Dimanche 11 novembre 2001

Bavardage du dimanche

Tarte aux raisins

La chose sympa, c’est que je vais manger de la tartre aux raisins, là, en buvant un café.

Il fait un froid de chien. Ou de canard. (Pourquoi un froid de chien, d’ailleurs? De canards, bon, je veux bien, mais de chien?…) Froid et beau. Super. J’adore ça.

Bon, je vais donc boire ce café et manger cette tarte et je reviens.

C’était très bon.

Pacte des Loups

J’ai reçu il y a peu des exemplaires du Pacte des Loups en coréen et italien. Ci-après le coréen, que je trouve positivement superbe.

Par ailleurs

Par ailleurs, il fait nuit. A peine 18 heures, et hop. Bientôt Noël.

J’ai la terrible impression de ne pas avancer dans mon roman. 700 000 signes, en gros. Je n’ai pas regardé en arrière une fois. Je regarde en avant et c’est ce qui m’affole — tout ce chemin qu’il reste à parcourir, tout ce qu’il faut encore raconter. Jamais je n’aurai terminé dans les délais prévus. Bon. Il est temps d’en prendre son parti. D’autant que je vais devoir m’interrompre pour entreprendre d’autres écrits qui m’assureront de quoi me sustenter. Déjà presque un an d’écriture, sinon plus…je ne sais même plus. Et encore des mois…

Goncourt

Suis très content pour Jean-Christophe Ruffin et son Rouge Brésil. Cet homme est très sympathique et il considère l’écriture — son écriture — d’une façon qui me convient tout à fait, sans prise de tête intello machin, ce qui ne signifie pas qu’il ne pense pas. C’est pas Sollers, en un mot. Et c’est très bien comme ça. Et en plus il raconte des histoires.

Bricole

Tous les matins d’en ce moment je bricole à cette bibliothèque, plutôt que faire des balades. Les deux petites chattes me tiennent compagnie. Ce n’est pas des plus simple de planter un clou ou de donner un coup de rabot avec ces deux ouvrières sous le marteau ou devant la lame… Toujours « au plus épais », aurait dit ma mère…

Hasta luego

Jeudi 1er novembre 2001

Sujet: Racontez votre journée de la Toussaint

Serait-ce donc La Toussaint? On me dit que oui.

A l’école, et ce des années durant, les unes après les autres, inlassablement, avec une constance rare qui dénotait la furieuse initiative des maîtres et maîtresses (on appelait ainsi instituteurs et trices) , à l’école donc, le sujet de la première « rédaction » suivant cet événement était: Racontez votre journée de la Toussaint. Et en avant la musique. Le repas de famille, la visite au cimetière, l’automne, les gens qu’on ne revoyait qu’à l’occasion de cette fête des morts. Zou! Quelle fête des morts? de cela point de commentaires ni même de commencement d’explication sur son origine, l’histoire du rite, que sais-je… On se hâtait de tartiner une page, j’en faisais deux, j’étais déjà attiré par les mots écrits et le prétexte, quel qu’il fût, de raconter une histoire. Il fallait du mérite. Je trouve.

Mes maîtres et maîtresses sont morts. Pour la plupart — pas tous, mais la plupart.

Aujourd’hui, si je raconte cette journée, ce sera pour dire que je me suis levé plutôt tard et que j’ai passé ma matinée à façonner une « pièce », une rustine de sapin, puis à la poser, pour un angle cassé de ce meuble que je suis en train de transformer en bibliothèque; qu’après-midi je suis allé me promener pendant trois heures avec mon épouse et que nous avons récupéré un chien de chasse perdu, sympa, qui nous a suivis comme un seul homme et nous a laissés regarder sur son collier le numéro de téléphone et le nom de son maître. A qui nous l’avons ramené.

Ensuite j’ai travaillé à mon roman.

Je ne suis pas allé au cimetière où sont mon père et ma mère — j’y vais rarement. Quasiment jamais.

C’est comme ça.

Cela dit c’est l’automne pour de vrai, avec des couleurs d’automne, des matins froids couverts de rosée d’argent après les léchouilles de brumes.

C’est comme ça, aussi.

Je me souviens quand ils étaient vivants, certaines années au retour du cimetière, ce jour-là, nous mangions des noix et du pain, le feu craquait dans la cuisinière, il y avait un chat qui nous regardait faire et qui jouait avec les débris des coquilles de noix.

Et puis ce soir, jusqu’à maintenant, j’ai regardé, à la télévision, une émission consacrée à Georges Brassens.

J’ai grandi avec les chansons de cet homme. Je les chantais moi-même. Je les connaissais à peu près toutes. Je les ai re-écoutées ce soir. Pas une qui ne m’ait mis l’œil en brillance. Le plaisir pur est liquide. Pas une chanson qui ne soit une manière de chef d’œuvre, au sens de ce travail que réalisent les maîtres dans leur art, les grands ouvriers. Toutes. Même ce « Mourir pour des idées », et peut-être surtout, ne vous en déplaise, monsieur Goldman.

Georges Brassens, je m’en suis rendu compte ce soir, m’a nourri généreusement, il a été mon Auvergnat et sans doute pour un bonne part m’a instillé les envies d’écrire ce que j’ai parfois pu écrire, et la nécessité, aussi, de le faire. L’obligation. J’ai commis un jour un roman titré « Je suis la mauvaise herbe », les paroles de la chanson en exergue, et nous avions, l’éditeur et moi, demandé à l’auteur son autorisation … qui nous fut accordé sans problème. Me souviens que j’en avais été très fier — non, pas fier: heureux.

Mes instituteurs, mon père et ma mère, Georges Brassens, sont morts: pas de doute, c‘est bien leur fête aujourd’hui.

Je ne suis pas allé au cimetière, je n’y vais jamais, je préfère sortir dans le frais de la nuit pour siroter un café qui refroidit un peu vite en écoutant les renards aboyer à la lune, ou regarder Margot dégrafer son corsage.

C’est comme ça.

Plus ça vient, moins il se fait tard pour ce genre de choses, moins j’ai le temps d’autres écarts.

Hasta luego

Dimanche 21 octobre 2001

Des jours et des nuits se sont écoulés. Comme le temps passe! s’exclame-t-on régulièrement quand il nous manque.

Nous voilà fin de semaine. Dans moins d’une heure, je dois être chez un ami, à table, invités que nos sommes, mon épouse et moi-même, à faire la frigousse à l’occasion de son passage à l’heure de la retraite. Il fête la chose. Ainsi que son anniversaire. Donc, ce dimanche: bombance.

Qu’ai-je fait ces temps écoulés, donc, pour ne les avoir pas vus passer? Plusieurs choses. D’abord, obsédante préoccupation qui a elle-seule obvie à toute autre attention éventuellement accordée à la périphérie, les « ennuis » avec mon « lanceur » de club-internet. Bagarre mémorable avec les « fichiers essentiels » qui se refusèrent à apparaître comme ils eussent dû le faire au signal du cliquement approprié. By jove! se fût exclamé cent fois Mortimer dans ma situation — alors que moi, c’était plus intériorisé et nettement moins britannique… pas bon pour le myocarde de se « rentrer » de la sorte. Orça, cela ne valait guère la peine d’ainsi se perturber le mental et ses diverses connexions. L’équipe de la hot-line, par le biais des fiches de problèmes techniques« questions-réponses » m’a finalement sorti d’affaire, avec patience et efficacité, merci monsieur Club-internet, et si j’avais été plus attentif à ma barre d’outils je n’aurais pas non plus perdu par deux fois tout ce temps à recopier un carnet d’adresses électroniques une par une, copier-coller, avant de m’apercevoir que la chose pouvait se faire en une fraction de seconde via la fonction importer. Mais tout ceci n’a rien de passionnant. Au résultat, ce jour, mon lanceur fonctionne — ce qui est formidable c’est que je n’en ai pas réellement besoin, c’est un gadget, en somme, et je peux très bien passer direct par Netscape Communicator, vous m’en direz tant! c’est dingue — c’est une question de principe: de savoir que je devais pouvoir faire fonctionner ce truc et que je n’y parvenais pas m’a turlupiné grave. Bien. Mais c’est fini, je ne suis plus turlupiné. En tous cas pas pour ni par ça. Pour autre chose, certes, oui j’y viens dans un instant.

