nous regardait faire et qui jouait avec les débris des coquilles de noix.

Et puis ce soir, jusqu’à maintenant, j’ai regardé, à la télévision, une émission consacrée à Georges Brassens.

J’ai grandi avec les chansons de cet homme. Je les chantais moi-même. Je les connaissais à peu près toutes. Je les ai re-écoutées ce soir. Pas une qui ne m’ait mis l’œil en brillance. Le plaisir pur est liquide. Pas une chanson qui ne soit une manière de chef d’œuvre, au sens de ce travail que réalisent les maîtres dans leur art, les grands ouvriers. Toutes. Même ce « Mourir pour des idées », et peut-être surtout, ne vous en déplaise, monsieur Goldman.

Georges Brassens, je m’en suis rendu compte ce soir, m’a nourri généreusement, il a été mon Auvergnat et sans doute pour un bonne part m’a instillé les envies d’écrire ce que j’ai parfois pu écrire, et la nécessité, aussi, de le faire. L’obligation. J’ai commis un jour un roman titré « Je suis la mauvaise herbe », les paroles de la chanson en exergue, et nous avions, l’éditeur et moi, demandé à l’auteur son autorisation … qui nous fut accordé sans problème. Me souviens que j’en avais été très fier — non, pas fier: heureux.

Mes instituteurs, mon père et ma mère, Georges Brassens, sont morts: pas de doute, c‘est bien leur fête aujourd’hui.

Je ne suis pas allé au cimetière, je n’y vais jamais, je préfère sortir dans le frais de la nuit pour siroter un café qui refroidit un peu vite en écoutant les renards aboyer à la lune, ou regarder Margot dégrafer son corsage.

C’est comme ça.

Plus ça vient, moins il se fait tard pour ce genre de choses, moins j’ai le temps d’autres écarts.

Hasta luego

Dimanche 21 octobre 2001

Des jours et des nuits se sont écoulés. Comme le temps passe! s’exclame-t-on régulièrement quand il nous manque.

Nous voilà fin de semaine. Dans moins d’une heure, je dois être chez un ami, à table, invités que nos sommes, mon épouse et moi-même, à faire la frigousse à l’occasion de son passage à l’heure de la retraite. Il fête la chose. Ainsi que son anniversaire. Donc, ce dimanche: bombance.

Qu’ai-je fait ces temps écoulés, donc, pour ne les avoir pas vus passer? Plusieurs choses. D’abord, obsédante préoccupation qui a elle-seule obvie à toute autre attention éventuellement accordée à la périphérie, les « ennuis » avec mon « lanceur » de club-internet. Bagarre mémorable avec les « fichiers essentiels » qui se refusèrent à apparaître comme ils eussent dû le faire au signal du cliquement approprié. By jove! se fût exclamé cent fois Mortimer dans ma situation — alors que moi, c’était plus intériorisé et nettement moins britannique… pas bon pour le myocarde de se « rentrer » de la sorte. Orça, cela ne valait guère la peine d’ainsi se perturber le mental et ses diverses connexions. L’équipe de la hot-line, par le biais des fiches de problèmes techniques« questions-réponses » m’a finalement sorti d’affaire, avec patience et efficacité, merci monsieur Club-internet, et si j’avais été plus attentif à ma barre d’outils je n’aurais pas non plus perdu par deux fois tout ce temps à recopier un carnet d’adresses électroniques une par une, copier-coller, avant de m’apercevoir que la chose pouvait se faire en une fraction de seconde via la fonction importer. Mais tout ceci n’a rien de passionnant. Au résultat, ce jour, mon lanceur fonctionne — ce qui est formidable c’est que je n’en ai pas réellement besoin, c’est un gadget, en somme, et je peux très bien passer direct par Netscape Communicator, vous m’en direz tant! c’est dingue — c’est une question de principe: de savoir que je devais pouvoir faire fonctionner ce truc et que je n’y parvenais pas m’a turlupiné grave. Bien. Mais c’est fini, je ne suis plus turlupiné. En tous cas pas pour ni par ça. Pour autre chose, certes, oui j’y viens dans un instant.

Sinon qu’ai-je fais, donc? Eh bien j’ai écrit, et ma foi plutôt vaillamment, et de façon satisfaisante. Il faut juste que ça continue. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas réveiller les démons.