Sinon qu’ai-je fais, donc? Eh bien j’ai écrit, et ma foi plutôt vaillamment, et de façon satisfaisante. Il faut juste que ça continue. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas réveiller les démons.

Le Théâtre des Opérations

Mon camarade-éditeur Philippe, il y a peu, avant de s’en aller parler de livres dans une ville germanique à l’occasion d’une foire non moins, m’a donné un tuyau pour la subvention de mise en scène de pièces de théâtre. C’est à la:

Direction de la musique de la danse du théâtre et des spectacles, Bureau des écritures et de la recherche, Aide à la création d’œuvres dramatiques 

que ça se passe et qu’il fallait s’adresser. Joindre un certain Stéphane Caron. Deux numbers de phone. Parfait parfait, et en avant! Le premier numéro, sur répondeur en permanence, la voix du monsieur nous invite à appeler une collaboratrice (je suppose) qui elle ne répond jamais et ne dispose même pas de répondeur. Formidable. Il faut écrire, me suggère-t-on, pour obtenir un dossier à remplir. Ce que je fais. Il y a de cela pratiquement un mois. Pas de réponse. Je suppose donc qu’il faut, pour entrer dans le circuit et bénéficier éventuellement d’une attention, faire partie d’un cercle restreint. Mais je suis facilement acerbe, en certaines occasions. Quoi qu’il en soit, tout ceci me gonfle, par moments, royalement.

J’ai quatre pièces de théâtre dans mes tiroirs (dans un seul, en vérité) qui attendent les beaux jours. Sauf que, à la longue, tout ceci… (voir plus haut).

Dictionnaires

Nous sommes allés hier avec mon ami et néanmoins camarade webmaster Bernard Visse, ainsi qu’Éliane, son amie à lui, et le chien ( qui est une chienne surnommée quelquefois « Grosse Dondon », ce qui bien sûr comme tous les surnoms comporte une part d’exagération ) et moi, sommes allés disais-je à Belfort où se tenait l’immense Foire aux Livres bien connue, qui dure un mois, ou quasiment, et qui est une manifestation absolument formidable de vente de livres d’occasion. Il se trouve aussi que des gens qui écrivent des livres viennent parfois les signer, ce qui n’est pas à mon avis le meilleur endroit pour, les acheteurs de vieux bouquins n’étant pas fatalement intéressés par les dernières sorties d’auteurs plus ou moins connus tombés de nulle part, mais ceci est une autre histoire.

J’allais à Belfort pour prendre livraison d’un Larousse du 19eme siècle en 16 volumes, imaginez ma joie, que l’organisateur de la manifestation m’avait dégotté auprès d’un libraire de Meudon, la libraire Marc Sainte-Marie pour ne pas la nommer. Aux renseignements fournis par ledit, le Larousse se présentait en « bon état intérieur, quelques coiffes usagées ». Parfait. Donc, nous prenons livraison. Les livres remplissent deux gros cartons — lourds, cela va de soi, du poids terrible de la culture. Je regarde ce qu’il en est, à quoi cela ressemble, dans le premier carton. Un des volumes a le dos décollé. Bah. Et nous embarquons… Pour le second carton, j’ai vérifié à la maison… pauvre idiot que je suis. En fait de « quelques coiffes usagées » TOUS LES VOLUMES sont dans un état déplorable, dos décollés, pages déchirées, manquantes, froissées. L’arnaque totale. Merci monsieur Marc Sainte-Marie de Meudon. Évidemment je n’achète pas et demain je retourne là-bas et rends le tout. Une journée foutue. Je suis ravi.

J’y pense: Chapitre.com m’a changé sans problème le « Dictionaire françois-latin » de Robert Estienne (Reprint Slatkine) qui m’avait posé problème pour défaut d’impression. Je ne sais plus si je l’avais signalé. C’est fait.

Et pour clore le sujet dictionnaires, par contre, dans le genre arnaque, merci aussi aux Editions Atlas/ SNL — Le Robert pour leur joli coup avec la vente de deux fois le tome 2 que mon libraire n’a jamais pu échanger contre le tome 3 disparu des stocks de l’éditeur. J’ai décidé de demander le remboursement des deux tomes en ma possession, que je vais leur retourner. Pour acquérir ailleurs, je ne sais où, cette même édition complète en 3 tomes. No sé comment les choses vont évoluer.

Fin des dicos.

Dimanche soir

Passé une journée très agréable chez mon pote, avec enfants et petits-enfants – des gens charmants, si vous voulez le savoir.

On a crevé (« on » c’est une roue de la voiture, vous l’aurez compris. Sinon, faites-vous faire un bilan rapido.)

Mousse de thon extra.

Hasta luego

Lundi 8 octobre 2001

22h 10. Quasiment mardi, en somme.

Les ricains bombardent les talibans qui talibanent, à la télé Ardisson consacre une partie de son émission Voici Gala à la vie d’une grande cruche blonde qui a écrit (ha ha) un livre, et moi j’ai ramassé un nouveau rhume au FIG à St-Dié, et si avec tout ça vous ne trouvez pas que le monde est désespérant, eh bien, merde alors, qu’est-ce qu’il vous faut?

Ça fait du bien d’être grossier, tiens, entre deux reniflements.

Bien. Où en étais-je?

Or donc, je suis rentré de St-Dié et du FIG, et c’était très bien parce que j’ai revu des amis et rencontré des gens très sympathiques et en plus plein de talent, comme François Place qui crée des mondes et les dessine de façon absolument formidable, et comme aussi Manolo (Emmanuel) Lezy qui a reçu le Prix Ptolémée pour son livre Guyane, Guyanes (Belin) (et cet hombre-là je vous en reparlerai souvent, sans aucun doute!) et puis encore Michel Quint qui a écrit Effroyables Jardins (Ed. J Losfeld), que je n’avais pas lu, que j’ai acheté sur place et dévoré net, et c’est remarquable de beauté, d’émotion, de je ne sais pas comment dire mais en tous cas merci pour ce livre — et du coup ça me remet vraiment en rogne verte quand je vois et entend toutes ces conneries, ces vraies merdes grand teint, médiatisées à outrance, signées Notomb ou Beigbeder (par exemple) et autres qui nous bouffent le temps et l’attention et l’espace au détriment de tant de vrai talent et de vrais écrivains et de vrais grands et beaux romans — quand j’entends comme l’autre fois encore un pauvre petit bavard riquiqui branché des Inrock affirmer sans rire que Houellbecq est sans nul doute « le plus grand romancier de France », toutes ces hallucinantes déclarations péremptoires balancées à tours de bras dans leurs chroniques et qui pètent, mes enfant, à ce point plus haut que leur cul que la véritable chronique, dans tout ça, est surtout le qualificatif d’une infection irrémédiable et définitive, j’en ai peur, des sinus. Je suis en colère, tiens. Pour ce que ça changera, je sais! mais vous n’allez pas, en plus, m’empêcher d’être en colère, non?

Effroyables Jardins, de Michel Quint, est un putain de grand roman de 63 pages et qui ne coûte que 35 balles, une misère, en plus.

Bon.

Est-ce que je vous ai déjà parlé de Cormac MacCarthy? Il faudra, un jour.

Inspirons: ƒƒƒƒƒƒƒƒ

Je vous présente mon cousoir

Et une presse à main.

Je suis en train de bricoler la presse à lisser. C’est pas que ça calme, mais ça ne m’énerve pas.

Expirons: FFFFFFFFFF

J’avance mal dans ce nom de Dieu de roman (j’ai déjà dit que la grossièreté calmait!). J’angoisse, je dérape, je suis en retard, je ne finirai pas dans les délais, j’ai la trouille, je ne sais plus où je vais, tout se liquéfie, m’échappe, me coule entre les doigts et les pores, me traumatise, me file la rage et le blues et des envies de pleurer dans un coin. Voilà.

J’attends un signe de mon éditeur.

J’attends ceci et j’attends cela. Et cela aussi, tiens (je n’y pensais plus)

Respirons profondément… FFFFFFFFƒƒƒƒƒƒƒƒƒ

A St-Dié, pour fidir, il y a eu un rebas avec l’éguipe orgadisadrice, j’étais assis devant la fedêdre du restau, on b’a debandé si c’était gêdant qu’on l’ouvre (la fenêtre) j’ai dit que don, grand seigneur, et paf dans le courant d’air, c’est là que j’ai rabassé bon rhube. De cerveau.

C’est balin.

Bon. Je vais aller voir si la grande cruche s’est cassée de l’écran.

Hasta luego

Samedi 6 octobre 2001

Ouf. Ce qui n’est pas peu dire…

(C’était notre rubrique « soulagements »)

Accident de Club-Internet

La semaine a été mouvementée — tout est relatif, je sais. Mais quand même. Nous dirons donc: perturbée — la semaine.

C’est arrivé … voyons, que je me souvienne… jeudi. Jeudi, vers 18h. Pour je ne sais quelle raison, probablement urgente, voilà donc que jeudi vers ces heures-là, j’essaie de me connecter à mon courrier électronique, et couic! rien. Plus rien. Plus possible de contacter Monsieur Net. « On » me refuse l’authentification de mon code. Non seulement pour accéder à mon courrier, mais aussi à qui que ce soit et où que ce soit sur le net.

« Merde », me dis-je.

Et ça commence: les affres, les craintes, les supputations, les angoisses. Je suis comme ça. Ne suis sans doute pas le seul, ce qui n’est, sans doute again, pas non plus une excuse. Il faudrait tout connaître et tout savoir, ne pas être dépendant.

Le net et Cie, je ne suis pas totalement ignare, j’arrive à comprendre quand on m’explique, j’ai compris des milliers de fois, déjà, mais l’ennui c’est que trois jours après j’ai oublié, j’ai pensé à autre chose, en un mot ce n’est pas mon souci principal. Sinon quand ça cloche. Là, non seulement C’EST mon souci principal, mais de plus c’est terrible, ça me ronge. Il n’y a pas plus doué que moi pour envisager aussi sec les pires choses et faire les extrapolations les plus fantaisistes. Bref. Ça coince, donc, dans l’authentification. Et ne se solutionne pas au fil de mes manips, jusqu’au soir en tard…

Le lendemain, je m’y (re)mets. Je me (re)mets à quoi? A tapoter ici et là, à me remémorer les trucs et les machins, très énergiquement — nada. Et le temps passe. Je fais sauter des trucs, j’essaie d’en rajouter d’autres. Toujours nada. Je retrouve dans un tiroir un kit d’installation Club-Internet… que je réinstalle, en me disant que, n’est-ce pas, pourquoi pas?

Il ne faut pas faire ça.

Je n’aurais sans doute pas dû. Parce que non seulement ça réinstalle, mais ça me fiche en l’air ce que j’avais avant, qui déconnait, certes, mais c’était là. Ça ne l’est plus. Et mon carnet d’adresses le premier, et mon annuaire de sites idem — ou c’est ailleurs, en cache quelque chose, et il faut que je réinstalle tout ça sur un nouveau carnet. Et aussi les messages prêts à envoyer — pffft! partis, certes, ils le sont, mais où?

Et voilà. Ça dure toute la journée. Je dis bien TOUTE. Je sais, je suis nul. Mais ce n’est pas mon job, non plus, à la fin. Et, je sais aussi, ce n’est toujours pas une excuse. Tout au plus des circonstances atténuantes. En parallèle à ces gymnastiques, TOUTE cette sacrée journée, je tente d’obtenir par téléphone le service clientèle et technique de Club-Internet, de qui je suis donc quand même client depuis toujours. Et qui va me dépanner comme il l’a déjà fait quand j’étais un néophyte facilement démontable — alors que maintenant toujours phyte mais plus néo et carrément indestructible! Et là c’est formidable! Je vous le dis à tous et toutes: la maintenance et le secours chez Monsieur Club, chapeau! Au moins quarante tentatives d’appels, et je dis bien 40, pour tomber sur un répondeur qui me demande à chaque fois un N° de téléphone pour une identification client, et m’annoncer ensuite que les technos sont occupés. Je ne suis pas content. Ça, là, si vous avez besoin dans le genre d’un secours d’urgence…

A quatre heures du mat (je ne plaisante ni n’exagère!) ma nouvelle installation semble refonctionner, mis à part une espèce de lanceur qui vient de je ne sais où dans un coin de ce nouveau kit et déconne, dont je me passais avant, que je mets donc en veilleuse pour le moment.

Je dors mal. Une journée fichue, donc. Une de plus. Déjà que mon bouquin commence (ou recommence) à me donner des angoisses vertigineuses. Je suis évidemment seul au monde avec ce roman à construire et qui me bouffe et qui ricane et qui me pose des questions malignes comme des tumeurs. Mierda. Mais que donc allait-il faire dans cette galère, aussi?

Lendemain matin, réveillé à pas sept heures par les chats!!! Les deux petits, oui, Recto et Verso, qui commencent à être très rigolos, certes, mais qui ne démarrent jamais une journée autrement que par de grandioses exercices de pugilat et de course et de saut en longueur et en hauteur — bientôt à la perche, je sens venir ça! Le tout dans mon lit, donc.

C’était hier

Je me suis levé l’œil vague, c’était hier: j’ai passé la matinée à écrire une belle missive à Monsieur Club-Internet pour qu’il me prenne par la main et révise avec moi ma réinstallation, solutionne cette espèce de connerie de lanceur fou, etc., bref, me vienne en aide.

On va voir. Je vous tiendrai au courant. Je ne les ai pas trop dans mon cœur en ce moment, les Club.

J’ai travaillé au roman toute l’après-midi. Ça venait mal. Y a des jours, vraiment, comme ça.

Du coup…

…ça fait du retard dans le courrier. J’espère que ceux et celles à qui étaient destinés les messages qui ne sont jamais partis ou sont partis je ne sais où liront ceci et comprendront — je ne sais même plus qui, damned.

Renvoyez-moi un mot, que je récupère vos adresses, gens et gentes…

Sinon…

Sinon dans deux ou trois heures je pars pour le FIG, à St-Dié-des-Vosges, où se situe annuellement l’événement. Le FIG est le Festival International de Géographie, une manifestation internationale du livre, moi je vois ça comme ça. Avec des géographes qui la jouent un peu géographes aux écrivains. Je vois ça comme ça aussi. Et puis plein, mais alors plein, de monde.

Si je suis en forme, je vous raconterai. Et l’esprit suffisamment apaisé.

Il y a aussi un Salon gastronomique, en parallèle au littéraire —généralement extra et même formidable. Ça peut me remettre le moral sur pattes.

Champignons

Ça y est: il y a des champignons! Et d’ailleurs je vais m’en préparer une poélée, avant de m’en aller weekenner sous d’autres cieux.

Je sens que les Bocals vont prendre du retard.

Hasta luego

Vendredi 28 septembre 2001

Donc, voilà qui est fait.

Deux jours d’hôpital pour un contrôle des tuyauteries myocardiennes, et de retour en casa quasi flambant neuf. Le séjour m’a permis de me rendre compte que quand on n’a que six chaînes de télé sous la main c’est franchement pas terrible… Sinon c’était sympa.