Le Théâtre des Opérations

Mon camarade-éditeur Philippe, il y a peu, avant de s’en aller parler de livres dans une ville germanique à l’occasion d’une foire non moins, m’a donné un tuyau pour la subvention de mise en scène de pièces de théâtre. C’est à la:

Direction de la musique de la danse du théâtre et des spectacles, Bureau des écritures et de la recherche, Aide à la création d’œuvres dramatiques 

que ça se passe et qu’il fallait s’adresser. Joindre un certain Stéphane Caron. Deux numbers de phone. Parfait parfait, et en avant! Le premier numéro, sur répondeur en permanence, la voix du monsieur nous invite à appeler une collaboratrice (je suppose) qui elle ne répond jamais et ne dispose même pas de répondeur. Formidable. Il faut écrire, me suggère-t-on, pour obtenir un dossier à remplir. Ce que je fais. Il y a de cela pratiquement un mois. Pas de réponse. Je suppose donc qu’il faut, pour entrer dans le circuit et bénéficier éventuellement d’une attention, faire partie d’un cercle restreint. Mais je suis facilement acerbe, en certaines occasions. Quoi qu’il en soit, tout ceci me gonfle, par moments, royalement.

J’ai quatre pièces de théâtre dans mes tiroirs (dans un seul, en vérité) qui attendent les beaux jours. Sauf que, à la longue, tout ceci… (voir plus haut).

Dictionnaires

Nous sommes allés hier avec mon ami et néanmoins camarade webmaster Bernard Visse, ainsi qu’Éliane, son amie à lui, et le chien ( qui est une chienne surnommée quelquefois « Grosse Dondon », ce qui bien sûr comme tous les surnoms comporte une part d’exagération ) et moi, sommes allés disais-je à Belfort où se tenait l’immense Foire aux Livres bien connue, qui dure un mois, ou quasiment, et qui est une manifestation absolument formidable de vente de livres d’occasion. Il se trouve aussi que des gens qui écrivent des livres viennent parfois les signer, ce qui n’est pas à mon avis le meilleur endroit pour, les acheteurs de vieux bouquins n’étant pas fatalement intéressés par les dernières sorties d’auteurs plus ou moins connus tombés de nulle part, mais ceci est une autre histoire.

J’allais à Belfort pour prendre livraison d’un Larousse du 19eme siècle en 16 volumes, imaginez ma joie, que l’organisateur de la manifestation m’avait dégotté auprès d’un libraire de Meudon, la libraire Marc Sainte-Marie pour ne pas la nommer. Aux renseignements fournis par ledit, le Larousse se présentait en « bon état intérieur, quelques coiffes usagées ». Parfait. Donc, nous prenons livraison. Les livres remplissent deux gros cartons — lourds, cela va de soi, du poids terrible de la culture. Je regarde ce qu’il en est, à quoi cela ressemble, dans le premier carton. Un des volumes a le dos décollé. Bah. Et nous embarquons… Pour le second carton, j’ai vérifié à la maison… pauvre idiot que je suis. En fait de « quelques coiffes usagées » TOUS LES VOLUMES sont dans un état déplorable, dos décollés, pages déchirées, manquantes, froissées. L’arnaque totale. Merci monsieur Marc Sainte-Marie de Meudon. Évidemment je n’achète pas et demain je retourne là-bas et rends le tout. Une journée foutue. Je suis ravi.

J’y pense: Chapitre.com m’a changé sans problème le « Dictionaire françois-latin » de Robert Estienne (Reprint Slatkine) qui m’avait posé problème pour défaut d’impression. Je ne sais plus si je l’avais signalé. C’est fait.

Et pour clore le sujet dictionnaires, par contre, dans le genre arnaque, merci aussi aux Editions Atlas/ SNL — Le Robert pour leur joli coup avec la vente de deux fois le tome 2 que mon libraire n’a jamais pu échanger contre le tome 3 disparu des stocks de l’éditeur. J’ai décidé de demander le remboursement des deux tomes en ma possession, que je vais leur retourner. Pour acquérir ailleurs, je ne sais où, cette même édition complète en 3 tomes. No sé comment les choses vont évoluer.

Fin des dicos.