Arrivé mardi à 15h30 véhiculé sur place par une épouse (la mienne) légèrement inquiète que je rassure avec une rare efficacité — tout dans la dentelle. A la vérité, j’ai horreur de la maladie et de cet état dans lequel elle vous met, non seulement vis à vis de soi-même mais des autres. Cette anormalité. Le monde de l’hôpital est un monde d’anormaux, nous en sommes convenu avec un des cardios en compagnie de qui je réintégrais ma chambre, dans l’ascenseur. Un monde à part. Anormaux les clients-malades, anormaux les soignants qui ne sont en rapport qu’avec des anormaux-malades. Univers clos, frontières temporairement fermées. J’étais la chambre 1218, deuxième étage, « voyez le bureau de l’infirmière tout droit en sortant de l’ascenseur ». Merci madame. Mon épouse, donc, ainsi que mon fils, résidant dans cette bonne ville de Nancy et qui avait justement des choses à faire dans le coin, m’accompagnaient. A peine partis, la chambre prise en possession, les bottes retirées, vous voilà devenu autre chose, cette entité anormale dont je parlais plus haut: un malade. Papiers à remplir – dont une sorte de décharge dans laquelle on reconnaît savoir que la coronarographie comporte certains risques, et qu’on ira pas se plaindre après si ça arrive… Bon. Visite de l’anesthésiste — qui se souvenait m’avoir réceptionné le jour du drame quasiment deux ans plus tôt, le 30 décembre 1999 et avec détails à l’appui! Chapeau. J’ai promis de lui adresser un bouquin — je le lui avais déjà promis la première fois, il s’en souvenait aussi, moi pas… damned. Parlote amicale sur le service, en plus des questions-réponses de routine. C’est vrai que je suis grandement admiratif et reconnaissant aussi à l’endroit du personnel soignant de cette polyclinique d’Essey. Nous évoquons aussi ce mini-scandale dont elle a fait les frais il y a quelques temps (la polyclinique), subissant les accusations d’un (à mon avis) parano grandiose. De quoi hurler de rire tant tout ceci était ridicule et puait les intentions douteuses du plaignant et qui fut largement pris en relais par la presse régionale qui ne fouettait guère, à l’époque, d’autres chats. Bref. Embarqué pour une radio et une écho vers 18h en compagnie de deux autres patients — la réflexion d’un des deux, tandis que nous attendons devant les cabines, est que nous allons « louper la soupe »… Et ça a l’air de vraiment le perturber. Donc, radio. Ensuite, écho. Mon échographie est nickel: plus de traces aucunes du cataclysme. De retour dans la chambre vers 19h. Plateau repas sur la petite table. C’est vrai que la soupe est froide. Première nuit — j’essaie de travailler un peu, je crobarde le plan de ma presse à relier, je tente de jeter les grandes lignes de ce que j’écrirai à mon retour. Difficile. Alors télé. Et puis dodo — plus ou moins.

Et hop, nous voilà le lendemain. Descente prévue à 9h30. C’est à 10 qu’elle s’effectue. Le brancardier a des problèmes. Je me souviens de ma précédente visite: le brancardier (un autre) avait des problèmes, c’était le nouvel an, il était tout seul pour faire le boulot de 27 000 à l’entendre. Celui d’aujourd’hui, c‘est autre chose. Un ascenseur est en panne, ce qui l’oblige à faire un long détour par je ne sais trop où. Dans le civil, Il fait du kayak…

Et hop, au bloc. C’est parti. J’ai toujours trouvé fascinant ce genre d’intervention (la coronaro, l’angioplastie). Vous êtes là, conscient, on vous troue une artère, on vous balance une caméra au bout d’une sorte de fil dans le cœur, vous suivez le trajet de l’appareil et visionnez la chose sur un écran, vous ne souffrez pas, ça dure 10 minutes et quand c’est fini vous êtes sauvé. C’est pas beau?

Donc, cette fois, c’est un contrôle. Et je m’en sors avec les félicitations du jury. En direct. Du docteur qui opère, d’un autre qui passe par-là et qui m’avait opéré la première fois, je suis ravi — c’est la première fois de ma vie que je fais un tel tabac. Salle de réveil ensuite, où une ceinture compressive est posée sur le point d’insertion de la cam. Plus qu’à attendre… C’est bondé et ça bouchonne — ce problème des brancardiers et de l’ascenseur… On cause. On somnole. « Ça va Monsieur? » — « Ça roule… »

Le film des événements:

Avant l’ouverture du rideau et l’entrée en scène des principaux acteurs.

Préparation de l’outil…

Deuxième acte: c’est parti!

Premier travelling – le geste

oups

En salle de réveil (où je ne me réveille pas, n’ayant pas été endormi…)

Ambiance de la salle de réveil: mes camarades de jeu

Une des deux infirmières de l’endroit — qui ne rigole pas, à cet instant précis, mais c’est pour rire

Mon cardio est venu me voir — en compagnie de l’infirmière qui ne rigolait pas il y a un instant mais qui, là, rigole, et ça lui va drôlement bien, je trouve. Non? A mon cardio aussi.

Mystère

Le docteur d’Hotel est le docteur qui m’a opéré. C‘est lui, aussi, qui a pris les photos que je ne pouvais pas prendre en personne. Il faut que nous décidions d’une date pour manger une choucroute hongroise au poulet et paprika. Je dois l’appeler.

Cela dit, la photo numéro cinq est un mystère… Ou une erreur? En tous cas, ça me laisse perplexe.

Les hôpitaux sont des mondes étranges. A part.

Après l’opération

Le plus pénible, c’est finalement les heures suivantes, encore qu’il ne faille rien exagérer et que tout est relatif. Les heures d’immobilité sous compression de la ceinture et la nuit qui suit, avec interdiction de se lever et de plier la jambe. Bon. Pas bien dormi. Surtout à cause d’une saloperie de rhino pharyngite ramassée je ne sais où avant mon entrée en jeu et qui a pris des proportions. L’infirmière de nuit à qui je signale avoir mal au crâne me regarde comme si je lui avais parlé en pakistanais, et puis c’est tout. Les hôpitaux sont des endroits étranges, pas foncièrement désagréables, étranges…

Home sweet home

De retour le lendemain, plein de fièvre et de bonne humeur et de bonnes nouvelles. Dés demain, je me remets au boulot… avec peut-être une petite promenade pour attaquer la journée, tiens. IL fait un temps superbe. Je le savais que l’automne serait chouette. On me dit que le brame du cerf est commencé du côté de Cornimont.

Hasta luego

Lundi 24 septembre 2001

Il y avait des brouillards matinaux… Qui se sont levés, sagement dés qu’ils pressentirent qu’ils ne seraient plus matinaux bien longtemps et afin de ne pas se prendre pour ce qu’ils ne sont pas. Maintenant, soleil. Soleil d’automne, comme je les aime, sur les premières feuilles jaunissantes et une odeur de froid qui persiste en rampant. Voici venir ma saison préférée, à la suite de cette période de jonction mal définie, après l’été, qui vous flanque le blues facilement si vous n’y faites pas attention. Il faut se méfier, en règle générale, de la fin Août et du début septembre.

Vide-grenier hier après midi. J’ai trouvé pile ce que je cherchais: deux tiges filetées avec volant, de quoi équiper les deux presses que j’avais projeté de faire — une presse à lisser, et peut-être un étau, à adjoindre à l’établi en cours. Chouette. Il se pourrait même que dans la foulée je me lance dans la fabrication de papier. Pour la reliure, oui. Ce qu’il faudrait c’est que je gonfle mon forfait quotidien et que je me prenne 37 heures par jour, par exemple. Mais c’est pas donné.

Vidéo – Cinoche

Je ne résiste pas au plaisir de communiquer au monde la chronique qui suit. C’est une chronique concoctée par mon ami Michel Pagel, pour le forum consacré aux nanars qu’il anime. Je ne sais pas si on peut se procurer facile le film dont il est question, je crois que c’est un truc américain en ntsc, une de ces nombreuses merdes dont les boys se nourrissent et nous abreuvent. Quoi qu’il ne soit. Quoi qu’il en soit, l’article de Michel Pagel, guest star de ce bavardage, est à mon avis un petit bonheur. Ou même un grand. Et moi j’aimerais bien en lire plus souvent de ce style dans la presse, ou en entendre à la télé/radio, des critiques de ciné, et même autres. C’est pas Elisabeth Quin.

Or donc accrochons nos ceintures c‘est parti, ça s’appelle: Blood Freak, et c’est Pagel qui parle:

BLOOD FREAK (1971)

réal : Brad Grinter

Scén : Steve Hawkes

Un bureau. Un homme moustachu, qui tente de prendre l’air docte, nous parle : « à tout moment, on est susceptible de rencontrer un catholique. Et qu’est-ce qu’un catholique ? Quelqu’un qui produira des changements, bons ou mauvais. On peut en rencontrer partout. Par exemple sur le bord de l’autoroute… »

Et qu’est-ce que c’est que ces conneries ? s’interroge le spectateur, tandis que le film proprement dit démarre. A ce stade, on se demande, pour peu qu’on en ait quelque chose à faire, si le film est pro ou anti-catholique. La suite nous prouvera vite que la première solution est la bonne. Donc, Richard, un motard joué par le scénariste lui-même, Steve Hawkes, qui a le look d’Elvis Presley et le regard d’un mongolien, vient en aide sur le bord de l’autoroute à une jeune automobiliste en panne, Claire. Elle le ramène chez elle, où sa sœur, Ann, qui ne voit rien venir, reçoit quelques amis — rien que des sales drogués. Car, oui, affrontons la cruelle réalité, si Claire est une jeune femme très comme il faut et très croyante, Ann est une dévergondée qui fume des joints et qui couche avec des hommes. La première, d’ailleurs, ne manque pas de morigéner sa sœur : « Ton corps est le temple de l’esprit saint. Tu ne devrais pas le souiller… »

Là, j’avoue, j’ai craqué et j’ai attendu un ou deux jours avant de me taper la suite. Parce qu’il faut vous dire que toute cette scène est interprétée par des acteurs dont Ed Wood n’aurait pas voulu et tournée par un réalisateur ayant autant de talent que Pierre Chevalier un lendemain de cuite. Max Pécas, à côté, c’est Orson Welles — et je ne plaisante pas ! Toutes les erreurs de narration cinématographiques sont là, c’est presque une joie de les comptabiliser. En outre, la vf a été réalisée par une bande d’individus lisant leur texte et allant parfois jusqu’à bafouiller. Il est possible que ça produise un effet irrésistible entre potes après un pack de bière, mais tout seul et à jeun, c’est assez pénible.

Ce soir, n’écoutant que mon courage, je me remets la cassette. Et voilà-t-y pas que j’ai droit au cours de catéchisme. Ah, que voilà un film édifiant ! Ou zédifiant ! Pendant cinq minutes, Claire explique les voies de Dieu à ses petits camarades. Chouette. Ensuite, elle emmène Richard chez son père, qui possède semble-t-il un élevage de dindons, dans lequel se trouve aussi un labo avec des savants qui font des expériences. Non, me demandez pas. Comme notre motard est un peu paumé, le papa lui propose de travailler à la ferme, et Richard accepte. En parlant de ferme, c’est ainsi que continue de s’emmerder le spectateur, qui se demande s’il ne va pas renoncer, finalement, quand la vision d’Ann en bikini le pousse à continuer un peu son visionnement. Bien lui en prend, car c’est alors que le film décolle.

Figurez-vous qu’Ann la dévergondée a jeté son dévolu sur Richard. Elle le drague honteusement sans succès, puis tente de lui faire fumer un joint. Il refuse, méprisant. Alors, elle trouve l’argument massue : « Je ne pensais pas qu’un homme aussi fort que toi serait un lâche… »

Traduction : « T’es même pas cap ! » Et évidemment, le grand couillon tombe dans le panneau et fume le joint. Je ne sais pas ce qu’il y a dedans, mais ça a pas l’air mauvais, parce que ça se concrétise presque immédiatement par un fou-rire monstrueux, à l’issue duquel a lieu la prévisible partie de jambes en l’air (mais damned ! on voit que dalle). Le lendemain, Richard va bosser à la ferme. Les scientifiques du labo lui proposent de participer à leurs expériences en tant que cobaye : il faut quelqu’un pour manger les volailles sur lesquelles ils expérimentent, afin de vérifier que la viande demeure comestible. Comme il hésite, ils lui proposent de la drogue en plus de son salaire (« Un extra en plus du bonus » déclare finement un des deux). Bon, Richard a fumé un joint la veille, d’accord, mais c’était par bravade ; sinon, depuis le début, il se déclare anti-drogue. Est-il logique qu’il accepte ce marché ? Non, mais par contre « C’est Dans Le Script ». Donc il accepte. Le soir même, après le boulot, paf ! crise de manque ! Comme chacun sait, quand on fume un joint, le lendemain à la même heure, on fait une crise de manque. Toutes les notations concernant les drogues diverses sont d’ailleurs consternantes. « T’as sniffé de l’opium, ou quoi ? » demande un personnage, à un moment. A mon avis, le scénariste se shootait à la colle.

Bref, Richard est accro ! C’est affreux ! On appelle le dealer local, Jim, qui fournit un nouveau joint, et notre héros se sent mieux. Il empoigne l’affreux Jim, lequel a l’air aussi veule que Gainsbourg dans un peplum italien, et qu’est-ce qu’il fait ? Il lui casse la gueule ou il le bute avant d’aller se faire désintoxiquer ? Pas du tout : le vertueux Richard informe le vilain Jim que puisqu’il l’a accroché, il est bon pour le fournir gratuitement, ou que sinon panpan cucul. La psychologie de ce personnage est d’une cohérence rarement atteinte au cinéma.

Et le lendemain, retour à la ferme. Richard se tape une dinde rôtie fournie par ses nouveaux employeurs. Et presque aussitôt, il est pris de convulsions. Les scientifiques, dont on commence à soupçonner qu’ils ne travaillent pas tout à fait dans la légalité (mais ce point ne sera jamais explicité), paniquent et le laissent étendu dans l’enclos de la ferme jusqu’à la nuit. Et lorsqu’il s’éveille, Richard a…

Je profite de cette occasion pour rappeler une règle importante : dans un film de série Z, quand un personnage mange, boit ou absorbe de quelque autre manière une substance liée de près ou de loin à un animal, de deux choses l’une ; a) il conserve forme humaine mais acquiert les pouvoirs de l’animal en question, ce qui lui permet souvent de faire une honorable carrière de super-héros b) il se change en un monstre basé sur l’animal. C’est bien entendu b) qui s’applique ici.

Quand il se réveille, donc, Richard a une tête de poulet. Enfin… de dinde, sans doute, mais on dirait un poulet. Non, d’ailleurs, ce qu’on dirait vraiment, c’est une espèce de casque en carton pâte sur lequel on aurait collé des plumes et un bec en plastique. Mais bon, ça évoquerait plus le poulet que la dinde, quoi…

Premier réflexe de Richard (vous auriez le même, à sa place, je suis sûr) : aller retrouver sa petite copine, Ann. Pour expliquer son aspect quelque peu surprenant, il lui fait lire une note racontant ce qui est arrivé. Réaction de la nana : « Mais enfin, Richard, si tu restes comme ça, que se passera-t-il si nous nous marions? A quoi ressembleront les enfants ? » Et ainsi de suite. Ce passage est authentiquement à pleurer de rire.

Il n’en reste pas moins que non seulement Richard a une tête de poulet, mais qu’en plus, il est en manque. (Eh oui, le joint fatal…)

Ann, un brin affolée quand même, appelle sa sœur et lui demande de passer la voir très vite. Le scénario a dû changer en cours de tournage, parce qu’à la scène d’après, ce sont deux copains qui arrivent : de sales drogués barbus et chevelus. On leur présente le Richard nouveau.

Ils font « ah… » Et puis on ne les reverra plus, c’était juste histoire de passer trois minutes.

Là-dessus, notre héros un brin gallinacé, rendu fou par le besoin de drogue, commence à égorger tous les drogués qu’il rencontre pour boire leur sang. A un moment, une fille témoin d’un des meurtres hurle: elle n’a dû réussir à le faire qu’une seule fois de façon crédible, parce qu’on entend dix fois de suite le même hurlement, au point qu’on dirait une sonnerie d’alarme. Les meurtres sont traités de manière résolument gore, mais gore au sens ou l’entendait Hershell Gordon Lewis : mannequins et peinture rouge. D’ailleurs, quand on sait que dans la version originale Richard se prénomme Herschell, ça donne à penser.

(Hein ?)

Une des victimes du monstre réussit à lui planter un couteau dans la tête, mais ça n’empêche pas le canard d’aller trancher à la scie circulaire la jambe du dealer qui vient d’étrangler Ann après avoir tenté de la violer. Non, cherchez pas de logique dans tout ça, y en a pas. Les personnages entrent dans le scénario et en sortent comme les usagers d’une station de métro.

Bref, enfin, le monstre s’écroule, terrassé. On voit des images d’un poulet décapité. Puis des mains qui déchirent une dinde censée être Richard.