Dimanche soir

Passé une journée très agréable chez mon pote, avec enfants et petits-enfants – des gens charmants, si vous voulez le savoir.

On a crevé (« on » c’est une roue de la voiture, vous l’aurez compris. Sinon, faites-vous faire un bilan rapido.)

Mousse de thon extra.

Hasta luego

Lundi 8 octobre 2001

22h 10. Quasiment mardi, en somme.

Les ricains bombardent les talibans qui talibanent, à la télé Ardisson consacre une partie de son émission Voici Gala à la vie d’une grande cruche blonde qui a écrit (ha ha) un livre, et moi j’ai ramassé un nouveau rhume au FIG à St-Dié, et si avec tout ça vous ne trouvez pas que le monde est désespérant, eh bien, merde alors, qu’est-ce qu’il vous faut?

Ça fait du bien d’être grossier, tiens, entre deux reniflements.

Bien. Où en étais-je?

Or donc, je suis rentré de St-Dié et du FIG, et c’était très bien parce que j’ai revu des amis et rencontré des gens très sympathiques et en plus plein de talent, comme François Place qui crée des mondes et les dessine de façon absolument formidable, et comme aussi Manolo (Emmanuel) Lezy qui a reçu le Prix Ptolémée pour son livre Guyane, Guyanes (Belin) (et cet hombre-là je vous en reparlerai souvent, sans aucun doute!) et puis encore Michel Quint qui a écrit Effroyables Jardins (Ed. J Losfeld), que je n’avais pas lu, que j’ai acheté sur place et dévoré net, et c’est remarquable de beauté, d’émotion, de je ne sais pas comment dire mais en tous cas merci pour ce livre — et du coup ça me remet vraiment en rogne verte quand je vois et entend toutes ces conneries, ces vraies merdes grand teint, médiatisées à outrance, signées Notomb ou Beigbeder (par exemple) et autres qui nous bouffent le temps et l’attention et l’espace au détriment de tant de vrai talent et de vrais écrivains et de vrais grands et beaux romans — quand j’entends comme l’autre fois encore un pauvre petit bavard riquiqui branché des Inrock affirmer sans rire que Houellbecq est sans nul doute « le plus grand romancier de France », toutes ces hallucinantes déclarations péremptoires balancées à tours de bras dans leurs chroniques et qui pètent, mes enfant, à ce point plus haut que leur cul que la véritable chronique, dans tout ça, est surtout le qualificatif d’une infection irrémédiable et définitive, j’en ai peur, des sinus. Je suis en colère, tiens. Pour ce que ça changera, je sais! mais vous n’allez pas, en plus, m’empêcher d’être en colère, non?

Effroyables Jardins, de Michel Quint, est un putain de grand roman de 63 pages et qui ne coûte que 35 balles, une misère, en plus.

Bon.

Est-ce que je vous ai déjà parlé de Cormac MacCarthy? Il faudra, un jour.

Inspirons: ƒƒƒƒƒƒƒƒ

Je vous présente mon cousoir

Et une presse à main.

Je suis en train de bricoler la presse à lisser. C’est pas que ça calme, mais ça ne m’énerve pas.

Expirons: FFFFFFFFFF

J’avance mal dans ce nom de Dieu de roman (j’ai déjà dit que la grossièreté calmait!). J’angoisse, je dérape, je suis en retard, je ne finirai pas dans les délais, j’ai la trouille, je ne sais plus où je vais, tout se liquéfie, m’échappe, me coule entre les doigts et les pores, me traumatise, me file la rage et le blues et des envies de pleurer dans un coin. Voilà.

J’attends un signe de mon éditeur.

J’attends ceci et j’attends cela. Et cela aussi, tiens (je n’y pensais plus)

Respirons profondément… FFFFFFFFƒƒƒƒƒƒƒƒƒ

A St-Dié, pour fidir, il y a eu un rebas avec l’éguipe orgadisadrice, j’étais assis devant la fedêdre du restau, on b’a debandé si c’était gêdant qu’on l’ouvre (la fenêtre) j’ai dit que don, grand seigneur, et paf dans le courant d’air, c’est là que j’ai rabassé bon rhube. De cerveau.

C’est balin.

Bon. Je vais aller voir si la grande cruche s’est cassée de l’écran.

Hasta luego