Lequel se réveille.

Ce n’était qu’un rêve.

Merde alors. Arnaque !

Mais le plus beau reste à venir. Bon, Richard n’a pas une tête de poulet, certes, mais il est toujours accro au joint (scusez, j’ai du mal à écrire ça sans rire). Et c’est là qu’arrive Claire, la bible sous le bras, qui déclare : « Prie, Richard ! Demande à Dieu de t’aider dans cette épreuve. Je t’en prie. » Et Richard, obéissant, joint les mains, lève les yeux au ciel, et s’exclame : « Seigneur ! Aide-moi ! » « Je suis sûre qu’il t’aidera ! » affirme Claire.

Sans transition, on se retrouve devant une plage, avec Ann en jolie tenue estivale. Et Richard arrive, fringant, visiblement désintoxiqué. La grâce divine l’a touché. Alleluia ! Les deux amants s’enlacent, s’embrassent, le mot fin s’inscrit sur l’écran, et le spectateur ramasse sa mâchoire inférieure tombée sur le tapis avec un bruit mou.

Ajoutez à cela une bande sonore qui hésite entre le rock psychédélique pompier (si, c’est possible), les bruitages électroniques, et la soupe guitare sèche variétoche, et vous aurez une idée du tableau.

Un tiers « Reefer Madness », un tiers « The Fly », et un énorme tiers « n’importe quoi ». Je rappelle le titre: Blood Freak. Un must!

Fin de la chronique Pagel. Ça incite, non?

Mon conseil personnel sera de voler la cassette si vous la trouvez quelque part, parce que l’acheter, c‘est limite complicité grave au forfait. Cela dit vous faites comme vous voulez…

Sinon rien

Ou plutôt sinon si, quelque chose: je pars pour quelques jours, trois ou quatre, en milieu hospitalier, c’est pas que ça m’enchante, mais c’est comme ça, et cela signifie surtout qu’il n’y aura pas de suivi immédiat à ces bavardages, pour cette semaine. Et peut-être pas de Bocals en début de la prochaine —mais allez savoir… Ah ben oui.

Le mot du jour que me conseil un camarade:

Bergamote

La connerie du jour

Une jeune femme palestinienne a été tuée ce matin par un tireur d’en face. Pardon? C’est l’inverse? C’était pas une palestinienne? C’est une jeune femme israélienne qui a été tuée par… ah bon. Quelle est la différence?

J’invite le monde entier à observer une minute de silence en hommage à la jeune femme qui ne sera donc jamais vieille, victime de la lamentable connerie d’un humain qui se croyait malin et soutenu dans son bon droit par la lamentable connerie de dieu.

Personne n’ira au paradis.

Invitations

J’invite les centaines de milliers d’américains qui désirent tellement donner leur vie pour leur drapeau à le faire, le jour de halloween par exemple, dans un coin de leur garage ou de leur cuisine, sans faire chier personne.

J’invite les quelques centaines de milliers d’islamistes intégristes qui désirent tant donner leur vie à leur Allah à le faire eux-mêmes et en personne, et que les conseilleurs barbus soient aussi un petit coup les payeurs sanglants, dans un coin d’où ils veulent sans emmerder personne, sinon un peu, du coup, leurs frères en fanatisme américains qui n’auront plus d’ennemi de l’América à découdre …

J’invite, quand cela sera fait, les quelques je ne sais pas combien qui ne croient en rien d’incroyable à boire un coup au grand nettoyage et au paradis sur terre, en tous cas aux premiers débroussaillages du chemin.

Et si on ne peut plus rêver, alors dîtes-le clairement.

Moi, je suis fatigué. L’hôpital va me faire un bien fou.

Hasta luego.

Mardi 11 septembre 2001

El mondo está lamentable (de jardin)

Quoi de neuf dans le monde?

Nada.

Il n’y a même pas de champignons, ou alors un par-ci par-là, et encore pas franchement comestible. C’est lamentable. Par contre il y a eu beaucoup de brimbelles, c’est ainsi qu’on appelle ça ici, et aussi de framboises et aussi de mûres. Mais des champignons, gnon. Je le répète: lamentable.

Et s’il n’y avait que cela de lamentable… Parce qu’en ce moment, je trouve que beaucoup de choses et d’événements le sont. Ou alors c’est moi? Ou alors mon humour s’effrite? Tout juste bon à calembourder mollement en ajoutant par exemple « et des moules » après « s’effrite »? Ou alors je ne sais pas. Allez savoir. Mais le fait est. Des gens promettent de m’écrire et ne le font pas, de m’envoyer des choses, des contrats, des sous, et ne le font pas, de m’appeler et ne le font pas, la météo annonce du beau temps et bing! la flotte. Lamentable. Je cherche sur mon carnet de téléphone le number d’un ami dont le nom commence par la lettre D et je le trouve à la lettre C. Les impôts m’adressent un courrier lamentable qui double mes mensualités jusqu’à la fin de l’année, merci bien, sous prétexte d’imposition sur les revenus, alors que lesdits revenus sont repartis depuis longtemps vu qu’ils n’étaient pas revenus depuis plus longtemps encore. J’ai ramassé une tendinite au coude parce que j’ai trop vissé. Du coup, j’ai dévissé pendant un certain temps, rien n’y a fait, sinon que ça s’est aggravé. Je dois faire un saut à l’hosto fin septembre pour une coro de contrôle, ce qui va bien entendu perturber total mon rythme d’écriture pour au moins une semaine. Je regarde l’heure à ma montre, putain, déjà! La-men-ta-ble.

La télé. Aussi. Parce que je suis un regardeur de télé, c’est selon mais ça m’arrive, c’est comme des rituels, des habitudes que je me prends, parfois. Par exemple l’année dernière je regardais le matin le midi et le soir. Matin et midi: Canal plouche (comme dit un copain portuguais) et en soirée RDRG sur Paris Première (comme il dit aussi). Canal plouche le matin, à partir de 7h15 , et pendant quasi une heure si je ne m’abuse, merci docteur, animé par Devoise, le type au crâne rasé, c’était parfait, gai, enlevé, varié, avec les filles du sport et de la culture et des infos, génial ça vous mettait en forme pour la journée, ou quasiment, bref, moi j’aimais bien. Après ça hop j’allais faire un tour en forêt, et c’était parti, je pouvais affronter l’adversité quotidienne. Bon. Maintenant, Canal plouche le matin qu’est-ce? Rien, ou alors des redifs du jeu de la veille au soir, ou alors je ne sais pas, je n’ai regardé que deux ou trois fois, mais en tous cas c’est plus ma bande de potes d’avant.

Ensuite: Canal plouche midi. L’année dernière, c’était Gildas et Anne de Pétrini (oups, je me demande si je n’ai pas écorché l’orthographe de son nom…) qui est bien jolie et qui avait une façon de ponctuer son discours par de brèves apnées fortement sympathiques, je trouve. Et puis aussi Gaccio, et puis aussi les rubriqueurs et queuses qui passaient par-là, q’on avait déjà vu certaines fois le matin, le type qui parlait cuisine, Colombe qui goulûment goûtait tous les plats qui se présentaient, etc. C’était charmant. Avec des sujets, des invités, souvent intéressants. Vivants. Sympa. J’étais ravi, en ce temps-là… Aujourd’hui… seigneur! Gildas encore, mais là n’est pas le drame. Qu’est-ce qu’il fiche là, le pôvre? Parce que voilà: des téléspectateurs appellent au téléphone et soumettent un problème insoluble qui les tracasse grave — bonjour j’ai un enfant de onze ans qui refuse de dormir ailleurs que dans la niche du chien et ça me tracasse grave — et du coup un panel de communs des mortels invités sur le plateau solutionne, conseille, drivés par Gildas et une sorte de dame médecin psy spécialiste de misère humaine, à la rescousse, nous donnons la parole au panel —mais c’est pas grave, moi je m’appelle Michel et je pense qu’il faut provoquer une cassure ferme et par exemple tuer le chien.

Il faut le voir pour s’ébaubir. Télé degré zéro, même TF1 n’aurait pas osé ça. (Un pote me dit: « Canal + a été la petite chaîne qui monte? Maintenant c’est la grosse qui descend. ») La sinistrose absolue, là-dessus et à cette heure si tu as encore faim, bravo. On est très loin de Colombe gourmande.

Quant à la soirée, aïe. Canal plouche a maintenant une speakrine. Il fallait y penser. Par je ne sais quel torsion du destin qui s’y connaît en tours de con, il se pourrait que la vieille dame tombe un jour sur ces lignes, ou qu’on les lui rapporte, et c’est tout simplement la raison pour laquelle je vous parlerai maintenant de RDRG, l’émission de T.A. sur Paris Première.

L’année dernière, je regardais quotidiennement. Ou presque. On ne devrait jamais faire ça. Ou alors ne pas regarder « complètement », mais juste comme en principe on regarde la télé, c’est à dire du coin de l’œil, en faisant autre chose, depuis la pièce d’à côté, en passant par-là. Sinon ça use. Sinon ça gonfle. Ou bien c’est moi (voir plus haut). Mais quand même Begbeider en surdose quotidienne… ainsi qu’en même posologie le bavardage péremptoire et hautain de Tesson, plus les circonvolutions élégamment définitives de la Quin Zabette, plus les bafouillages du Carmouze aux cheveux d’argent… eh bien ça fait lourdingue, à force, aérophagie de la tronche. D’autant que tous quand même, se sont installés confortables dans leur rôles de porte-paroles de la culture et ne se prennent pas, à l’image comme au son, pour, aurait dit mon papa, la moitié d’une merde. Fatigue donc, un poquito. Mais on se dit: ça va se calmer, il y a eu les vacances, etc. On se dit qu’on peut toujours zapper sur le vieux quand vient son tour, on est quand même pas un esclave, d’autant que maintenant sur Canal plouche c’est le Quiz Burger et qu’on a une chance d’échapper à l’autre lamentable quatrième âge de service. Bon. On se dit tout ça pour des nèfles: ça redémarre, la rentrée donc. Ils sont toujours là, plus royalement en forme que jamais. Et voilà même qu’ils invitent des philosophes (parait-il) en renfort venus nous pomper pompeusement avec « l’affaire Houellebeck », adaptée comme il fallait s’y attendre en mauvais remake Rushdie, et décrétée affaire du siècle.

Nous avons décidément les événements et scandales littéraires que nous méritons. A la hauteur de nos vues et à la longueur de nos nez.

Ou bien c’est moi?

Monsieur RDRG (qui n’est pas le matricule d’un robot dans la Guerre des Étoiles), dites-leur de se vidanger le chief un coup, de se boucher les oreilles quand ils parlent, et mutez l’arrogant vieillard dans les coulisses des émissions consacrées aux défilés de mode, backstage comme dit l’autre, par exemple. S’il vous plait.

Monsieur Canal Plouche, rendez-moi Colombe et Anne et Alexandre et le monsieur qui nous parlait des petits déj dans les palaces et des vertus de la courgette en salade et Églantine aussi (mais non pas Églantine en salade: rendez-nous Églantine, aussi!) Merci Monsieur Canal Plouche.

Enfin, voilà.

OOO

Sinon il fait beau en Bretagne, je viens de téléphoner à un ami en vacances là-bas pour lui emprunter sa scie circulaire, et il mange du poisson tous les jours, il a l’air content, il va cueillir des zouitres (comme dit un ami bruxellois) sauvages tous les jours, ça lui fait un bien fou. Rien à foutre de l’affaire du siècle, lui. Comme quoi, au niveau individuel, tout n’est pas perdu.

Personne n’a une scie circulaire à me prêter?

OOO

Et puis je vais à la Fête de l’Huma, ce week end. Ce qui est bien et me réjouit, mais d’un autre côté ça me bouffe trois jours.

Jamais content.C’est alors que j’apprends, comme le monde entier, l’attentat aux avions détournés qui vient de frapper New York et Washington.

Hasta luego.

Mercredi 19 septembre 2001

On se fait niquer quotidiennement

Certains jours, je n’en reviens pas comme le temps passe. On arrive au soir avec l’impression d’avoir été couillonné quelque part. Escroqué. On a payé pour 24h et ils ne nous en ont fournis que 23. Je pense que c’est ça. On est grugés en permanence, si ça se trouve et on met ça sur le compte de, je ne sais pas, une « la perception subjective du temps ». Je t’en foutrai. La subjectivité est une belle arnaque si ça se trouve aussi. Tout n’est qu’arnaque. A commencer par la paranoïa, pour faire passer le tout. Oui oui oui.

Setiembre

Dites-donc: il pleut. A vache qui pisse, dit-on joliment chez nous. Chez les autres aussi? Bon. Donc, il pleut. Ah la vache!

Fais du feu dans la cheminée… (canson)

Je reviens. Je suis parti vendredi dernier – pour la Fête de l’Huma où j’étais sensé signer des livres à une foule en délire d’une part, et puis accomplir deux ou trois autres choses dites professionnelles d’autre part.

Nous avons, mon épouse and me, pris le train. Et sommes arrivés à Paris dans la soirée, vers 22h 30, dans ces eaux-là. Vigie Pirates battait son plein: pas un flic, pas un militaire, nada total, à la gare de l’est, dis-donc. On s’est dit qu’ils arrêtaient sans doute le boulot à 19h, un truc comme ça.

(En règle générale, d’ailleurs, je n’ai jamais vu aussi peu de flics à Paris que pendant ces trois jours, ni dans le métro ni nulle part. D’habitude ils fourmillent. Je me suis dit qu’ils devaient se cacher, ou être déguisés. Vachement bien. D’ailleurs, le lundi à midi, au restau, il y avait deux très vieilles dames à la table voisine dans les 100 ans chacune, qui ne me semblaient guère catholiques. Enfin bref.)

Monsieur Marc

Ce monsieur-là c’est Marc, un des réceptionnistes et gardiens de nuit de l’hôtel Chomel où on descend souvent et où on monte ensuite dans un ascenseur gros comme une boite d’allumettes.

On parle de choses et d’autres, avec Marc. De son chien, souvent.

Fiesta de humanidad

Fête de l’Huma. Beau temps et beaucoup de monde. La preuve.

Sauf que je n’avais pas le bras assez long pour cadrer une plongée sérieuse. Mais bon.

Du monde, donc, et beaucoup. Ambiance. La Fête de l’Huma est le seul endroit où quand on te bouscule on s’excuse et on te sourit ensuite, dans la camaraderie… je ne plaisante pas. Ambiance dis-je. Un peu plombée et grave, vus les événements. A la Courneuve, ça se situe. Le moindre avion qui passe fait lever les têtes. C’est pas la consternation des veaux ni les discours de chauffeurs de taxis. C’est autre chose. Des êtres humains qui pensent. J’ai fait le tour vite fait avant de trouver le « village » du livre. Quelques amigos, dont Guillaume Cherel qui tremble pour son roman tout neuf comme on tremble pour son enfant qui vient de naître, forcément.

Et puis aussi:

Patrick Raynal revenant d’un cassoulet aux fèves (sic).

Et puis voilà. Tout ça pour signer une quinzaine de bouquins en deux jours. L’endroit n’est pas tout à fait celui qu’on croit, pour le livre. Les gens viennent acheter des saucisses d’Ardèche et écouter Manu Chao, Compay Segundo et Patrick Bruel. C’est pas plus mal, au fond.

Les zacotés

Le premier soir, dîner en compagnie de mon agent (e) cinéma et un producteur sympa et ses amis, où ça? au Karaoké Chinatown Belleville!!! Il aurait fallu me trouver d’urgence, c’était sûrement pas là que quelqu’un qui me connaît bien serait venu me chercher en premier, je sais. Eh bien c’était très bien. C’est étonnant, la karaoké, vraie atmosphère chine. En plus, il y avait un mariage, chinois donc, avec une vraie mariée comme dans les films documentaires. Si j’ai chanté? non, pas trop. Mais c’était parfois très émouvant à regarder et à écouter. Le monde. Sous les avions qui passent. Sous les avions, le monde…

J’aurais pu, chanter, cela dit. Ma voisine, entre autres occupants de la table, l’a fait. Elle avait le trac, on ne l’obligeait pas mais elle voulait le faire, elle a bu un tas de whisky pour se donner du courage, ça a marché.

J’ai passé une délicieuse soirée chez mon ami Dionnet (j’aime bien penser « mon ami Dionnet ») et sa jolie Fatima d’épouse. Jean-Pierre a comme projet immédiat de se reposer, ce qui n’est pas bête du tout. Nous en avons par contre un autre, de projet, lui et moi. Je n’en dirai pas plus pour le moment… Ça fait deux ans au moins, déjà, que c’est en cours. Dionnet, Moebius, Pelot. En principe.

Lundi matin (l’empereur, sa femme et le p’tit prince…)

Je suis allé faire une visite rapide et surprise chez RIVAGES. J’adore ça. J’adore, d’ailleurs, me retrouver aux éditions Rivages. Non seulement depuis Le Pacte des Loups, mais avant aussi. Surtout depuis Le Pacte, evidentemente… (qui marche bien, merci). C’est un endroit plein de gens sympas, surtout plusieurs. Je ne parle pas de François Guérif, un jour je le ferai tout exprès et en plusieurs pages parce que la carrure de l’homme l’exige. Je parle par exemple de Doug Headline qui est mon éditeur du Pacte et grâce à qui j’ai écrit ce roman. Salut Doug. D’ailleurs, Doug, c’est lui, sur la photo, là.

Et à côté de Doug, c’est Marie, la dame des droits étrangers — une épée! non seulement tout à fait charmante mais d’une sacrée efficacité! Quant à l’échelle derrière eux, je ne sais pas ce qu’elle fiche là. D’ailleurs c’est plutôt un escabeau.

J’ai croisé très vite dans le couloir Jean-François, le boss, qui courait allez savoir où en perdant des enveloppes de courrier et qui a été surpris de me voir — cet homme commence à m’intriguer délicieusement…

J’ai salué Benoîte aussi qui n’est pas sur la photo mais ce qui ne l’empêche pas d’être née elle aussi un 13 novembre, comme moi, et d’ailleurs il va falloir commencer à y songer sérieusement. Un jour, chez Rivages, au pot de l’éditeur pour fêter les je ne sais plus combien de milliers d’exemplaires du Pacte, j’ai rencontré Chabrol qui m’est tombé dans les bras. C’était bien. A cette époque, l’attachée de presse s’appelait Christine, elle est partie depuis vers d’autres noirs horizons, ne donne plus signe de vie, merci Christine, et je lui avait promis un tour de Grande Roue si le Pacte dépassait les 20 000 ex. J’ai pas tenu ma promesse jusqu’à présent. Sans doute est-ce la cause du silence de la fugueuse… Il faudrait bien aussi que j’en fasse un, de pot, pour le Pacte, tiens. Soit chez Rivages, soit ici chez moi… ils vont tous vouloir chez Rivages, j’en suis sûr.

Denoël

Après quoi je suis allé faire le même genre de visite surprise chez Denoël. C’est aussi plein de gens sympas, notamment plusieurs, particulièrement. On a parlé de mon travail en cours. J’ai le trac. Bon, je l’ai déjà dit. On a parlé aussi de projets de rééditions possibles, une décision doit être prise. Et éventuellement d’une édition des BOCALS. Mais là, j’y crois à peine. Chez Denoël, je veux dire. Ce que je crois, par contre, c’est que ces Bocals finiront par quitter le cadre de ces pages.

Sinon ça va.

Le seul trajet du retour depuis Nancy jusqu’ici a été plus fatiguant que tout le reste: grève !!! à cause d’un contrôleur battu. Jonglerie entre trains absent et remplaçants et taxis, informations contradictoires, etc.

Rentré chez moi tardivement. Les chats dormaient.

Et Mardi,

hop, au boulot derechef (qui fait partie, derechef, des mots que j’aime bien — j’en ai découvert un autre, hier soir: guerpir dans le « Dictionnaire françoislatin de Robert Estienne (1549) » — je te vais te lui trouver emploi pas plus tard que tout à l’heure, à lui, sans problème.

Comme vache qui pisse est une expression faible. Le troupeau vient de s’y mettre avec enthousiasme, là.

Post scriptum

Connaissez-vous le magazine Côté Est ? El ejemplar de septembre est consacré aux Vosges et c’est pourquoi on m’a demandé d’en écrire l’édito. Eh bien cet ejemplar est tout simplement superbe. Comme les autres, certes, sinon plus. Fichtre!

Post scriptum (bis)

Pourquoi tant d’hispanoladeries, me direz-vous, émaillant ce texte? Et pourquoi pas, vous répondrai-je avec fermeté.

Hasta luego

Samedi 8 septembre 2001

C’est un vrai temps de samedi. Presque d’automne aussi. Vent et vent et grisaille et probablement pluie aussi. Je n’ai pas fait de balade de toute la semaine, ça manque, mais je n’ai pas eu le temps.

Pfff.

Nous en avons donc parlé, déjà: l’été s’achève, ou c’est tout comme. Période de blues, une légère couche, mais c’est normal, un effet de saison, tout va repartir comme en 40, j’adore cette expression. Je crois que j’ai trouvé le moyen de me faire un établi pour la reliure dans un vieux support (je ne vois pas comment appeler ça autrement) de bar que je voulais installer chez moi depuis trente ans. Ça devrait pouvoir. J’ai besoin de deux planches rabotées. Pour bricoler une caisse de récupération sous le meuble et des rallonges aux pattes, évidemment ça ne vous dit rien. Je suppose que si j’en avais les moyens j’achèterais rubis sur l’ongle (j’adore aussi cette expression-là) tout ce matos. Je suppose, mais je n’en suis pas sûr. Il y a une certaine forme de plaisir à faire, à sa manière et avec les moyens du bord, au plus strict, et à aboutir à un résultat honnêtement correct. Par exemple mon cousoir. Terminé. J’attaque une presse. Il faut que je trouve une vis, métallique ou en bois.

Télévision & Cie

Il y a un certain temps déjà, mon agent, au demeurant jeune femme fort sympathique et qui me fait souvent rire, me dit: « Dis-donc, au fait… » et elle m’annonce qu’un réalisateur qui est aussi son client (est-ce ainsi que nous nous nommons?) a un sujet en projet, éventuellement destiné à Claude Piéplu, qui est aussi son client, de mon agent, et que des producteurs, en tous cas un, me dit donc mon agent, lirait bien un petit synopsis plus fourni d’après les deux pages écrites par ce réalisateur, il faudrait que vous vous rencontriez. Oui, dis-je, et voilà donc que nous nous rencontrons, à la maison, la mienne, que nous passons deux jours fort agréables, l’homme étant plus que sympathique, de surcroît nous nous découvrons vraiment sur la même longueur d’onde, bref: de cette rencontre il ressort pour monsieur le producteur un joli synopsis étoffé…

Ça doit quand même faire quatre mois, ou pas loin. En quatre mois, le producteur qui était « même » prêt à nous payer pour notre travail n’a toujours pas lu ces quatre pages, et ne le fera sans doute jamais, trop booké qu’il est mon coco, et voilà.

Et c’est éternellement comme ça.

Et c’est assez fatiguant, à la longue.

Vous ai-je dit que j’avais dans mes tiroirs quatre pièces de théâtre prêtes à être jouées, certaines l’ont été, d’autres ont failli l’être, ont fait l’objet de lectures formidables, une devait être mise en scène par mon camarade Daniel Prévôt et réunissait un casting de rêve (Zabou, Tom Novembre, Isabelle Nanty, Jean-Pierre Daroussin) et nous avions à portée de main le théâtre aussi, la production … et puis…  et puis c’est comme si des journées d’automne pouvaient vous tomber dessus en plein mois de juillet… c’est une profession, si c’en est une, dans laquelle, ma bonne dame, y a plus de saison…

Un jour, j’irai cueillir des fraises en décembre, ça ne va pas faire un pli. Mais ce sera sur une autre planète.

Ou alors je m’énerverai un grand coup, mais c’est pas bon pour ce que j’ai.

La plupart du temps, je rêve que je peux faire ce que je veux.

Allez, un coup de chats!

Ça pousse, hein?

Pip et Pop, donc…